EN BREF – La CGT Isère dresse un bilan peu reluisant, à ses yeux, de “l’adaptation” du fonctionnement des urgences la nuit, à Voiron comme à Grenoble. Alors que les patients demeurent en nombre trop élevé à ses yeux, le syndicat estime que « la population est en danger ». Et accuse le gouvernement de vouloir « officialiser » ce nouveau mode de régulation des admissions.
Coup de gueule de la CGT Isère face à la situation des services d’urgences dans le département. Alors que les urgences de Voiron ont adopté un fonctionnement “adapté” depuis la fin de l’année 2021, et celles de Grenoble depuis le mois de juin 2022, le syndicat estime que « la population n’aura jamais été autant en danger ». Et dénonce un « projet de destruction » du système de santé, sur fond de « mépris » des personnels et de « maltraitance » des usagers.
« Le rapport de la mission flash propose d’officialiser tous les fonctionnements en mode dégradé qui se sont multipliés ces dernières semaines aux urgences : fermetures totales ou partielles, filtrage, consignes aux patients de ne pas venir », décrit ainsi la CGT.
La « régulation des admissions » aux urgences figure en effet parmi les préconisations, au motif que « le service des urgences n’est pas toujours la filière de soins la plus pertinente ».
Des équipes toujours en souffrance, dénonce le syndicat
Pas de quoi convaincre le syndicat. Selon ses chiffres, les trois quarts des personnes se présentant aux urgences sont ainsi prises en charge, et seul un quart est réorienté. « Les personnes se présentant relèvent en grande majorité des urgences et ne viennent pas “que pour un Doliprane” comme on veut nous le faire croire ! », écrit la CGT. Sans prendre toutefois en compte la communication en amont du CHU Grenoble-Alpes.
Reste que la mesure ne suffit pas à soulager les équipes, juge encore le syndicat. « Le nombre de patients présents à 8 heures [de 33 à 64 patients] est toujours très élevés et trop par rapport au capacitaire. […] Le nombre de patients présents depuis plus de 24 heures également : entre 15 et 22 patients », indique-t-il. Avant de décrire une « équipe urgentiste extrêmement fatiguée, usée ».
Vers un retour à la normale (ou pas) au mois de septembre ?
Quelles perspectives pour le service des urgences de Voiron et de Grenoble ? Sollicité par Place Gre’net, le CHU Grenoble-Alpes explique être « encore en plein travail sur les plannings de septembre ». « Nous ne pouvons pas encore dire à ce stade si nous pourrons revenir à un fonctionnement normal, ou si nous devrons rester sur un fonctionnement adapté pendant une partie du mois », ajoutent ses services.
Les urgences pédiatriques ne seraient pas épargnés, avec un personnel lui aussi décrit « en souffrance ». Quant aux appels au 15, ceux-ci sont en augmentation. « Mais c’est peut-être dû aux vacances et au tourisme », nuance le syndicat.
Ce dernier n’en appelle pas moins à des revalorisations « pour faire revenir les 180 000 hospitaliers poussés hors de l’Hôpital », et à « la titularisation des plus de 200 000 agents et médecins hospitaliers précaires ».
Les urgences s’invitent dans les débats du conseil municipal de Grenoble
La question des urgences n’a pas été sans créer une (petite) polémique lors du conseil municipal de la Ville de Grenoble du 11 juillet 2022, qui n’en manquait déjà pas. En cause ? Un voeu présenté par l’élu d’opposition Hosny Ben-Redjeb, afin d’interpeller la première ministre Élisabeth Borne. Et exiger la réintégration des professionnels de santé suspendus, ou encore l’augmentation du point d’indice pour les personnels de santé.
Vœu rejeté par la majorité, comme l’explique l’adjoint à la Santé Pierre-André Juven. Qui constate, en premier lieu, un « plagiat » manifeste dans le texte même du voeu, reprenant mot pour mot… le paragraphe d’un communiqué de presse de la Ville.
Pierre-André Juven conteste encore la demande l’augmentation du point d’indice pour les seuls personnels de santé : « Si nous [la] défendons, c’est pour l’ensemble des professionnels du service public ».
En réponse, Hosny Ben-Redjeb se dit « surpris » par le rejet de la Ville. Puis, par voie de communiqué dès le lendemain, dénonce des « arguments ineptes » et estime que « la majorité municipale a agi à l’inverse de ses engagements et de son communiqué […] dans lequel elle indiquait “apporter son soutien aux agents et agentes du Chuga”. Et annonce que son voeu sera de nouveau déposé en septembre 2022. Avec ou sans copié-collé ?