Quatre artistes contemporains livrent leur vision "De la nature" au Musée de Grenoble jusqu'au 19 mars 2023

Quatre artistes contem­po­rains livrent leur vision « De la nature » au Musée de Grenoble

Quatre artistes contem­po­rains livrent leur vision « De la nature » au Musée de Grenoble

FOCUS – Le Musée de Grenoble pré­sente sa nou­velle expo­si­tion tem­po­raire, inti­tu­lée De la nature, jus­qu’au 19 mars 2023. L’occasion de réunir quatre artistes contem­po­rains qui n’ont jamais été expo­sés ensemble aupa­ra­vant : Wolfgang Laib, Philippe Cognée, Giuseppe Penone et Cristina Iglesias. Tous livrent leur vision artis­tique de la nature, un thème qui remonte aux pre­mières heures de la créa­tion humaine.

À l’heure où des acti­vistes pro­jettent de la purée ou de la soupe sur des œuvres d’art au nom de la défense de l’en­vi­ron­ne­ment, le Musée de Grenoble pré­sente une grande expo­si­tion sur le thème « De la nature ». Un inti­tulé qui pose clai­re­ment son sujet. Mais qui, avec l’u­sage du déter­mi­nant « de », met éga­le­ment en avant le parti-pris avec lequel celui-ci sera traité.

"De la nature", une nouvelle exposition au Musée de Grenoble. Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble, et Sophie Bernard, conservatrice en chef en charge de l'art contemporain, présentent l'exposition De la nature devant une fleur de Philippe Cognée. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Guy Tosatto, direc­teur du Musée de Grenoble, et Sophie Bernard, conser­va­trice en chef en charge de l’art contem­po­rain, pré­sen­tant l’ex­po­si­tion De la nature devant une fleur de Philippe Cognée. © Florent Mathieu – Place Gre’net

C’est en effet le regard posé sur la nature par quatre artistes contem­po­rains qui consti­tue l’âme du nou­veau ren­dez-vous du Musée. Des artistes qui ont fait l’ob­jet d’une expo­si­tion au cours des vingt der­nières années : l’al­le­mand Wolfgang Laib (en 2008), le nan­tais Philippe Cognée (en 2012), l’i­ta­lien Giuseppe Penone (en 2014) et l’es­pa­gnole Cristina Iglesias (en 2016).

De la nature… et de l’artiste

Une fois encore, c’est donc à une expo­si­tion réso­lu­ment tour­née vers l’art contem­po­rain que le Musée de Grenoble convie ses visi­teurs. Quand bien même, rap­pelle son direc­teur Guy Tosatto, la nature est un thème « éter­nel, voire immé­mo­rial ». Depuis les pein­tures rupestres jus­qu’aux créa­tions les plus récentes, elle est en effet omni­pré­sente dans la créa­tion humaine, par­fois en s’in­té­grant à elle, par­fois en la distanciant.

Si la nature est évi­dem­ment au cœur des pré­oc­cu­pa­tions éco­lo­giques, Guy Tosatto invite à ne pas limi­ter sa lec­ture de l’ex­po­si­tion à cette seule ques­tion : « Les artistes nous entraînent dans une autre dimen­sion, peut-être plus essen­tielle. Celle de ce des­tin com­mun que nous par­ta­geons avec l’u­ni­vers qui nous entoure. Un regard trans­cen­dant face à cette nature, source de rêve et de nour­ri­ture à la fois maté­rielle et spi­ri­tuelle. »

La trans­cen­dance, c’est en effet ce qui habite les créa­tions de l’ex­po­si­tion De la nature, au-delà des styles et des dis­ci­plines des artistes, réunis pour la pre­mière fois dans une expo­si­tion. Même si un par­cours marque une fron­tière entre cha­cun des univers.

Philippe Cognée entre fleurs et châ­teaux de sable

La porte d’en­trée “De la nature”, c’est Philippe Cognée qui la tient aux visi­teurs, seul peintre de l’ex­po­si­tion auquel sont consa­crées plu­sieurs salles. Ce choix pour­rait sur­prendre au pre­mier abord, le Nantais étant connu pour des repré­sen­ta­tions de pay­sages urbains à la cire d’a­beille, une tech­nique qui donne à ses tableaux une vibra­tion unique et une impres­sion d”“immobilité du mouvement”.

"De la nature", une nouvelle exposition au Musée de Grenoble. Philippe Cognée évoque ses paysages enneigés et son processus de création. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Philippe Cognée évoque ses pay­sages ennei­gés et son pro­ces­sus de créa­tion. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pourtant, Philippe Cognée sait aussi repré­sen­ter la nature, comme en témoignent les fleurs gigan­tesques qui ouvrent l’ex­po­si­tion. Un tra­vail sur pho­to­gra­phies, autre méthode de créa­tion du peintre, qui donne une nou­velle vie à des fleurs fanées. Et dont les formes tour­men­tées et les cou­leurs plus ou moins vives peuvent évo­quer un der­nier som­meil… comme une meur­tris­sure des chairs.

Philippe Cognée dépeint aussi des pay­sages ver­doyants ou ennei­gés, par­fois mar­qués par les influences du Bénin où l’ar­tiste a passé son enfance, ou le hasard d’un cli­ché à tra­vers la fenêtre d’un train. Sans oublier une série de Châteaux de sable, « méta­phores de nos civi­li­sa­tions aux fon­da­tions vacillantes et que l’eau et le vent emportent peu à peu », décrit le Musée de Grenoble.

De Wolfgang Laib à Cristina Iglesias

L’univers de Wolfgang Laib se déploie, pour sa part, dans une appa­rente sim­pli­cité autour de des­sins sur fond blanc presque imper­cep­tibles, où l’ar­tiste invite à « tra­ver­ser la rivière » (Crossing the river), comme une « aspi­ra­tion à la pureté ». Au milieu de la salle qui lui est dédiée, une masse noire ovoïde de deux tonnes inti­tu­lée Brahmanda évoque quant à elle la « jeu­nesse du monde », selon Sophie Bernard, conser­va­trice en chef char­gée de l’art moderne et contemporain.

Wolfgang Laib auprès de son carré de pollen. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Wolfgang Laib auprès de son carré de pol­len. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Mais Wolfgang Laib expose éga­le­ment l’un de ses fameux « car­rés de pol­len », une réa­li­sa­tion qui par­court la vie et la car­rière de l’ar­tiste. Le pol­len irra­die en effet la créa­tion de cet ancien méde­cin, au même titre que d’autres élé­ments. « Wolfgang Laib dit d’ailleurs que peu importe que cela soit démodé, il conti­nuera à faire des car­rés de pol­len », rap­pelle Sophie Bernard. Qui sou­ligne les influences de la culture orien­tale et de la médi­ta­tion dans l’œuvre du créateur.

Cristina Iglesias, de son côté, déploie une œuvre ori­gi­nale à l’oc­ca­sion de l’exposition De la nature. Et même « un temple », s’a­muse Guy Tosatto, presque décon­te­nancé par le volume de l’œuvre de la sculp­trice espa­gnole qui, quelques heures avant le ver­nis­sage, était encore en cours d’installation.

Cristina Iglesias en plein installation de sa Chambre minérale humide. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Cristina Iglesias en plein ins­tal­la­tion de sa Chambre miné­rale humide. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Son nom ? Chambre miné­rale humide. Une créa­tion dans laquelle les visi­teurs pour­ront péné­trer. L’occasion de décou­vrir cette « chambre étrange et secrète, à la fois miné­rale et suin­tante d’humidité, orga­nisme archi­tec­turé et pri­mi­tif, para­doxal, où le trompe‑l’œil est une invi­ta­tion au voyage adres­sée à l’esprit », décrit le Musée de Grenoble. Le tout accom­pa­gné de tra­vaux sur cuivre de l’ar­tiste, éga­le­ment inédits.

Giuseppe Penone et ses « esprits de la forêt »

L’exposition se conclut enfin sur une grande salle dédiée à Giuseppe Penone. Au mur, de grands “tableaux”, ses Verde del bosco, affichent des empreintes d’é­corce d’arbres réa­li­sées avec de la chlo­ro­phylle. En résultent des repré­sen­ta­tions de forêts comme fan­to­ma­tiques, où règne un désordre para­doxa­le­ment har­mo­nieux, par­fois trou­blé par une pré­sence humaine déli­cate au tra­vers d’un mor­ceau de tissu ou de vêtements.

Les esprits de la forêt de Giuseppe Penone. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Les esprits de la forêt de Giuseppe Penone. © Florent Mathieu – Place Gre’net

À ces œuvres répondent les Gesti vege­tali, des sculp­tures fon­dues et tour­men­tées qui émergent de pots de terre parmi la (timide) végé­ta­tion. Dans le dyna­misme des formes, ces « esprits de la forêt » donnent l’im­pres­sion d’es­sayer de s’é­le­ver vers le ciel, aspi­ra­tion natu­relle de la plu­part des végé­taux, voire de quit­ter leur condi­tion pour deve­nir humains à leur tour.

On l’aura com­pris, De la nature ne s’ins­crit pas dans une seule inter­pel­la­tion poli­tique ou éco­lo­gique, quand bien même cette ques­tion se pose for­cé­ment aux artistes comme aux visi­teurs. Mais retrace au tra­vers de quatre sen­si­bi­li­tés les approches pen­sées ou mys­tiques de la nature comme source d’ins­pi­ra­tion, de rêve ou d’éner­gie créa­trice. Une expo­si­tion à voir (et revoir) jus­qu’au 19 mars 2023.

Florent Mathieu

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