L’étoile des bergères, documentaire réalisé par la Grenobloise Anne Benoit-Janin et l’association Com&Sens, sera présenté en octobre au Festival du film Pastoralismes et grands espaces des Adrets. Ce film, tourné en partie par les bergères elles-mêmes, dévoile leur quotidien et leur vision du métier.
Béatrice, Leïla, Marie, Christelle, Delphine et Cécile. Ces six femmes sont les héroïnes du documentaire L’étoile des bergères, réalisé par Anne Benoit-Janin et l’association Com&Sens.
Aussi différentes les unes que les autres de par leurs personnalités et leurs histoires, ces femmes ont toutes un point commun : ce sont des bergères. Un métier, jusque-là considéré comme masculin et donc réservé aux hommes, mais qui a tendance à se féminiser, même s’il est difficile de recueillir des chiffres précis en la matière.
Comment ces bergères vivent et voient-elles leur métier ? Comment le pratiquent-elles ? Autant de questions auxquelles tente de répondre ce film. Un projet original qui, pour la petite histoire, est partie d’une discussion entre la réalisatrice et sa sœur, une ancienne bergère devenue éleveuse à La Mure. « C’est par elle que m’est venue l’idée de faire ce documentaire. J’ai toujours été fascinée par ce métier » explique la réalisatrice, qui rappelle aussi que « les femmes vivant en milieu rural ont été les premières à initier des démarches de valorisation de la nature ».
Un film sur et avec les bergères
Quoi de plus naturel donc que de faire participer ces femmes ? Celles-ci ont ainsi filmé une partie des images avec une caméra embarquée et participé au montage final.
Ces six bergères nous laissent partager leur quotidien. « C’est un film avec elles et pas seulement sur elles » précise Anne Benoit-Janin. Ces bergères ont toutes des parcours différents mais des valeurs communes. Et c’est ce qui les rapproche. « Elles ont un espace de liberté énorme et font leur travail comme elles l’entendent. Elles sont les seuls maîtres à bord » explique la réalisatrice.
Un métier en pleine évolution
Au-delà du quotidien, ce documentaire montre un métier de berger en pleine évolution, avec sa féminisation. Attraper et retourner une brebis qui pèse en moyenne soixante-dix kilos est par exemple plus difficile pour elles que pour les hommes, mais ces bergères trouvent des solutions, des astuces. Leur manière de travailler, laissant davantage place à la sensibilité, font ainsi progresser la profession.
Le métier n’en demeure pas moins très précaire. « Ces femmes ne sont ni saisonnières ni intermittentes. Quand elles quittent leur métier lors de la montée dans les alpages, elles ne savent pas si elles retrouveront leur emploi au bout de ces quatre à six mois ». Un syndicat des gardiens de troupeaux de l’Isère, premier syndicat indépendant de bergers, a d’ailleurs été créé en mai dernier. Sa vocation : négocier un « statut du berger d’alpage salarié » avec les organisations patronales du secteur.
Maïlys Medjadj
« L’étoile des bergères » sera présenté le 8 octobre prochain lors d’une séance organisée à 20 h 30 à la salle Olivier Messiaen à Grenoble. D’autres projections sont prévues le 16 octobre dans le cadre du Festival du film Pastoralismes et grands espaces des Adrets et le même-jour à partir de 18 h 30 à Mon Ciné à Saint-Martin‑d’Hères. Une collecte a par ailleurs été lancée sur la plateforme KissKissBankBank pour permettre aux bergères de participer à la tournée promotionnelle.