Grenoble : la colère des rive­rains face aux nui­sances cau­sées par le squat de la rue Antoine-Polotti

Grenoble : la colère des rive­rains face aux nui­sances cau­sées par le squat de la rue Antoine-Polotti

DÉCRYPTAGE - Depuis plusieurs années, des dizaines de Roms vivant dans des cabanons de fortune occupent un terrain privé situé rue Antoine-Polotti, à Grenoble. Touché par un incendie en 2014, puis expulsé en 2018, le squat a, à chaque fois, été réinvesti par de nouvelles familles. Ce en attendant une évacuation avec relogement annoncée depuis de longs mois mais bloquée au niveau judiciaire. Excédés et désespérés par les nuisances, les riverains de la rue Diderot s'estiment abandonnés par les pouvoirs publics.

Anna5tous les prénoms ont été modifiés ouvre la fenêtre de son appartement, rue Diderot, avec une vue imprenable sur le squat de la rue Antoine-Polotti, séparé de l'immeuble par un simple muret. Un geste banal auquel cette mère de famille a pourtant renoncé depuis des années.

"Je n'ai même plus le droit d'ouvrir mes fenêtres ni ma loggia", se lamente-t-elle, les yeux embués et la voix tremblante. En cause, le "bruit permanent" et les "fumées quotidiennes" provenant du camp de fortune où s'entassent actuellement une quarantaine de Roms6selon les estimations de la Ville de Grenoble.

Grenoble : les riverains excédés par le squat de la rue Polotti

Vue du squat de la rue Antoine-Polotti - où vivent actuellement une quarantaine de Roms - depuis la rue Diderot. © Manuel Pavard - Place Gre'net

Ce terrain privé, coincé entre les rues Polotti et Diderot, en contrebas de la rue Félix-Esclangon et à deux pas de l'autoroute A480, est squatté depuis près d'une décennie, malgré de nombreux rebondissements et quelques interruptions. En 2014, un violent incendie avait ainsi conduit à l'évacuation des 55 Roms vivant sur place. Et en 2018, c'était la Ville de Grenoble qui avait ordonné l'expulsion des familles présentes - relogées dans un gymnase - après avoir pris un arrêté d'insalubrité.

Pourtant, à chaque fois, le squat a rapidement été réoccupé par des familles avec enfants, pour la plupart d'origine roumaine. Avec "un turn-over" incessant et "de nouvelles têtes tous les six mois", selon Anna. Mais toujours avec les mêmes nuisances, d'après les habitants de la rue Diderot, aux premières loges.

"Ils brûlent des palettes de bois, des fils électriques, à n'importe quelle heure"

Outre "l'insalubrité et la cour envahie de rats", Anna pointe ainsi "les fumées qui rentrent dans l'appartement" et rendent l'air "irrespirable". "Ils brûlent des palettes de bois, des fils électriques, à n'importe quelle heure", abondent ses voisins Maria et José, retraités. "Souvent, on gueule (sic) par la fenêtre mais on se fait insulter", ajoutent-ils, craignant les conséquences de ces fumées "polluantes" pour leur santé.

Grenoble : les riverains excédés par le squat de la rue Polotti

Les occupants du squat coupent et brûlent régulièrement du bois pour se chauffer, ce qui occasionne des fumées incessantes selon les riverains. DR

Simon, résident d'un appartement acheté en mai 2022 avec sa femme, confirme : "Il y a une odeur de brûlé presque tout le temps, surtout l'hiver car ils se chauffent en brûlant des palettes." Les riverains vivent donc avec les fenêtres fermées en permanence, décrivant "les fumées, la musique à fond, les fêtes, les cris, les bagarres"... Sans oublier les barbecues. "Ils ont carrément amené un cochon vivant qu'ils ont égorgé dans la cour, puis mis sur la broche", s'indigne Anna.

"Pendant le confinement, on devait aérer mais je ne pouvais même plus ouvrir mes fenêtres", témoigne une habitante. "Idem pour ma loggia, qui est noircie. On dirait qu'un train à vapeur est passé."

"Pendant le confinement, on devait aérer mais je ne pouvais même plus ouvrir mes fenêtres", témoigne-t-elle. "Idem pour ma loggia, qui est noircie. On dirait qu'un train à vapeur est passé." La mère de famille se dit ainsi "traumatisée psychologiquement". Une détresse confirmée par ses deux enfants, qui "en ont marre de voir leur mère pleurer".

Poursuivez votre lecture

Il vous reste 77 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.

Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous

Manuel Pavard

Auteur

2 réflexions sur « Grenoble : la colère des rive­rains face aux nui­sances cau­sées par le squat de la rue Antoine-Polotti »

  1. Dans le Sud de Grenoble , on connait aussi cela : le mépris de Piolle et de son équipe, pour qui Grenoble et les Grenoblois n’ont d’autres consi­dé­ra­tions que le paie­ment d’une taxe fon­cière dis­pro­por­tion­née par rap­port aux ser­vices non ren­dus (pro­preté, sécu­rité, cadre de vie etc…)
    A ce jour pour 100 m² dans le 38100 aban­donné : 2000 € (plus 30% égal 2600 !!!).

    sep article
  2. sep article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Quarante-trois Roms évacués d'un squat à Grenoble
Dix-sept adultes et 26 enfants roms éva­cués d’un squat, route de Lyon à Grenoble

  FLASH INFO - Un squat situé 2 route de Lyon à Grenoble a été évacué par les forces de l'ordre dans la matinée du Lire plus

Les Roms habitant rue Antoine Polotti ont été expulsés de leur campement par les forces de l'ordre le 4 juillet au matin. Crédit photo : Samuel Ravier.
Visées par un incen­die, puis expul­sées d’un squat, des familles roms ont été relo­gées dans un gymnase

FOCUS - Plusieurs familles de Roms qui avaient quitté le quartier Mistral suite à l'incendie criminel de leur campement ont été expulsées le 4 juillet Lire plus

Le squat du 62 rue des Alliés Une © Florent Mathieu - Place Gre'net
Squats : la mort de Mélinda relance le débat sur la prise en charge des Roms

DÉCRYPTAGE - Le 5 septembre, une adolescente rom de 14 ans trouvait la mort, électrocutée alors qu'elle faisait sa toilette dans une pièce du squat Lire plus

Grenoble : violent incen­die dans un squat, quatre bles­sés dont un enfant de 12 ans sévè­re­ment brûlé

FLASH INFO - Un violent incendie s'est déclaré ce lundi 2 janvier 2023 dans un bâtiment désaffecté squatté par des familles roms, à Grenoble. Le Lire plus

Incendie de Richardson: l'heure des comptes. Photo depuis le campement des Roms rue des Alliés qui révèle la proximité avec l'entrepôt Richardson incendié © Séverine Cattiaux - Place Gre'net
Incendie de Richardson à Grenoble : après le retour des Roms dans leur cam­pe­ment, l’heure des comptes

FOCUS - Après l'incendie survenu samedi 20 novembre 2021 dans le campement de Roms ayant entraîné la destruction de l'entrepôt de Richardson à Grenoble, l'heure Lire plus

Près de quinze jours après leur expul­sion, les familles roms du 130 cours Berriat tou­jours sans loge­ments stables

FIL INFO – Près de quinze jours après leur expulsion, les familles avec enfants qui occupaient le 130 cours Berriat à Grenoble n'ont toujours pas Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !