FOCUS – Si la situation n’est pas aussi critique qu’en 2022, l’Isère n’en fait pas moins face à la sécheresse, et plusieurs territoires du Nord-Isère sont désormais classés en alerte renforcée par la préfecture de l’Isère. La région grenobloise, loin de son niveau de crise durant l’été précédent, est quant à elle en état de vigilance. Une situation qui ravive la colère du collectif StopMicro38, lequel dénonce l’utilisation en eau faite par des industriels comme Soitec ou STMicroelectronics.
Si les précipitations observées sur le département de l’Isère durant la seconde quinzaine du mois de juillet ont permis de stabiliser la situation des cours d’eau des massifs, la préfecture de l’Isère note en revanche que la sécheresse s’aggrave, notamment sur le nord du département. Dans un communiqué en date du 7 août 2023, les services de l’État annoncent dès lors un renforcement des mesures d’économie d’eau sur certaines zones.

Plusieurs territoires du Nord-Isère sont classées en alerte renforcée face à la sécheresse, comme ici en 2022. © Ancelin Faure
Jusqu’ici en simple niveau d’alerte, les « eaux souterraines de la Bourbre, de Bièvre-Liers Valloire, Sanne-Varève-4-vallées et Chambaran », ainsi que les « eaux superficielles des secteurs Sanne-Varèze-4-vallées et Chambaran » sont désormais classées en alerte renforcée. Sur le sud du département, « les terrasses rive gauche Isère, le Trièves-Matheysine et Paladru-Fure sont placées en alerte », indiquent encore les services préfectoraux.
La région grenobloise en niveau de vigilance
Il existe quatre niveaux “sécheresse” : le niveau de vigilance, qui s’accompagne de recommandations pour limiter la consommation d’eau, suivi du niveau d’alerte, avec des restrictions à l’intention des particuliers, des collectivités ou des entreprises. Le niveau d’alerte renforcée voit, pour sa part, les restrictions se durcir sérieusement. Enfin, le niveau dit “de crise” implique des interdictions drastiques dans l’usage de l’eau.

Durant l’été 2022, la sécheresse se faisait sentir sur Grenoble, y compris sur le site de la Bastille. © Auriane Poillet – Ville de Grenoble
Si le niveau de crise n’est pas à l’ordre du jour en Isère, les territoires concernés par des alertes renforcées ne manquent pas. Au 4 août 2023, déjà 204 communes de l’Isère figuraient ainsi en niveau 3 sur 4 de sécheresse. La situation reste toutefois plus clémente qu’à l’été 2022, durant laquelle même la Ville de Grenoble avait dû faire face au niveau 4. La région grenobloise est, pour l’heure, en simple état de vigilance.
Quelles sont les restrictions dans les communes classées en alerte renforcée ? L’interdiction (entre autres) pour les particuliers de laver leur voiture à domicile, d’arroser les jardins potagers entre 9 heures et 20 heures, ou encore de remplir piscines ou plans d’eau à usage privé. Les collectivités sont également très limitées dans leurs arrosages ou nettoyages de voirie, tandis que les entreprises industrielles et agricoles doivent fortement limiter leurs prélèvements d’eau.
STMicro et Soitec dans le viseur face à la sécheresse
Certaines voix s’élèvent, jugeant les restrictions d’eau appliquées aux industriels très insuffisantes. Dans leur viseur : des entreprises comme Soitec ou STMicroelectronics. Le collectif StopMicro38 maintient notamment la pression, en considérant que les deux entreprises « continuent à s’accaparer les ressources en eau potable » pendant que des territoires font face à la sécheresse. « Le profit goutte que goutte », commentent-elles.

Des voix continuent de s’élever contre l’utilisation des ressources en eau par des industriels comme Soitec ou STMicroelectronics. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Que nous apprennent les sécheresse de ces dernières années et les températures de cet été ? Que la ressource en eau est limitée, que la pénurie est une réalité. Conséquence : quand certains profitent, c’est que d’autres subissent des restrictions. Il s’agit de choix politiques », estime le collectif dans son billet du mois de juillet 2023. Non sans accuser la Métropole comme le Grésivaudan d’avoir « décidé de prioriser ST et les industries de l’électronique, au mépris d’une analyse raisonnable de l’état de nos ressources ».
« Il est impossible de concilier tous les usages de l’eau », affirme le collectif, qui cite l’exemple de Taïwan, où des coupures ont été imposées en 2021 aux populations, tandis que le précieux liquide était acheminé par camions-citernes aux industries. « Voulons-nous voir des camions d’eau potable sillonner la Rocade Sud et l’autoroute de Chambéry pour approvisionner ST ? […] La priorité doit-elle être le développement économique à tout prix alors même que l’impact sur les ressources est dramatique ? », interroge-t-il.
StopMicro38 solidaire des opposants à un data center en Uruguay
Le collectif StopMicro38 annonce avoir écrit « à celles et ceux qui se battent pour la défense de l’eau et contre l’installation d’un data center de Google » en Uruguay, au nom de la « solidarité des luttes contre l’accaparement de l’eau ». Un message diffusé le 31 juillet 2023. Un groupe d’habitants de Montevideo s’inquiète en effet du projet de data center, grand consommateur d’eau, alors que la ville connaît une pénurie d’eau potable.
« Votre lutte fait écho à celle que nous menons chez nous, à Grenoble en France. Ici, au cœur de l’Occident industrialisé, la situation est moins dramatique pour la population : quand nous tournons le robinet, c’est bien de l’eau potable qui coule. Mais les nappes phréatiques sont de plus en plus basses et, été après été, les sécheresses de plus en plus importantes », indique notamment le collectif dans son message.



Une réflexion sur « La sécheresse s’aggrave en Isère, avec certains territoires classés en alerte renforcée : de quoi raviver la colère du collectif StopMicro38 »
Je suis tout-à-fait d’accord avec vous, : il est nécessaire et urgent de reconsidérer les priorités. L’eau potable pour tous est LA priorité.