FOCUS – Trente-quatre ans après le meurtre de Fabrice Ladoux, le corps du petit Grenoblois a été exhumé, début mars 2023, dans le cadre de nouvelles investigations relancées par le pôle « cold cases » de Nanterre. Le jeune garçon de 12 ans avait été enlevé en 1989 sur le chemin du collège, à Grenoble, avant d’être violé et tué. Son corps avait été retrouvé à Quaix-en-Chartreuse. Fabrice Ladoux fait partie des « disparus de l’Isère », dossier regroupant une dizaine d’affaires de disparition et meurtre d’enfants, dans les années 1980 et 1990, en Isère.
Trente-quatre ans après, l’enquête sur l’affaire Fabrice Ladoux, l’une des plus emblématiques du dossier des « disparus de l’Isère », va-t-elle enfin progresser ? Le pôle national « cold cases » de Nanterre vient en tout cas de relancer les investigations en faisant notamment exhumer le corps du jeune garçon, a annoncé Le Parisien, mardi 14 mars 2023. Alors âgé de 12 ans, Fabrice Ladoux avait été enlevé sur le chemin du collège, en 1989, à Grenoble, puis violé et retrouvé mort deux jours plus tard dans le massif de la Chartreuse.
Fabrice Ladoux, 12 ans, a été enlevé entre son domicile et le collège, le 13 janvier 1989, puis retrouvé mort deux jours plus tard à Quaix-en-Chartreuse. DR – source : ledauphine.com
Selon les informations du quotidien, confirmées par le parquet de Nanterre, la juge d’instruction Sabine Khéris, coordinatrice du pôle « cold cases », s’est rendue sur les lieux la semaine passée. Objectif : procéder à de nouvelles expertises ADN et réaliser un nouvel examen médical du corps. Des drones ont par ailleurs survolé la zone où a été découverte la dépouille du collégien, à Quaix-en-Chartreuse, afin de réaliser un modelage 3D de la scène de crime.
A‑t-il été agressé sous un tunnel ?
Les enquêteurs espèrent ainsi bénéficier des progrès scientifiques et techniques pour dénicher des indices inédits dans cette affaire depuis longtemps au point mort. C’était il y a 34 ans. Le 13 janvier 1989, Fabrice Ladoux, élève de sixième, quitte le domicile familial, boulevard Foch, à Grenoble, pour rejoindre son collège des Eaux-Claires1il ne reste plus que le lycée aujourd’hui. Un trajet qu’il effectue régulièrement. Mais il n’arrivera jamais dans l’établissement.
Pour se rendre aux Eaux-Claires, le jeune Grenoblois emprunte un passage souterrain sous la voie ferrée, au niveau de la rue du Général-Mangin. Est-ce sous ce tunnel qu’il a été agressé ? Aucune certitude mais c’est l’hypothèse jugée la plus crédible à l’époque, et encore aujourd’hui. Toujours est-il que son absence en cours, l’après-midi, suscite très vite l’inquiétude, Fabrice Ladoux étant considéré comme un élève « sans problème » et jamais en retard, selon les archives du Monde.
Violé, étranglé et frappé à la tête
Ne le voyant pas rentrer du collège, sa mère – il avait perdu son père 18 mois plus tôt – donne l’alerte et contacte la police. Les heures passent et une sourde angoisse s’empare de la famille et des proches du garçon. Des recherches sont lancées aussitôt à Grenoble et aux environs, d’abord infructueuses… Jusqu’à la terrible découverte, deux jours après sa disparition.
Sans doute enlevé à proximité de la rue Général-Mangin, Fabrice Ladoux se rendait au collège des Eaux-Claires (qui n’existe plus aujourd’hui, ne reste que le lycée), rue de Dunkerque. © Google Maps
Le 15 janvier 1989, dans l’après-midi, un promeneur retrouve le corps de Fabrice Ladoux dans une décharge sauvage située dans un petit ravin, en contrebas d’une route de montagne, sur la commune de Quaix-en-Chartreuse, à une quinzaine de kilomètres de Grenoble. D’après l’autopsie, le collégien a été violé, avant d’être étranglé et frappé à la tête avec un objet contondant.
Pour seul indice, les policiers et gendarmes, co-saisis du dossier, disposent d’une chaussette de rugby, restée autour du cou du petit Grenoblois. Une maigre piste, qui ne mènera malheureusement nulle part. Le fragment d’ADN prélevé dessus s’avèrera en effet insuffisant pour identifier clairement le meurtrier.
Un lien possible avec les autres « disparus de l’Isère »
Les enquêteurs ont cependant immédiatement fait le lien entre ce meurtre et d’autres affaires semblables. Et plus particulièrement trois d’entre elles : Ludovic Janvier, 6 ans, disparu le 17 mars 1983 à Saint-Martin‑d’Hères ; Grégory Dubrulle, 8 ans, enlevé à Grenoble, agressé et laissé pour mort le 9 juillet 1983 ; Charazed Bendouiou, 10 ans, disparue le 8 juillet 1987 à Bourgoin-Jallieu.
Tous font partie de ce que l’on appelle « les disparus de l’Isère », désignant une dizaine de cas de disparition et meurtre d’enfants, âgés de 5 à 15 ans, dans les années 1980 et 1990, en Isère. Des dossiers qui, pour la plupart, ont rejoint les cold cases transmis au pôle national dédié à ces affaires non résolues, créé en mars 2022 à Nanterre.
Pour le pôle « cold cases » comme pour l’avocat de la famille, le meurtre de Fabrice Ladoux constitue peut-être la clé des « disparus de l’Isère ». Car c’est la seule affaire pour laquelle les enquêteurs disposent à la fois d’un corps et d’ADN. Plus de trois décennies après, tous espèrent donc plus que jamais une avancée décisive.