FOCUS – Après une ouver­ture anti­ci­pée le week-end pré­cé­dent, la sta­tion d’Autrans-Méaudre lance offi­ciel­le­ment sa sai­son, samedi 23 décembre 2023. Avec une épée de Damoclès au-des­sus de la tête. Plombée par le manque de neige lors de l’hi­ver 2022 – 2023, la sta­tion du Vercors, dans le viseur de la pré­fec­ture et de la Chambre régio­nale des comptes, est mena­cée de fer­me­ture. Devant l’é­norme défi­cit de la régie des remon­tées méca­niques, la com­mune a donc tenté « un pari » en votant, jeudi 14 décembre, des aides de 600 000 euros. Une héré­sie pour l’op­po­si­tion, qui accuse la mai­rie de tout miser sur le tou­risme et le ski alpin, un modèle, selon elle, obso­lète face au chan­ge­ment climatique.

Hubert Arnaud scrute le ciel et les pré­vi­sions météo avec atten­tion. « Jusqu’à dimanche der­nier, on était super confiants mais aujourd’­hui, il y a de la bruine et un redoux. On a besoin de froid, on espère que ça va arri­ver. » À la veille de l’ou­ver­ture offi­cielle, samedi 23 décembre 2023, de la sai­son, le maire d’Autrans-Méaudre (LR) ne peut dis­si­mu­ler une cer­taine anxiété. Il le sait, la com­mune du Vercors tente « un pari » et joue gros… Ni plus ni moins que la sur­vie de la station.

La sta­tion d’Autrans-Méaudre lance offi­ciel­le­ment sa sai­son samedi 23 décembre 2023, mal­gré de grosses dif­fi­cul­tés finan­cières et de lourdes menaces de fer­me­ture. @ Autrans Méaudre Tourisme / Facebook

C’est en effet qua­si­ment le seul point sur lequel se rejoignent aujourd’­hui majo­rité et oppo­si­tion, par­ti­sans du déve­lop­pe­ment tou­ris­tique et adeptes d’un modèle alter­na­tif : la sta­tion d’Autrans-Méaudre connaît d’é­normes dif­fi­cul­tés finan­cières mena­çant à court terme sa péren­nité. Et cette sai­son – dont le lan­ce­ment était encore loin d’être acquis il y a quelques mois – pour­rait bien être la dernière.

Un défi­cit de 755 000 euros pour la régie des remon­tées mécaniques

En 2016, la Chambre régio­nale des comptes (CRC) lan­çait déjà un aver­tis­se­ment dans un rap­port consa­cré à Autrans : « Il n’est plus rai­son­nable d’ef­fec­tuer des inves­tis­se­ments sur ce domaine, la limite du modèle éco­no­mique étant atteinte. » La com­mune a néan­moins pour­suivi et investi plus d’1 mil­lion d’eu­ros tan­dis que le défi­cit de la régie des remon­tées méca­niques, récur­rent depuis 2015, conti­nuait à se creu­ser, jus­qu’à atteindre 755 000 euros en 2023.

Le résul­tat notam­ment d’une sai­son 2022 – 2023 désas­treuse, consé­quence du manque de neige et de la baisse de fré­quen­ta­tion en décou­lant sur les pistes. Ce défi­cit a alors alerté la pré­fec­ture, qui devait ensuite sai­sir la CRC. Mais le pré­fet ayant « trop tardé », selon le maire, « la sai­sine n’é­tait pas rece­vable ». Les magis­trats finan­ciers ont donc « étu­dié à titre offi­cieux » la situa­tion : « Ils auraient pré­co­nisé la fer­me­ture pure et simple de la sta­tion », recon­naît Hubert Arnaud.

La com­mune a sol­li­cité une aide de l’État

La com­mune d’Autrans-Méaudre a ainsi obtenu un « sur­sis », mais avec tou­jours cette épée de Damoclès au-des­sus de la tête et cette néces­sité de pré­sen­ter un bud­get à l’é­qui­libre à la fin 2023. Faute de quoi, la sta­tion ris­quait la mise sous tutelle et la fer­me­ture. « On a sol­li­cité l’État via la Direction géné­rale des col­lec­ti­vi­tés locales (DGCL) pour une aide ponc­tuelle », raconte l’é­dile. « On n’a tou­jours pas la réponse qu’on attend, en prin­cipe, d’ici la fin décembre. »