EN BREF – Le tribunal administratif de Marseille a rejeté, jeudi 5 octobre 2023, le référé liberté déposé, le 20 septembre, par plusieurs associations de protection de l’environnement, qui demandaient la suspension des travaux du troisième tronçon du téléphérique de La Grave (Hautes-Alpes). Un recours justifié, selon elles, par la présence sur le glacier de la Girose d’une plante protégée, l’Androsace du Dauphiné. Les opposants restent néanmoins mobilisés, avec une nouvelle action annoncée, dimanche 8 octobre, sur le plateau d’Emparis.
Après le rejet de leur précédente requête en référé suspension, le 27 juin 2023, c’est une nouvelle décision décevante, ou plutôt un contretemps, pour les opposants au projet de troisième tronçon du téléphérique de La Grave (Hautes-Alpes). Le tribunal administratif de Marseille a en effet rejeté, jeudi 5 octobre, le référé liberté déposé le 20 septembre par plusieurs associations de protection de l’environnement : Mountain Wilderness, La Grave autrement, la Société alpine de protection de la nature – France nature environnement (FNE) 05, FNE AuRA et Biodiversité sous nos pieds.
Celles-ci demandaient au juge des référés d’ordonner « la suspension de l’exécution des travaux réalisés par la Société d’aménagement touristique de La Grave » (SATG). La condition d’urgence était, selon elles, remplie en raison des « passages d’engins de chantier » et de « l’installation d’une base de vie », des éléments attestant du « début du lancement de la phase de préparation des travaux ».
L’Androsace du Dauphiné « menacée par les travaux en cours sur le glacier »
Motif du recours ? « La protection de l’Androsace du Dauphiné, plante protégée, menacée par les travaux en cours sur le glacier de la Girose », expliquent les associations. La présence de cette espèce rare sur le site, à 3 300 mètres d’altitude, a été révélée récemment par l’Office français de la biodiversité (OFB) et le laboratoire d’écologie alpine du CNRS (Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont-Blanc).
Les opposants dénoncent en outre à ce sujet le « silence assourdissant » du préfet. Car ce dernier n’a pas répondu à leur demande de « conditionner le démarrage des travaux à l’octroi d’une dérogation pour destruction d’espèces protégées ». D’où cette requête au tribunal « d’enjoindre au préfet des Hautes-Alpes de mettre en demeure la SATG » de déposer cette demande de dérogation.
Pour le juge des référés, « il n’y pas lieu de prendre à très bref délai de mesures de sauvegarde nécessaires à la protection de l’espèce en cause, telles que l’interruption de travaux ».
Mais dans son ordonnance du 5 octobre ; le tribunal administratif de Marseille estime « qu’il n’y pas lieu de prendre à très bref délai de mesures de sauvegarde nécessaires à la protection de l’espèce en cause, telles que l’interruption de travaux ». Idem pour la réclamation concernant le préfet.
Une décision prise par le juge des référés « eu égard à l’état d’avancement des installations préparatoires, (…) aux conditions climatiques sur l’éperon rocheux situé à plus de 3 300 mètres d’altitude sur le glacier de La Girose conduisant nécessairement à l’interruption de tout travail dans les jours prochains jusqu’au printemps 2024 et à la mise en œuvre d’ores et déjà réalisée de dispositifs destinés à prévenir toute destruction, coupe, arrachage, cueillette et enlèvement de l’espèce protégée ».
Une action autour du lac Lérié, sur le plateau d’Emparis
Malgré le rejet du recours en référé liberté, les opposants au projet ne désarment pas, misant notamment sur le jugement au fond, prévu en 2024. En attendant, ils appellent à une forte mobilisation, dimanche 8 octobre, au cœur du massif des Écrins. Rendez-vous à 13 heures autour du lac Lérié, sur le plateau d’Emparis, face à La Meije.
Une action destinée à « alerter sur les impacts irrémédiables de la construction d’un troisième tronçon de téléphérique au cœur de cet écosystème exceptionnel de haute montagne », indiquent les associations. À cette occasion, elles « appelleront le gouvernement à stopper les travaux » afin de « protéger, partout, les glaciers et la biodiversité alpine ».