CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 38 du lundi 12 septembre 2022, retour sur les relations entre la Ville de Grenoble et le Dal (Droit au logement) 38.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 38 sur le Dal 38 en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler des relations entre la Ville de Grenoble et l’association Droit au logement Isère. Et cela à l’occasion d’une nouvelle action de l’association en question. Cette dernière accompagne l’occupation de l’ancienne école Jean-Macé de Grenoble par une trentaine de familles.
Sans solution de logement, elles avaient déjà séjourné sur l’esplanade de la caserne de Bonne au mois de juin, avant d’être hébergées par la Ville de Grenoble à la salle Rouge. Mais la solution n’étant que temporaire, elles se sont tournées vers cette école début septembre.
La municipalité porte plainte contre cette installation dans l’ancienne école
Le problème, c’est que l’école n’était pas aussi vide que le pensait le Dal. En prenant possession des lieux, les familles ont découvert un logement habité. En l’occurrence, un appartement de fonction où vit une institutrice.
Bien organisés, les squatteurs ont changé la serrure de l’école… et ont fait passer un double des clés à cette enseignante, pour qu’elle puisse toujours accéder à son lieu de vie. Mais la Ville de Grenoble a aussi fait savoir que l’école avait vocation à accueillir des associations. Et donc, en tant que propriétaire, a annoncé porter plainte.
Une plainte, c’est paradoxal, qui s’accompagne d’un soutien. Nicolas Beron-Perez, conseiller municipal délégué au Logement, s’est fendu d’un courrier pour expliquer les raisons de cette plainte. Tout en affirmant soutenir les revendications du Dal 38 !
L’élu, par ailleurs vice-président à la Métropole, reprend même le slogan du Dal : “Un toit, c’est un droit !”.
Ce qui illustre des relations complexes entre les deux acteurs
De son côté, le Dal épargne volontiers la Ville de Grenoble, en rappelant que c’est l’État, et non les collectivités, qui est compétent en matière d’hébergement d’urgence. La municipalité, qui ne cesse de renvoyer l’État vers ses responsabilités, en matière d’hébergement mais aussi de sécurité, ne peut qu’abonder dans le sens de l’association.
Ce qui illustre des relations complexes entre les deux acteurs. Les rapports ont souvent été tendus entre la Ville de Grenoble et le Dal. En avril 2019, l’occupation des anciens locaux du Crédit agricole s’était soldée par une intervention musclée des forces de l’ordre. Fin 2020, l’installation, cette fois, dans un immeuble du quartier de l’Abbaye avait conduit à la coupure du chauffage en plein hiver.
D’un autre côté, en mai 2019, la municipalité avait adopté un arrêté anti-expulsions, largement inspiré des revendications du Dal. Et semble sur le point d’en mettre en place un second, le premier ayant été cassé par le tribunal administratif.
Le NPA soutient le Dal
En somme, l’équilibre s’avère compliqué pour la Ville, qui ne veut pas désavouer le Dal sur le fond, mais réagit parfois fermement sur la forme. Le tout face à une association qui défend les mal-logés, évidemment… mais aussi un propos politique.
Quelques-uns de ses membres influents et historiques sont en effet liés au NPA (Nouveau Parti anticapitaliste). Un parti qui, ce matin même, publiait un communiqué pour soutenir l’occupation de l’école et exiger de la Ville qu’elle retire sa plainte.
Bref, les signaux contradictoires que s’envoient les uns et les autres ont de quoi dérouter. Et l’on se s’étonnera pas si, quelquefois, les journalistes ont l’impression d’être à la rue ! »
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