EN BREF – Alors que Chamrousse vante l’ouverture prochaine de son « Adrenaline Park » et sa « plus grande tyrolienne du monde », le vice-président de Mountain Wilderness Frédi Meignan s’interroge sur le modèle économique et touristique que présuppose l’installation. Face à ce qu’il considère comme une « fuite en avant », le militant plaide pour une autre approche du tourisme et de la pratique de la montagne.
« La plus grande tyrolienne à pylônes du monde. » Telle est la promesse de la station de montagne de Chamrousse, qui annonce l’ouverture de son « Adrenaline Park » le 17 juin 2023. Soit une tyrolienne affichant « une longueur de près de 2 kilomètres et un dénivelé d’environ 550 mètres », qui « offre aux amateurs de sensations fortes la possibilité de survoler une bonne partie du domaine de montagne en été et du domaine skiable en hiver », avec une vitesse de pointe pouvant atteindre les 80 km/h.
La station de Chamrousse annonce l’ouverture de son Adrenaline Park et de sa « plus grande tyrolienne du monde », le 17 juin 2023. © Chamrousse – Facebook
« Cette initiative vise à proposer une activité complémentaire au ski en hiver et à offrir une nouvelle expérience en été, diversifiant ainsi les attractions touristiques de la station », poursuit Chamrousse. Qui ne manque pas de décrire un « projet d’envergure ».
« En élargissant son offre d’activités touristiques, la station cherche à répondre aux aspirations des nouvelles générations, tout en contribuant à la réinvention de l’économie de la montagne », explique-t-elle. Un enthousiasme que ne partage pas Frédi Meignan, vice-président de l’association Mountain Wilderness.
Une installation vouée à devenir obsolète, dénonce Mountain Wilderness
Les critiques du militants ne se concentrent pas sur le seul aspect écologique, même s’il considère que la tyrolienne va « encore plus “anthropiser” et désertifier une zone qui l’est déjà ». C’est bien le modèle économique que présupposent l’Adenaline Park et sa tyrolienne qui lui pose question. Pour le défenseur de l’environnement, l’installation est en effet le symbole d’une « fuite en avant » autant que d’une « impasse ».
« Chamrousse, c’est 80 kilomètres, une centaine de lacs, pas de routes [traversantes]. On a un joyau sous la main. Est-ce que ce n’est que des pistes et des tyroliennes ? », s’agace ainsi Frédi Meignan. Pour qui les domaines de basse-montagne devraient aujourd’hui se concentrer sur l’humain, la découverte du milieu et le contact avec la nature. « Il ne s’agit pas d’arrêter le tourisme, mais de penser un autre tourisme. Faut-il cibler une clientèle riche et lointaine ? », interroge-t-il.
Frédi Meignan, vice-président de Mountain Wilderness, plaide pour une autre approche de la montagne, au-delà du canon à neige ou de la tyrolienne. © Capture d’écran YouTube – Musée dauphinois
La question est d’autant plus brûlante qu’à ses yeux des investissements très lourds et gourmands en argent public sont régulièrement réalisés à fonds perdus. « On engage des millions sur des installations qui vont sans doute devenir obsolètes à court ou moyen terme. La tyrolienne va marcher deux ou trois ans, mais ça ne correspond pas du tout aux attentes de la majorité de la population de nos vallées », estime Frédi Meignan.
Et le militant de prendre pour exemple le massif du Vercors. « Voyez tout l’argent mis dans des canons à neige… qui aboutit à ce que toutes les stations du Vercors sont en déficit chronique. On investit pour faire du déficit ! », dénonce-t-il.
Frédi Meignan plaide enfin pour une réflexion collective, à l’échelle de l’ensemble du territoire, pour repenser l’approche de la pratique de la montagne. « On a la chance d’être à proximité d’une nature géniale et on la transforme simplement en terrain de jeu. Quelle pauvreté ! », conclut-il.
Une réflexion sur « Chamrousse annonce l’ouverture de la « plus grande tyrolienne du monde »… que Mountain Wilderness juge bientôt « obsolète » »
On urbanise en hauteur, c’est sur que ce n’est pas la nature qu’on va y trouver, ni l’effort !