TRIBUNE LIBRE – Le mercredi 17 avril 2023, « jour du sixième anniversaire de la fermeture du boulevard Agutte-Sembat », le collectif Grenoble à cœur a adressé une « lettre ouverte aux élus », reconvertie en tribune. Objectif ? Appeler à repenser l’accès au cœur de ville de la métropole grenobloise, en considérant que le projet Neyrpic, l’extension de Grand” Place et la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE) constituent une « nouvelle donne ».
Il y a exactement six ans, la fermeture du boulevard Agutte-Sembat a drastiquement réduit l’accès au “cœur de ville” de la métropole grenobloise, qui a ensuite très vite perdu son dynamisme alors qu’il était en 2016 le quatrième centre-ville de France selon Procos (la principale fédération nationale du commerce).
Les conséquences
Comme l’a confirmé sur Sud Radio l’ex-président de Label Ville : « Du jour au lendemain, nous avons constaté une baisse de clientèle et du chiffre d’affaires. Des commerçants ont dû baisser le rideau ou déménager à cause de la baisse de fréquentation et de l’impossibilité pour leurs clients de venir chercher la marchandise. »
Le verdict d’enseignes telles que Jennyfer ou Swarovski a été aussi clair qu’immédiat : fermeture en hyper-centre, mais poursuite de leurs activités à Grand’ Place, en périphérie. Bref, l’absurdie, le monde à l’envers, et ça continue : à la Caserne de Bonne, H&M a récemment fait le même choix.
Cours Berriat, K’Store est quasiment mort. Place Grenette, les Galeries Lafayette ont cédé leur magasin grenoblois (avec d’autres mais tous dans… de plus petites villes), alors qu’en Auvergne-Rhône-Alpes elles ont gardé en propre leurs établissements d’Annecy, de Clermont-Ferrand et de Lyon !
Tout cela était malheureusement prévisible, et même prévu. En effet, lors d’une réunion au musée de Grenoble avec les commerçants, le maire a répondu à l’un d’eux1qui peut témoigner. qui cherchait à lui faire percevoir les conséquences de ce qui n’était alors qu’un projet : « Vous allez perdre 30% de chiffre d’affaires, et alors ? On ne peut pas plaire à tout le monde ». Et c’est bien ce qui s’est passé. La faillite de commerces, la destruction d’emplois, la détérioration de l’attractivité du “cœur de ville”, à qui cela devait-il plaire et qui en est content ?
Six ans après, le “cœur de ville” continue de décliner
Les chiffres de la CCI [chambre de commerce et d’industrie, ndlr] sont tristement clairs : le “cœur de ville” de la métropole grenobloise continue de souffrir et de décrocher, et cela malgré l’importance de sa zone de chalandise, constituée de rien moins que les 700 000 habitants de l’aire urbaine. La poursuite du déclin du Centre-Ville de Grenoble se voit dans l’évolution entre 2019 et 2022 des chiffres d’affaires cumulés2à prix constants de janvier 2019 hors inflation., qui montre une baisse de 2,4 % alors que la France est en légère hausse et que la vallée du Grésivaudan est à +11,3 %!
Car non seulement le taux de vacance n’est pas celui de Nantes (qui est de 1,2 % de locaux vides dans l’hyper-centre), mais les commerces qui ouvrent en remplacement de ceux qui périclitent n’ont ni la même attractivité ni le même dynamisme.
Le “cœur de ville¨ d’une métropole ne peut pas vivre des tacos [tortilla de maïs, ndlr], des burritos [crêpes mexicaines, ndlr], des canettes ou cups [tasses, ndlr] « à consommer sur place ou à emporter » (et jeter), des livreurs Deliveroo, de co-working autour d’une tasse de chicorée, du CBD [cannabidiol, substance naturellement présente dans la plante de cannabis (ou chanvre), ndlr], d’happy hours, de places de stationnement transformées en terrasses vides la moitié de l’année. Encore moins de commerces subventionnés, qui ne tiennent d’ailleurs pas plus que les autres : le Pop’Up République est vide.
Grand’Place, Neyrpic, ZFE : la donne a changé
Le projet emblématique du maire de Grenoble sur le boulevard Agutte-Sembat s’est fait dans des conditions qui ne sont absolument plus celles d’aujourd’hui. Non seulement tous les élus qui ont eu responsabilité du commerce ont été « excommuniés« 3Pascal Clouaire, Maxence Alloto, Barbara Schuman., mais surtout les conditions se sont détériorées pour le “cœur de ville” de la métropole car les centres commerciaux périphériques sont puissamment renforcés par l’agrandissement de Grand’ Place à Grenoble-Échirolles et la création de Neyrpic à Saint-Martin‑d’Hères. Plus la ZFE !
Rappelons les propos du promoteur de Neyrpic : « Nous visons en premier lieu les habitants de la vallée du Grésivaudan, car ils ont aujourd’hui du mal à accéder à l’hyper-centre ». C’est on ne peut plus clair. Ne manquent à la déclaration que de chaleureux remerciements pour la fermeture d’Agutte-Sembat. Déjà, de nombreuses enseignes présentes au centre-ville ont annoncé leur décision d’ouvrir à Neyrpic : Celio, Undiz, Zara, Sephora, Levi’s, Foot Locker. Il est aussi fortement question d’ouvrir un multiplex de neuf salles de cinéma !
Comme si ça n’était pas assez lourd, il y a la ZFE, dont toutes les zones commerciales peuvent se frotter les mains. Un habitant de Domène en a clairement annoncé les effets : « Pour mes courses, je vais devoir privilégier les zones commerciales aux boutiques du centre-ville. »
À nouvelle donne, nouvelles conditions d’accès au “cœur de ville”!
Avec la nouvelle donne que constituent l’agrandissement de Grand’ Place et l’ouverture de Neyrpic plus la ZFE, le “cœur de ville” de la métropole ne peut plus du tout continuer de se défendre dans les mêmes conditions que ces six dernières années.
Pour d’autres raisons que la santé du commerce, deux unions de quartiers ont demandé de « rouvrir à la circulation automobile le couloir de bus du bd Agutte-Sembat, dans le sens Sud-Nord ». Face à la nouvelle donne, le commerce du centre-ville de Grenoble en a aussi fondamentalement besoin. Pour garantir et sauver son avenir.
Il faut d’urgence de nouvelles conditions. Les élus ont le devoir de les créer, sans attendre ni tergiverser : d’abord la réouverture aux automobiles de la voie de bus sur Agutte-Sembat, dans la direction qui va vers l’Isère, mais aussi et enfin la réalisation d’une zone de rencontre dans le quartier des halles Sainte-Claire, au lieu d’une « piétonnisation » théorique (la « piétonnisation » réelle étant de toute façon impossible dans ce secteur où la circulation du tramway est fortement structurante, y compris pour les piétons). Et pour compléter la diminution du coût du stationnement devenu le plus élevé de France (hors Paris).
Confronté à la nouvelle donne, le “cœur de ville” historique et commercial de la métropole grenobloise a impérativement besoin de conditions d’accès qui lui fournissent les moyens de résister et de pouvoir redevenir attractif pour tous, maintenant.
Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur.
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17 réflexions sur « Tribune libre – « Grand Place, Neyrpic, ZFE : à nouvelle donne, nouvelles conditions d’accès au “cœur de ville”! » »
Juste une remarque (qui témoigne du manque d’objectivité du journaliste sur cette question) : H&M, comme le prêt à porter low-cost, est actuellement en crise structurelle ce qui explique la fermeture de son magasin de la caserne de Bonne (Remarque : H&M a également fermé son magasin des Champs-Élysées à Paris !).
Bonjour. Merci de relire le bandeau qui figure en bas de cette tribune : « Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur ».
Veuillez également trouver le lien vers notre article consacré à la fermeture du magasin H&M : https://www.placegrenet.fr/2022/12/09/le-magasin-hm-de-la-caserne-de-bonne-de-grenoble-ferme-ses-portes-samedi-10-decembre/586798. En voici un extrait : « Interrogé par France 3 Grenoble, le gérant du magasin Mr Bricolage, situé en face du H&M, ne croit ainsi pas à un désamour du public pour la Caserne de Bonne. Et évoque, plus simplement, une période compliquée pour l’industrie du textile en général. Comme le fait par ailleurs remarquer le média Fashion Network, H&M ferme plus de boutiques qu’il n’en ouvre. Y compris à Paris, où le magasin situé rue des Champs-Élysées a mis la clé sous la porte début 2022. »
Cordialement
Bonjour. Ce texte n’a pas été écrit par un journaliste. Comme cela est clairement indiqué, il s’agit d’une tribune libre qui n’engage que son auteur, à savoir le collectif Grenoble à cœur.
Quel manque d’objectivité ? Nous disons les faits, qui sont que ça ferme au Centre-Ville de Grenoble mais pas en périphérie à Grand’ Place.
Nous avons écrit : « Le verdict d’enseignes telles que Jennyfer ou Swarovski a été aussi clair qu’immédiat : fermeture en hyper-centre, mais poursuite de leurs activités à Grand’ Place, en périphérie. Bref, l’absurdie, le monde à l’envers, et ça continue : à la Caserne de Bonne, H&M a récemment fait le même choix. »
Grenoble ville en déclin ! 👎
J’aime le centre ville et j’y vais en bus, de plus en plus fréquent et rapide grâce aux voies libérées de leurs embouteillages de voitures qui ne transportent que leur chauffeur.
Marre des centre commerciaux qui m’obligent à sortir ma voiture qui n’aime pas se faire toncher les portières sur des places trop étroites !
Un seul regret : que les transports urbains ne soient pas gratuits pour que plus de monde en profite et plus souvent ! Cette corrélation entre gratuité des transports urbains et fréquentation du centre ville mérite d’être méditée honnêtement par les commerçants, qui , je m’en souviens étaient farouchement contre la piétonisation des rue de bonne, Lafayette, etc… et contre le tram !
Le centre ville périclite ? cherchez ailleurs les vraies solutions qui n’ont rien à voir avec le retour de la bagnole dans l’espace piéton !
Mmh
Je ne vois pas bien pourquoi une concentration des commerces hors de la ville, et le remplacement de boutiques par des lieux de vie est une mauvaise chose.
Sauf si on veut juste favoriser nos caisses face aux autres, ce qui ne me semble d’aucun sens en termes de biens publics. ‑2.4%, pas ouf, mais ca à l’air de rester dans les seuils d’adaptations d’un marché ouvert. Bref, dubitatif sur le bien-fondé de l’article.
Moi jl’aime bien le centre-ville, et ma voiture se plaint pas quand je la laisse pour passer au tram… C’est moins société de consommation, pas moins bien
Ah ben oui c’est vraiment super génial d’être obligé de prendre la voiture pour aller chez Go Sport en périphérie parce que le magasin du centre-ville a fermé.
C’est moins société de consommation dites vous ?
Bonjour,
Il est intéressant que vous parliez de Go Sport, l’entreprise étant elle-même en faillite (et je doute que ce soit du fait de la fermeture du magasin en centre-ville).
C’est effectivement affligeant et surtout très dommage pour le cœur de ville et les centaines d’emplois impactés.
Je voudrais faire part d’une anecdote qui illustre assez bien je trouve, les motivations des décideurs (maire et président d’agglomération…), qui relèvent davantage d’un ego surdimensionné que de l’humain…
Je suis membre non élue d’une commission municipale à Pont de claix, dans l’opposition, et souffrant de déficience immunitaire suite à un covid long, je ne peux prendre le risque de me retrouver confinée en réunions ou bains de foules.
Aussi, lorsque j’ai reçu la convocation pour la commission de préparation du conseil municipal extraordinaire précisément au sujet de la ZFE, j’ai demandé à ce que l’on m’envoie un lien de connexion afin de pouvoir y participer en visio.
Non seulement le service questure de M. Ferrari n’a pas estimé utile de me répondre, et j’ai donc été ainsi évincée, mais surtout, s’agissant du thème même de la ZFE, il m’aurait semblé opportun que la visio soit d’emblée proposée à tous les participants…
Mais sans doute est il plus agréable de briller « en live » avec un oratoire à ses pieds…
Décevant.
D’après le nombril de notre génial maire, longuement entendu hier sur FR3 Alpes dans Dimanche en Piollitique, ça baigne et en plus, ça baigne.
D’ailleurs, lui-même n’a pas fini dernier à la primaire verte mais à égalité avec les autres. Ça se soigne docteur ?
Je suis de la vallée du Grésivaudan et je ne vais plus à Grenoble depuis des lustres.
Entre tous les détours qu’il faut faire pour aller d’un point à un autre et l’insécurité grandissante, je préfère aller sur Chambéry.
Avec une augmentation de 25% de la taxe foncière, une hausse de la délinquance. Et en arrière plan la nouvelle donne du télétravail,
Ce là sonne le glas pour Grenoble
C’est très bien le seul problème c’est la mentalité des gens qui doit changer progressivement et sortir du tt voiture. Il faut aussi mettre en place des services de livraison en vélo cargo dans toute grenoble et sa banlieue
C’etait un plaisir,a toutes heures,jour ou soir,de prendre sa voiture et dire d’aller en ville,faire du shopping, ou manger une glace place grenette,voir prendre le telepherique,ou deambuler dans le magnifique centre de grenoble,et aujourd’hui,ce n’est plus possible,quel gachis,c’est déplorable,detruire ainsi une si belle ville,et mes souvenirs de jeunesse,grenoble,n’existe plus !!
Ces gens là sont dans leur logique destructrice. On pourra peut-être respirer dans le centre ville, mais il.…sera mort.
C’est tellement logique et imparable… Qu’ils persisteront dans leur erreur !!!