DÉCRYPTAGE – Si les grandes stations des Alpes ferment tout juste, celles de moyenne montagne ont jeté précocement l’éponge les unes après les autres, faute de neige. En cause, un hiver avec peu de chutes de neige et, surtout, particulièrement doux. Cette situation interroge sur le futur des sports d’hiver dans les stations iséroises. D’autant que ces derniers nécessitent, même quand les températures sont basses, un recours croissant à la neige de culture et donc à la ressource en eau, de plus en plus incertaine.
Le Collet d’Allevard, Autrans-Méaudre, Gresse-en-Vercors, L’Alpe du Grand Serre ou encore Villard-de-Lans – Corrençon-en-Vercors… La plupart des domaines skiables isérois de moyenne montagne ont connu une saison hachée et raccourcie, tout comme leurs homologues, en Savoie et dans les Pyrénées. Et ce en dépit de leur recours massif à la neige de culture.
Fin décembre 2022, 50 % des pistes françaises étaient ainsi fermées, faute de neige, selon Domaines skiables de France. En cause, de faibles chutes de neige. Mais surtout des températures bien trop élevées – avec notamment des pics à 15 ou 16 °C fin décembre – pour en produire grâce aux enneigeurs, les fameux “canons à neige”. Dès lors, l’avenir des stations de ski interroge.
« La ressource en eau est l’une des principales contraintes pour les exploitants »
La quasi-totalité des stations de ski françaises dépendent désormais de la neige artificielle. Une aide qui permet, quand il fait suffisamment froid, de pallier la variabilité de l’enneigement d’une année sur l’autre. D’autant que les précipitations naturelles ont tendance à diminuer, souligne Hugues François, chercheur à l’Inrae1Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et spécialiste de l’économie des stations de sports d’hiver.
Un enneigeur à Lans-en-Vercors. © Corentin Libert – Place Gre’net
Loin de remettre en question ce modèle, encore mis à mal par la hausse du coût de l’énergie, la plupart des stations continuent d’investir dans l’enneigement artificiel. Même les plus petites. Comme la commune de Gresse-en-Vercors, qui a décidé en 2021 d’investir dans neuf canons à neige supplémentaires, suite à un référendum local. Ainsi, les stations de sports d’hiver ont-elles besoin de plus en plus d’eau pour produire de la neige de culture.
Un « gros sujet » pour Carlo Carmagnola, spécialiste des questions de neige dans les domaines skiables au Centre d’études de la neige de Météo-France. Les stations ont ainsi besoin de plus de 30 millions de mètres cubes d’eau chaque hiver. Et « on va de plus en plus dans ce sens-là », prévient le scientifique. Ce, même si ce volume reste très inférieur à celui dévolu à l’agriculture ou aux piscines individuelles.
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