TRIBUNE LIBRE – Au nom du collectif Demain Grenoble, Hakima Necib adresse au maire de Grenoble Éric Piolle une lettre ouverte intitulée « la trahison » pour dénoncer ses décisions politiques, dont la forte hausse de la taxe foncière. Ancienne élue grenobloise lors du troisisème mandat du maire Michel Destot et figure du Parti socialiste isérois, Hakima Necib a quitté le mouvement en mai 2022 pour marquer son refus d’une alliance avec la France insoumise dans le cadre des élections législatives.
Après un premier mandat consacré selon vous « au redressement de Grenoble », vous avez de nouveau sollicité les suffrages des Grenoblois en 2020. Vous nous avez alors présenté un panorama élogieux de votre action accompagné d’un flatteur bilan financier.
Vous avez présenté votre « Projet en Commun » articulé autour de trois axes : protéger les biens communs, garantir les sécurités, cultiver l’émancipation et donner du sens à l’action. Au-delà de la diversité des actions proposées et de leur pertinence, l’absence de chiffrage budgétaire caractérisait votre ambitieux programme et à aucun moment vous n’en avez présenté les conséquences sur la fiscalité locale.
« Mettez vos actes en cohérence avec vos principes »
Vous qui déclariez, dans un grand média télévisuel que « les impôts locaux ce sont les plus inégalitaires et donc nous ferons les choix qu’il faut pour ne pas augmenter les impôts », vous allez proposer au vote du conseil municipal de mars prochain, une augmentation de 25 % du taux des taxes foncières qui s’additionneront aux augmentations de revalorisation des bases locatives, sans tenir compte de l’inflation et du coût de l’énergie.
Vous qui prônez, à juste titre l’exigence de l’éthique en politique, vous reniez donc vos engagements et trompez les Grenoblois. Enhardi par le fait que vous avez annoncé ne faire que deux mandats, vous n’aurez pas à assumer cette décision. C’est contraire au principe de responsabilité.
Vous qui appelez de vos vœux une démocratie plus vivante, participative, mettez vos actes en cohérence avec vos principes : présentez un projet aux habitants qui réponde à leurs attentes, prépare l’avenir, chiffrez-le, et consultez les Grenoblois ! Vous qui êtes attaché aux référendums d’initiative populaire. Osez la consultation de tous !
« Votre fuite en avant – fiscale – signe l’échec de votre projet politique »
L’incongruité budgétaire et fiscale que vous vous apprêtez à commettre, dans un contexte de crise du pouvoir d’achat, signe l’échec de votre projet. Ils sont le signe d’un aveuglement qui vous porte à assimiler propriétaires fonciers et riches.
L’immense majorité des Grenoblois qui ont pu devenir propriétaires de leur logement ne le doivent qu’à leur travail, à une épargne patiemment accumulée. Le logement c’est du travail cristallisé, c’est une garantie pour les temps difficiles, pour une retraite méritée. Grenoble connaît déjà le plus fort taux d’imposition des villes de plus de 100 000 habitants.
Avez-vous réalisé une étude d’impact ? Percevez-vous les effets induits sur l’attractivité de la ville, sur la répartition entre locataires et propriétaires, sur le marché immobilier, sur le renchérissement à terme des loyers. Votre mesure est impréparée !
« Votre dogmatisme nous coûte trop cher ! »
Vous qui souhaitiez garantir les sécurités, percevez-vous les effets délétères de la hausse de la délinquance dans les quartiers, la dégradation du cadre de vie des habitants, avec une ville taguée à outrance, des espaces publics salis et souillés ?
Vous qui prétendiez faire de notre Ville une zone de non-fermeture des services publics, vous avez vendu des services publics essentiels et des outils qui ont fait l’identité de Grenoble : GEG, Minatec, Alpexpo, Grenoble Habitat. Vous avez même abandonné certaines structures socio-culturelles comme le Ciel et le Plateau.
Vous qui appeliez à de nouvelles dynamiques territoriales, à des partenariats réaffirmés, vous avez inscrit Grenoble dans une conflictualité avec les décideurs publics et privés, avec l’État, la Région, le Département et la Métropole. Ces institutions disposent de compétences majeures dans l’aménagement de nos territoires, que vous pouvez saisir mais vous préférez nous priver de nombreuses ressources. Votre dogmatisme nous coûte trop cher !
Il ne permet pas de se rassembler pour le bien commun. Vous avez abîmé Grenoble. Les effets de vos choix politiques et budgétaires ont fracturé le monde culturel, l’éducation populaire, le monde économique. Même les services publics et agents territoriaux souffrent de cette situation.
Vous poursuivez pour des raisons budgétaires, au mépris de votre engagement de défense des services publics. Où sont passés ces millions d’euros, entre économies d’échelles, emprunts et vente de plusieurs structures ?
« Votre municipalité n’est plus à gauche »
Monsieur le maire, les Grenoblois méritent attention et considération. Ils attendent de vous présence, proximité, respect des engagements pris et ratifiés par le suffrage universel et non de les abandonner au bord du chemin.
Retirer un projet incompris, rejeté par une majorité, n’est pas se renier c’est écouter et comprendre les difficultés de ses concitoyens. C’est mettre ses actes en cohérence avec ses engagements.
Grenoble n’est plus une Ville pour Tous mais une Ville pour quelques privilégiés. C’est une trahison pour les Grenoblois, car ils constatent que votre municipalité n’est plus à gauche.
Pour le collectif Demain Grenoble, Hakima Necib
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5 réflexions sur « Tribune libre | Lettre ouverte d’Hakima Necib au maire de Grenoble : « votre municipalité n’est plus à gauche » »
C’est tout simplement scandaleux ! L’attitude du maire de Grenoble est tout simplement irresponsable. Sa décision d’augmenter la taxe foncière de 32% est une véritable punition infligée aux propriétaires grenoblois. Sachant que seulement 37% des Grenoblois sont propriètaires de leurs logements, cette décision risque dans un avenir très proche de paupériser Grenoble. Car ces propriétaires ne pourront pas s’acquitter de cette taxe et chercheront à brader leurs biens pour éviter ces augmentations récurrentes. Il ne faut pas se leurrer. Eric Piolle va augmenter cette taxe de manière significative chaque année sans tenir compte de la vie et du bien-être des Grenoblois. Depuis son arrivée à la tête de la mairie, Grenoble est devenue une zone de non-droit où l’injustice, l’incivilité, l’insécurité, la dégradation des biens communs et la détérioration des services publics sont devenues des normes banalisées. Pour s’en rendre compte, un petit tour dans l’ensemble des quartiers de la ville pour voir une ville se tiers-mondisée. C’est une honte ! Comment transformer une ville paisible, prospère et propre en une ville d’un pays du Tiers-monde avec tout cela implique. Bravo à Eric Piolle et à son équipe pour toutes ses réalisations. Continuez à détruire ce que vos parents et grands-parents ont mis des années à construire.
J ai travaillé 40 ans à temps plein et à force d économies, j ai pu acquerir un petit appartement pour mes vieux jours. Le mot « économie » semble inconnu de notre Maire qui pour boucler son budget taxe les grenoblois ! Qui doit taxer le simple citoyen pour boucler son budget ?
Je suis bien d accord avec ce que dit dans sa lettre Mme Hakima Necib. Je suis retraitée et je ne suis rattachée à aucun parti politique, je suis juste pour la justice en tout et de partout..! Cette augmentation de 25 % est inacceptable pour ceux qui ont travaillé et économisé toute une vie pour s acheter un appartement ! De plus je trouve scandaleux de vendre tous les biens de la ville. Du temps de M. Hubert Dubedout Grenoble était propriétaire de beaucoup de biensb, centres aérés, colonies de vacances etc. etc.
C’est l’histoire du PS qui reproche aux écolos de ne plus être à gauche…
Chute de la blague, pour quel motif vous demandez-vous ? Parce qu’ils n’ont pas récolté les fonds suffisants pour mener leur politique, et qu’ils sont donc maintenant acculés à devoir faire augmenter la taxe foncière, un de leurs seuls leviers, pour se financer.
Les autres options ? Négocier avec la Région (Wauquiez, droite), le Département (Barbier, droite) ou la Métropole (Ferrari, centre, depuis qu’il a fait alliance avec la droite pour rester en poste contre l’avis des écolos). Qui d’entre ces trois-là accepterait de financer la politique de Piolle ?
Voilà donc toute la politique du PS : « pour rester à gauche, faites alliance avec la droite ». Qui sera convaincu ?
Ben si, mais à l’extrême gauche. Et ça dès le premier jour.