FOCUS – Le conseil municipal de Grenoble n’est pas allé à son terme dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 novembre 2023, interrompu vers 1 heure du matin, faute de quorum, à la suite du départ de plusieurs élus d’opposition. Ceux-ci dénonçaient notamment les « horaires délirants » et les méthodes de la majorité. La séance se terminera donc lundi 20 novembre.
[Article publié le 14 novembre 2023 à 12 h 49 et mis à jour le 16 novembre 2023 à 17 h 20 avec ajout encadré] Ce fut l’ultime coup de théâtre d’une séance riche en rebondissements et en passes d’armes entre la majorité et les groupes d’opposition. Débuté vers 15 heures, lundi 13 novembre 2023, le conseil municipal de Grenoble a été interrompu avant son terme. Faute de quorum – après le départ de plusieurs élus d’opposition -, la séance a en effet pris fin au milieu de la nuit, peu avant 1 heure du matin, alors qu’il restait encore une trentaine de délibérations à l’ordre du jour.
Faute de quorum, le conseil municipal a été interrompu avant son terme, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2023, après neuf à dix heures de débats. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Le groupe Nouveau regard, d’Émilie Chalas et Delphine Bense, réagit à ce nouvel épisode inattendu, dans un long communiqué publié mardi 14 novembre. « Face aux interminables conseils municipaux durant parfois onze ou douze heures comme en mars et mai derniers et se terminant donc régulièrement au petit matin, les oppositions demandent régulièrement au maire une réorganisation des conseils municipaux », rappelle-t-il.
Commencer plus tôt ou ajouter des conseils municipaux
La proposition alternative serait de démarrer la séance à 10 ou 13 heures – au lieu de 15 heures – ou d’ajouter des conseils municipaux, dont le nombre a été réduit à sept par an. Pourtant, malgré les nombreuses demandes en ce sens, « le maire répond systématiquement étudier la question mais aucune réponse concrète n’a été apportée aux oppositions », déplore Émilie Chalas.
En début de conseil municipal, cette dernière a d’ailleurs regretté que les questions orales des oppositions soient reléguées en fin de séance, « au milieu de la nuit, quand la presse n’est plus là ». Autre demande des groupes d’opposition : obtenir les documents « en temps et en heure avant le conseil municipal, afin de pouvoir assurer un travail de qualité sur les délibérations », précise Nouveau regard.
Emilie Chalas, élue du groupe Nouveau regard, est intervenue à plusieurs reprises pour pointer les horaires des débats et de la pause repas. © Agathe Bréchemier – Place Gre’net
Un constat qui s’est encore vérifié lundi 13 novembre. Plusieurs conseillers ont ainsi protesté contre la livraison tardive du rapport sur le développement durable, « mis à disposition des élus vendredi 10 novembre à 17 h 30″, s’insurge le groupe. Sans oublier un autre document relatif cette fois au budget, « communiqué lundi à midi, trois heures avant le conseil municipal ».
Le maire a « botté en touche » sur les horaires du conseil, finalement interrompu
Éric Piolle a certes accédé à la demande d’Émilie Chalas concernant les « horaires indus » de la pause repas, prévue initialement à 21 h 45 et finalement effectuée à 21 heures. En revanche, le maire a « une nouvelle fois botté en touche sur la question d’avancer le début du conseil municipal au matin, comme c’est le cas par exemple à la Métropole », déplore l’élue Nouveau Regard.
Selon elle, « les élus de la majorité semblent trouver eux aussi qu’il n’est pas raisonnable de terminer les conseils municipaux aussi tard ». En effet, « dès 23 heures, ils n’étaient plus que 28 sur 37 à être présents ». Un nombre insuffisant pour assurer le quorum en cas de départ des conseillers municipaux de l’opposition.
« Face aux refus constants de la majorité de la laisser travailler dans de bonnes conditions, tant en termes d’accès aux documents que d’horaires des séances », l’opposition a donc quitté le conseil municipal vers 1 heure du matin, indique Émilie Chalas.
Un départ lié à une délibération houleuse sur le marché de Noël
C’est une délibération houleuse sur le marché de Noël qui a mis le feu aux poudres. Maxence Alloto (GDES, opposition de gauche) et Alain Carignon (groupe d’opposition Société civile, divers droite et centre) ont alors demandé la suspension de séance, ce dernier annonçant ensuite que son groupe quittait le conseil municipal. Tous les autres groupes ayant pris la même position, le quorum n’était plus atteint du fait des absences dans la majorité.
Plusieurs élus de la majorité avaient quitté la séance au cours de la nuit, imités ensuite par les élus de l’opposition. C’est pourquoi le conseil municipal a dû être interrompu. © Manuel Pavard – Place Gre’net
« Le départ de notre groupe ne visait pas à faire du nombrilisme d’élus à propos des horaires du conseil, mais à marquer une indignation et un profond désaccord vis-à-vis du traitement réservé au commerçant exclu du marché de noël, qui a attendu minuit et que le maire n’a pas daigné laisser s’exprimer ni même entendre ou faire entendre par un adjoint », précise le groupe SCDDC, mardi 14 novembre.
« Les élus de l’opposition seraient-ils des sous-citoyens ? »
« Rareté des conseils, horaires délirants, absence des élus de la majorité, problème de transmission de documents, relégation des questions orales en fin de conseil municipal… Les élus de l’opposition seraient-ils des sous-citoyens ? », conclut Nouveau regard, dans son communiqué.
Après cette interruption, au terme de près de dix heures de débats très animés, le conseil municipal sera donc reconvoqué pour examiner la trentaine de délibérations encore au menu. La date a été confirmée, jeudi 16 novembre, par la Ville de Grenoble : la dernière partie de la séance se déroulera lundi 20 novembre, à partir de 8 heures.
L’élue d’opposition Anne Roche exprime son « ras-le-bol »
Elle siège de nouveau en tant que non-inscrite depuis la mi-juillet 2023. Ancienne élue sur la liste SCDDC d’Alain Carignon, qu’elle avait quittée en octobre 2020, Anne Roche avait rallié le groupe Nouveau regard d’Émilie Chalas début juillet 2023, avant d’en être exclue moins d’une semaine plus tard, en raison de sa brève adhésion passée à Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. Son poids au conseil municipal est donc limité, comme elle le reconnaît : « Une voix compte peu. »
Exprimant son « ras-le-bol », dans un communiqué diffusé jeudi 16 novembre 2023, l’élue d’opposition rappelle en effet qu’elle s’insurge depuis des mois « contre la relégation des questions orales en fin de conseil, justifiée par la majorité par la longueur de celles portées par SCDDC ». Mais sa « proposition de limiter le nombre de caractères pour ne pas digresser » lui avait valu initialement une « fin de non-recevoir ».
« Rejointe par [ses] collègues », Anne Roche constate cependant que le sujet est devenu « plus suivi. Il en est de même pour le début de conseil à 15 heures, que je demande également de démarrer à 9 heures pour ne pas terminer à 4 heures du matin », ajoute-t-elle. Car « les lendemain sont rudes ».
La conseillère municipale tacle la majorité qui « s’en moque », ses élus ayant, selon elle, des « indemnités suffisantes pour régler leurs factures ». Et de poursuivre : « Les retraités n’ont visiblement que ça à faire et se donnent de l’importance à faire traîner en prenant la parole pour refaire l’histoire à chaque conseil, espérant ainsi avoir le monopole de la presse. »
Anne Roche conclut alors : « Ras-le-bol de cette dictature de bâillonnement par les horaires ; ras-le-bol de ce manque de respect de nos obligations salariales ; ras-le-bol des excuses bidons ! »
2 réflexions sur « Grenoble : le conseil municipal, interrompu avant son terme après le départ des élus d’opposition, se terminera lundi 20 novembre 2023 »
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