CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 79 du lundi 25 mars 2024, retour sur les opérations de sécurité… et de communication menées par la préfecture de l’Isère.
« Aujourd’hui nous allons parler de sécurité… et de communication. Il a beaucoup été question de l’opération « Place nette » qui s’est déroulée contre les dealers de Marseille la semaine dernière, et dont le président de la République en personne a fait la promotion sur place.
Mais l’Isère aussi a eu droit à son opération Place nette. En l’occurrence à Échirolles à partir du mardi 14 mars, avec un déploiement de nombreux policiers, notamment autour de l’immeuble Le Carrare, particulièrement touché par la présence des trafiquants.
Grenoble, aussi, est évidemment concernée. Le préfet de l’Isère a sorti les crocs et les muscles mercredi dernier place Saint-Bruno, alors qu’une nouvelle fusillade avait eu lieu dans le quartier deux jours auparavant. Accompagné d’une cinquantaine de policiers et de CRS, Louis Laugier a effectué une visite sur la place, pour décrire une situation de violence « enkystée ». Tout en précisant que les choses s’étaient améliorées.
Des opérations de sécurité (et des exclusivités pour un seul média)
Deux jours plus tard, vendredi 22 mars, Grenoble a même eu droit à la venue surprise de Gérald Darmanin. Présent dans le Rhône, le ministre de l’Intérieur a fait un détour pour se rendre à l’Hôtel de police de Grenoble, et pour annoncer un nouveau renforcement des effectifs policiers.
Le ministre a par ailleurs profité de son escapade grenobloise pour critiquer le « discours récréatif dépénalisant » sur les drogues. Le propos visait les consommateurs, qui contribuent aux trafics, mais semblait également s’adresser au maire de Grenoble. Rappelons en effet qu’Éric Piolle appelle depuis des années à la légalisation du cannabis.
La communication est donc bien présente. On peut même dire que les services de l’État ont un sens certain de la com… et ce de manière ciblée. Seul le Dauphiné libéré a été informé de l’opération Place nette d’Échirolles. Aucun autre média n’a été mis dans la confidence.
Bien sûr, on imagine mal une dizaine de journalistes embarqués dans ce genre d’actions. Mais par le passé, dans des situations similaires, la préfecture informait et invitait tout de même plusieurs médias, dont Place Gre’net.
La démocratie présuppose la pluralité de l’information
Évidemment, nous nous sommes émus, comme d’autres rédactions, de cette exclusivité réservée au Dauphiné libéré. Qui n’est pas en cause, il est important de le préciser.
Une émotion qui n’a visiblement pas eu beaucoup d’effet, puisqu’une fois encore, seul le quotidien régional a été informé par la préfecture de la venue surprise de Gérald Darmanin. Certes, France Bleu était également présent, mais après avoir eu vent de la visite par des voies non officielles.
De telles exclusivités posent forcément question dans une démocratie, car le choix éclairé d’un citoyen dans les urnes passe, entre autres, par la pluralité de l’information. De plus, tout cela s’inscrit dans un climat qui questionne, alors que le directeur de La Provence a écopé d’une mise à pied pour une Une jugée déplaisante par des proches du pouvoir, quand bien même elle ne posait aucun problème éditorial ou déontologique.
Enfin, il semble évident que la lutte pour la sécurité des citoyens ne peut se faire sans leur confiance. Et que cette confiance peut difficilement s’obtenir sans faire acte d’un minimum de transparence. »
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 79 dans sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
Chaque lundi midi, retrouvez la chronique L’Écho des médias sur RCF Isère (103.7 FM à Grenoble) en partenariat avec Place Gre’net. (Cliquer sur l’image pour accéder à toutes les chroniques.)