FOCUS – La CGT du CHU de Grenoble appelle les personnels des urgences adultes du site Nord à la grève illimitée à compter du mardi 1er novembre 2022. En cause ? La stagnation des patients en nombre dans le service, avec en toile de fond le manque de personnels pour répondre à la demande.
« Si la situation avant l’été était dramatique, la situation actuelle est une réelle mise en danger pour le personnel et les patients ». Ainsi s’exprime le syndicat CGT du CHU Grenoble Alpes, qui annonce un mouvement de grève illimitée à compter du mardi 1er novembre sur le site des urgences adultes de l’hôpital Nord. La revendication ? « L’arrêt de la stagnation des patients au service des urgences au-delà de 12 heures de présence ».
Par manque de personnels, les urgences sont en effet saturées, explique Sara Fernandez Alejo, secrétaire générale CGT du CHU Grenoble-Alpes. « La capacité est de 55 patients en même temps, et tous les jours il y a plus de 65 patients présents en même temps. Avant, le nombre de patients diminuait la nuit, mais il ne diminue plus : on se retrouve avec 50 patients toujours présents à 8 heures du matin », décrit-elle.
« Soit des solutions sont trouvées, soit le personnel va partir »
Résultat ? « Les équipes ne peuvent plus tenir avec cette capacité. Ça fait des mois qu’elles tiennent très difficilement, mais là elles arrivent à bout », poursuit la syndicaliste. Qui rappelle les nombreuses alertes adressées aux autorités, du maire de Grenoble à l’Agence régionale de santé, en passant bien sûr par la direction du CHU. « On l’a fait à tellement de reprises que l’on ne sait plus comment faire ! ».
Et la CGT n’est guère impressionnée par les quelques réponses qui ont pu lui parvenir. « Une vingtaine de recommandations ont vu le jour [via deux audits, ndlr], mais aucune n’apporte à ce jour de solution à court terme », écrit le syndicat. Exemple : « L’ARS nous dit simplement d’ouvrir des lits d’aval. Mais avec quel personnel ? », s’agace Sara Fernandez Alejo.
Le mouvement de grève n’aura pas d’incidence sur le fonctionnement des urgences ou la prise en charge des patients. « Les personnels sont assignés, donc en soi il n’y a pas de répercussion », concède la syndicaliste. Mais, ajoute-t-elle, le mouvement a pour objectif d’alerter sur la gravité de la situation. Et de la résumer en une formule : « Soit des solutions sont trouvées d’ici un mois, soit le personnel va partir ».
Un fonctionnement des urgences toujours « adapté »
Les difficultés d’accueil dans les urgences ne concernent pas que le CHU de Grenoble. « Ça fait des mois que les urgences de Grenoble sont les seules à garantir une prise en charge 24 heures sur 24. La clinique mutualiste est fermée, les urgences de Voiron aussi, et la Clinique des Cèdres tient la nuit, mais avec des limitations par rapport à la gravité et le nombre de personnes », explique Sara Fernandez Alejo.
Plus précisément, les urgences de Voiron fonctionnent avec un système de “tri” des patients préalable, en passant par le 15. Tout comme les urgences de Grenoble depuis juin 2022. Un fonctionnement « adapté » pour la direction… et « dégradé » pour la CGT. Pour qui la mesure n’a, de plus, pas permis d’améliorer sensiblement la situation.
Et de dénoncer des dangers inhérents à ce mode de fonctionnement, de plus en plus généralisé sur l’ensemble du territoire national. Un délégué CGT relate le cas d’une personne souffrant de maux de ventre, non pris en charge par les urgences de Voiron après son appel au 15. « Il n’a pas passé le tri, on a pensé à des difficultés intestinales sans gravité, en fait c’était une péritonite », explique-t-il.