EN BREF – Décriée pour sa cruauté, la vénerie sous terre du blaireau consiste à traquer l’animal dans son terrier, avant de l’achever à l’arme blanche. Une pratique autorisée de l’ouverture générale de la chasse, en septembre, jusqu’au 15 janvier, et durant une période complémentaire dans certains départements. C’était le cas jusque-là en Isère. Mais cette période, prévue initialement du 1er juillet au 14 septembre 2022 et du 15 au 29 juin 2023, n’a pas été approuvée par le préfet dans son nouvel arrêté sur la campagne de chasse 2022 – 2023. Une victoire pour l’association France nature environnement, qui reste néanmoins mobilisée pour l’interdiction de ce mode de chasse.
C’est une « première victoire pour le blaireau en Isère » et une « lueur d’espoir », se félicite France nature environnement (FNE) Isère. Dans un communiqué daté de ce mardi 28 juin 2022, l’association salue la décision du préfet de l’Isère d’abandonner la période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau. Celle-ci ne figure pas en effet dans son nouvel arrêté relatif à la chasse pour la campagne 2022 – 2023, signé le 20 juin.
En France, la pratique est autorisée de l’ouverture générale de la chasse, à la mi-septembre, jusqu’au 15 janvier, mais aussi, dans de nombreux départements, durant une période complémentaire. En Isère, celle-ci était initialement prévue – comme la saison précédente – du 1er juillet au 14 septembre 2022 et du 15 au 29 juin 2023, dans le projet d’arrêté préfectoral soumis à consultation publique… Avant que le préfet n’y renonce in fine dans la version définitive.
« Les chiens acculent les blaireaux dans leur terrier (…). Les chasseurs creusent alors jusqu’à atteindre les blaireaux, parfois après plusieurs tentatives et plusieurs heures. Ils les attrapent avec une pince métallique puis les tuent, généralement à l’arme blanche. »
Si FNE Isère et FNE AuRA (Auvergne-Rhône-Alpes) sont fortement mobilisées dans ce combat, c’est car la vénerie – communément appelée « chasse à courre » – sous terre du blaireau est un mode de chasse largement décrié et controversé. « Une pratique cruelle, d’un autre temps, et particulièrement violente », dénoncent ainsi les associations.
« La vénerie sous terre consiste à lâcher des chiens de chasse aux abords d’une entrée de terrier », explique FNE. « Les chiens acculent les blaireaux et aboient, de sorte que les chasseurs parviennent à les localiser. Les chasseurs creusent alors jusqu’à atteindre les blaireaux, parfois après plusieurs tentatives et plusieurs heures. Ils les attrapent avec une pince métallique puis les tuent, généralement à l’arme blanche. »
Cette pratique n’est « pas justifiée par des raisons objectives », selon FNE Isère
Recourir à cette pratique n’est « pas justifié par des raisons objectives », affirme en outre l’association, qui bat en brèche les arguments de ses partisans. « Le département du Bas-Rhin, qui a interdit la chasse du blaireau depuis quinze ans déjà, n’a à ce jour constaté aucun dégât majeur sur les parcelles agricoles, ni aucune surpopulation de l’espèce », illustre-t-elle.
Ce constat se vérifie également dans les pays européens voisins. FNE Isère cite ainsi les pays ayant interdit la vénerie sous terre du blaireau, comme l’Italie, la Belgique et l’Espagne, où l’animal fait l’objet d’une protection légale. Cette chasse n’a par ailleurs « aucun effet préventif sur la tuberculose bovine, selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) », souligne l’association.
Les associations de protection de la nature réclament l’interdiction de la vénerie sous terre
Sophie D’Herbomez-Provost, bénévole à FNE Isère et membre de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS), espère maintenant que la décision du préfet de l’Isère soit « pérenne et et généralisée à l’ensemble des départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est une excellente nouvelle, mais il faudra aller plus loin », estime-t-elle.
Les associations de protection de l’environnement militent en effet pour l’interdiction totale de la vénerie sous terre du blaireau, déjà demandée récemment par le sénateur écologiste de l’Isère Guillaume Gontard ainsi que par les députés de La France insoumise. « Il est aujourd’hui inconcevable que des pratiques aussi violentes contre une espèce protégée au titre de la convention de Berne, soient encore autorisées en France », déplore Sophie D’Herbomez-Provost. Et celle-ci de promettre : « Nous poursuivrons notre mobilisation. »
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