EN BREF – Depuis le lundi 11 septembre 2023, les urgences de Vienne ne sont plus en mesure d’accueillir les patients adressés par le Samu. Une décision prise par l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes et la direction de l’établissement, comme l’indique France Bleu Isère, en raison d’un manque de médecins pour assurer les prises en charge. Ceux-ci ne sont en effet plus que huit, contre 22 en 2022.
Pour la CGT Santé action sociale Isère, c’est bien l’Agence régionale de santé qui est responsable de cette situation. Dans un communiqué en date du 19 septembre, l’organisation syndicale reproche en effet à l’ARS le regroupement du GHT (groupement hospitalier de territoire) de Vienne avec celui des Hospices civils de Lyon (HCL), « avec pour enjeu le financement d’une partie des travaux pour la reconstruction du centre hospitalier de Vienne ».
« Tout cela dans un contexte où les autorisations d’exercer les activités médicales sont à renouveler, nous dénonçons la volonté de l’ARS de transférer les activités et spécialités pratiquées à l’hôpital de Vienne sur les HCL », poursuit la CGT Santé action sociale Isère. Non sans dénoncer une « ambiance très inquiétante » et une « désertion » des médecins du centre hospitalier.
Mobilisation devant les urgences de Vienne lundi 18 septembre 2023. Un mouvement relayé notamment par le conseiller régional socialiste Christophe Bouvier. © Christophe Bouvier – Facebook
« Nous alertons la population, les politiques, [sur le fait] que de cette situation en découlera [sic] des répercussions sur l’ensemble des prises en charge des patients à l’Hôpital et de l’urgence vitale sur le territoire », déclare le syndicat. Qui souligne que le territoire est d’ores et déjà touché par un manque de médecins généralistes, en citant pour exemple Beaurepaire qui ne compte plus aucun cabinet.
Pour le syndicat, la fermeture des urgences de Vienne au Samu représente « une réelle perte de chance et une mise en danger de la population qui n’a plus accès aux soins et aux urgences sur le territoire ». Alors qu’une journée d’action a été organisée le lundi 18 septembre, la CGT Santé action sociale assure que celle-ci n’est que la « première d’une longue série », avec pour but « le maintien des activités de l’Hôpital de Vienne et la prise en charge des urgences vitales sur tout le territoire ».
Le maire de Vienne en appelle à l’État
Face à la situation des urgences de Vienne, le maire de la commune Thierry Kovacs indique sur les réseaux sociaux avoir « saisi le ministre de la Santé ainsi que la députée [Caroline Abadie, ndlr] pour les appeler à la responsabilité de l’État afin d’assurer la sécurité sanitaire de nos populations ». « Il est temps que la situation des personnels soignants dans l’hôpital public soit réellement prise en compte », ajoute l’élu.
Thierry Kovacs précise avoir demandé que l’État étudie « la possibilité de réquisitionner les médecins, chirurgiens, spécialistes… qui se sont tournés vers le privé afin qu’ils exercent un volume minimum d’heures pour assurer le bon fonctionnement des Smur et des urgences des hôpitaux publics », ou bien qu’il impose aux établissements privés d’assurer des services d’urgence.
Le député Yannick Neuder dénonce un « abandon par l’État”
Le député de la 7ème circonscription de l’Isère Yannick Neuder, cardiologue de profession, juge la situation du centre hospitalier de Vienne « inacceptable ». Par voie de communiqué, le parlementaire estime que celle-ci est la « conséquence d’une situation de pourrissement et d’un abandon par l’État ». Et d’ajouter : « Dans ma circonscription, le recours au Smur est frénétique, la population à un besoin croissant d’unités mobiles. Comme médecin, je ne peux pas accepter la perte de chance qu’entraîne cette décision ».
Yannick Neuder déplore encore « que le délitement de l’hôpital s’accélère sans que ne soit développée une offre en médecine de ville suffisante, une véritable réforme des études de santé et des compétences offrant un vivier de médecins sur le territoire et des revalorisations à la hauteur de la situation alarmante des services d’urgence ». Le député annonce enfin « qu’il mettra en lumière le cas du Centre Hospitalier de Vienne à l’occasion de l’examen du Projet de loi de Finances de la Sécurité Sociale à l’Assemblée nationale ».