REPORTAGE – En 2020, à l’occasion des élections municipales, une soixantaine d’associations françaises ont établi un Pacte pour la transition. Un texte relayé dans l’agglomération grenobloise par Alternatiba Grenoble. Vendredi 23 juin 2023, ce collectif a organisé une réunion publique avec des élus signataires pour faire un point sur l’avancée de leurs démarches, à mi-mandat. Si le bilan est globalement satisfaisant, Alternatiba Grenoble n’en souligne pas moins le travail qui reste à accomplir et déplore quelques points noirs.
« Proposer aux citoyen.nes et aux élu.es locaux de s’engager (…) à œuvrer ensemble pour des communes plus écologiques, solidaires et démocratiques ». Telle est l’ambition portée par Le Pacte pour la transition, établi au niveau national par une soixantaine d’associations. Alternatiba Grenoble en a tiré cinq axes majeurs d’engagement pour les dix collectivités de l’agglomération grenobloise engagées dans la démarche.
Les 5 axes du Pacte pour la transition dans l’agglomération grenobloise
1/ Accélérer la transition énergétique
2/ Préserver le foncier agricole, soutenir l’agriculture biologique et locale
3/ Arrêter l’artificialisation des sols et les grands projets nuisibles
4/ Organiser des déplacements moins polluants
5/ Développer la démocratie participative et la vie associative
Les dix communes engagées
Champagnier, Échirolles, Eybens, Fontaine, Grenoble, Le Pont-de-Claix, Meylan, Saint-Égrève, Seyssinet-Pariset et Seyssins.
Sur les 119 conseillers métropolitains, 63 ont également signé le pacte.
Vendredi 23 juin, le collectif a fait un point sur les engagements et l’avancée des démarches des collectivités signataires. Maires, adjoints ou conseillers municipaux… Des représentants de la plupart des communes engagées ont participé à la réunion et pu présenter certaines de leurs réalisations. Pierre Verri, maire de Gières, était quant à lui là comme vice-président de la Métro en charge de l’air, de l’énergie et du climat.
« Un fort engagement des communes » sur la base du Pacte
Les membres d’Alternatiba Grenoble notent des situations variables selon les communes, mais sont plutôt satisfaits dans l’ensemble. Une fois élus, les ex-candidats signataires du Pacte pour la transition ont bel et bien entrepris des actions pour tenir parole.
« Le bilan global des communes est très positif, assure Alexandre Sarazin, bénévole d’Alternatiba Grenoble. Les communes que nous avons suivies durant trois ans se sont bien investies. On sent qu’il y a une conscience réelle des enjeux autour de la transition et une volonté générale de bien faire. On note une avancée à mi-mandat relativement élevée par rapport aux engagements pris. »
Du point de vue des transitions énergétiques ? « Beaucoup travaillent avec l’Agence locale de l’énergie et du climat (Alec), s’engagent dans la rénovation thermique de leurs bâtiments communaux, installent des centrales photovoltaïques et renouvellent leurs contrats d’électricité pour passer sur de l’énergie renouvelable. »
Même bilan général positif sur le volet agriculture et alimentation. « Peu de communes possèdent de grandes surfaces agricoles, mais de gros efforts sont faits sur la restauration collective pour passer sur plus de local, de bio et de végétarien. »
« On pourra regretter les grands projets inutiles sur le territoire »
Quid des engagements liés à la mobilité ? « Beaucoup s’investissent pour le développement du vélo dans leur commune, en passant notamment par des campagnes de sensibilisation et l’installation d’infrastructures, a poursuivi le bénévole d’Alternatiba Grenoble. De nombreuses communes mettent en place des espaces sans voiture devant les écoles. On commence à voir apparaître des itinéraires sécurisés pour les pedibus. »
Satisfecit également sur les questions liées à l’urbanisme et à l’aménagement. « De nombreuses communes se forment aux conséquences de l’étalement urbain et de l’artificialisation des sols. Elles rendent obligatoire l’utilisation de l’OAP Paysage et Biodiversité et font les démarches pour entrer dans un Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains ».
Un bémol ? « On pourra regretter les grands projets inutiles sur le territoire métropolitain », précise le collectif. Et de citer à ce titre les projets Neyrpic et Porte du Vercors.
Bon point, au contraire, pour ce qui est de la démocratie et de la participation citoyenne. « Nos communes ont bien compris qu’on n’arriverait pas à opérer les changements sociétaux nécessaires à la transition sans associer les citoyens aux décisions politiques. Elles mettent en place des actions pour rendre le choix des politiques publiques plus transparents et plus démocratiques. Elles redonnent la voix aux citoyens via des dispositifs d’initiatives citoyennes, de co-construction des politiques locales et de commissions extra-municipales. Nous ne pouvons que les en féliciter. »
Urbanisme et mobilité : deux “points noirs” à l’échelle de la Métro ?
Au-delà de la situation propre à chaque commune, Alternatiba Grenoble a aussi un œil sur la Métro. « On peut estimer être sur la bonne voie, souligne Nicolas Devanciard, bénévole du collectif. Il reste toutefois de grandes disparités selon les axes d’analyse déclinés dans le Pacte. »
Aspect positif : les engagements pris en matière d’agriculture et d’alimentation sont plutôt bien avancés. « Des bons résultats qui s’expliquent par des efforts notables pour le soutien des filières locales de production et de distribution alimentaires ou la préservation des surfaces agricoles dans le cadre du Plan local d’urbanisme intercommunal. »
Tout n’est pas parfait pour autant. « Les aspects plus négatifs concernent les points liés à l’urbanisme et, surtout, à la mobilité. On peut par exemple évoquer la problématique des affichages publicitaires. L’application du règlement de publicité intercommunal reste limitée et la politique publicitaire sur le réseau Smmag n’évolue pas assez rapidement. »
Autre point qui avance moins vite que d’autres, côté mobilité cette fois : les mesures pour favoriser le report modal, c’est-à-dire le remplacement de la voiture par des modes de transports doux. « Des mesures qui seraient pourtant critiques pour l’acceptation du durcissement des règles d’une Zone à faible émission à l’horizon 2025. Il faut en outre rappeler qu’on ne parle aujourd’hui du RER grenoblois que pour 2035 ». Bref, les sujets n’avancent pas tous au même rythme…
Un point d’étape, avant une analyse complète en fin de mandat
Alternatiba Grenoble dit avoir organisé cette réunion publique de premier bilan du Pacte afin que les collectivités signataires progressent encore pour atteindre leurs engagements. Mais certaines ont à cette occasion souligné ne pouvoir agir qu’avec le soutien de la Métro (sur les dossiers liés à l’agriculture et aux mobilités, principalement). Le collectif n’a en revanche rien dit au sujet des communes non engagées dans le Pacte.
La soirée du 23 juin a aussi permis au public – une cinquantaine de personnes – de poser quelques questions. Plusieurs ont porté sur le fonctionnement du Smmag. D’autres sur le rôle de l’État, les modalités d’arbitrage budgétaire ou la sécurité sociale de l’alimentation. Un intervenant s’est aussi ému du désintérêt d’une partie de la population pour les sujets environnementaux.
Le collectif compte livrer une analyse complète de la situation de chaque signataire à la fin du mandat, dans la perspective des élections municipales 2026.
Une réflexion sur « Pacte pour la transition : « Le bilan global des communes est très positif » selon Alternatiba Grenoble »
Absolument ! Surtout que Grenoble crassepitale verte c’est tous les jours.