ENQUÊTE - La saison de la chasse s'est ouverte ce dimanche 11 septembre 2022 en Isère et dans une large moitié sud de la France. Sept mois après la mort tragique d'une randonneuse de 25 ans, tuée accidentellement par une chasseuse de 17 ans, en février, dans le Cantal, les débats sur l'encadrement de la pratique sont plus vifs que jamais. En Isère, où un accident avait coûté la vie à un étudiant en 2015 à Revel, les associations de protection de la nature et la Fédération départementale des chasseurs proposent ainsi, chacune de leur côté, des mesures de prévention et de sécurité. Objectif : mieux partager le temps et l'espace. Mais leurs sérieuses divergences de fond illustrent la difficile cohabitation entre chasseurs et promeneurs.
"Une randonneuse de 25 ans, qui se promenait sur un sentier autorisé, est tuée par une jeune fille de 17 ans à qui on permet d'utiliser des armes de gros calibre. Est-on dans un pays civilisé ?" La colère de Marie-Paule de Thiersant, présidente de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Auvergne-Rhône-Alpes, résume un sentiment largement partagé vis-à-vis des chasseurs, alors que la nouvelle saison de chasse vient d'ouvrir ce dimanche 11 septembre dans 47 départements (dont l'Isère) de la moitié sud de la France.
Car si chaque accident ravive la polémique, celui qui avait coûté la vie à cette jeune Aveyronnaise, le 19 février 2022, dans le Cantal, avait suscité une très vive émotion. En cause notamment, le profil de la chasseuse, une lycéenne de 17 ans mise en examen pour homicide involontaire.
Le fossé entre "pro" et "anti-chasse" ne cesse ainsi de se creuser. Et ce ne sont pas les propos du président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, appelant le 6 mai 2022, sur LCP, les promeneurs à "se balader chez eux", qui risquaient d'atténuer la controverse.
Quatre-vingt accidents de chasse, dont sept mortels, lors de la saison 2020-2021
"Ce drame insupportable a ruiné deux familles", se lamente la présidente de la LPO AuRA. "Mourir à 25 ans, c'est une tragédie, et c'est terrible également pour la chasseuse, qui va porter ça toute sa vie", acquiesce Sophie D'Herbomez-Provost, représentante de France nature environnement (FNE) Isère à la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS).
Ce drame, survenu trois mois et demi après la mort d'un automobiliste, victime d'une balle perdue alors qu'il circulait entre Rennes et Nantes, est venu en outre gonfler une trop longue liste. L'Office français de la biodiversité (OFB) a en effet recensé 80 accidents de chasse, dont sept mortels, lors de la saison 2020-2021. Deux chiffres certes en forte baisse depuis plus de vingt ans - à comparer à 39 décès en 1999-2000, par exemple - mais à nuancer en raison d'une pratique réduite du fait des confinements successifs.
À Revel, le chasseur "disait ne pas comprendre ce qu'on lui reprochait"
Et si la grande majorité des victimes sont des chasseurs (86 % en 2020-2021), on dénombre néanmoins treize non-chasseurs tués depuis 2013 en France, le plus souvent des promeneurs morts d'une balle perdue. Comme d'autres départements, l'Isère n'échappe d'ailleurs pas au phénomène. En octobre 2015, un étudiant grenoblois de 20 ans avait ainsi été tué accidentellement par un chasseur à Freydières, sur la commune de Revel, alors qu'il marchait sur un sentier de randonnée avec un ami.
À l'époque, ce décès tragique avait lui aussi ému l'opinion publique, choquée par la ligne de défense du chasseur qui "disait ne pas comprendre ce qu'on lui reprochait", rappelle Sophie D'Herbomez-Provost. Condamné à un an de prison ferme et deux ans avec sursis en 2019, le sexagénaire avait ainsi nié jusqu’au bout avoir directement tiré en direction du chemin, prétendant avoir visé vers un talus où il avait cru apercevoir un chevreuil.
"L'accident dans le Cantal, c'est un meurtre"
La bénévole et juriste à FNE Isère regrette la "faiblesse des peines" généralement prononcées contre les chasseurs. "S'ils savaient qu'ils risquaient cinq à dix ans de prison, ça les calmerait peut-être", estime-t-elle, citant le cas du chasseur condamné à six mois de prison ferme, en février 2022, pour avoir grièvement blessé un promeneur de 25 ans, quatre mois plus tôt, en Haute-Savoie.
Pour Marie-Paule de Thiersant, "on a peur d'employer les vrais mots mais l'accident dans le Cantal, c'est un meurtre". Si elle "ne commente jamais les décisions de justice", la présidente de la LPO AuRA se félicite toutefois que "les derniers jugements soient beaucoup plus lourds". En effet, confirme Sophie D'Herbomez-Provost, "il y a quinze-vingt ans, quand un chasseur écopait de deux ou trois ans de retrait de permis, c'était le maximum".
Le "sentiment d'insécurité" croissant des promeneurs
Pourtant, à rebours des statistiques nationales et donc de l'aggravation des peines, cette dernière évoque, comme beaucoup, le "sentiment d'insécurité" croissant des promeneurs et autres usagers de la nature. "Il y a dix ou vingt ans, on n'y pensait pas autant en se baladant", se souvient celle qui se dit maintenant sur ses gardes à chaque promenade.
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9 réflexions sur « Accidents de chasse : en Isère, la difficile cohabitation entre chasseurs et promeneurs dans les espaces naturels »
Bravo Manuel de lever le voile sur la chasse qui ne remet pas en cause… vous allez en prendre plein la figure, c’est une violence de tirer à l’arme de guerre dans des bois fréquentés par tous . C’est juste une.. évidence,
Et ne parlons même pas des protections en tout genre dont ils bénéficient. Ni des inepties scientifiques qui circulent dans leurs rangs,
Donc,
Si vous êtes non chasseur, vous avez 400 fois plus de risques de mourir d’homicide que d’une balle perdue (attention, le cercle familial est le plus dangereux), 1500 fois plus de risques de mourir d’un accident de la route, donc il vaut mieux rester chez soi, mais pas du tout car vous avez 10000 fois plus de risque de mourir d’un accident domestique. c’est statistique donc vérifiable et incontestable. Conclusion : si vous voulez profiter de la vie, allez vous balader en forêt même pendant la période de chasse, mais surtout n’y allez pas en voiture.
Travailler sur la peur des gens et la peur de l’autre a toujours correspondu aux heures les plus noires de l’humanité, ne vous laissez pas manipuler.
Comparaison n’est pas raison. Les risques s’ajoutent 😉
Ds les cités combien de tuer par balles ????? ACCIDENT cregardez la définition ds dictionnaire
Je ne suis pas contre la chasse ‚mais a l’ancienne le gars qui part avec son chien et son fusil, il se promener qu’il y est du gibier ou pas ‚et respectueux des autres.dans ma région ils chassent avec des armes de guerre gros calibre portée 3 kms alors que ma maison la plus éloignée est a 300 métres “ous ne sommes pas dansla brousse a chasser l elephant„les gens ont peur ‚le jour où tous ces têtes pensentes aurons compris qu’il faut supprimer ces carabines il y aura beaucoup moins d’accidents
Vous êtes dans le vrai chaque accident est un drame.
Arrêtons tous les accidents.
Plus de chasse d’alpinisme de VTT de baignade de travaux domestiques etc…
Restons chez nous prostré reclu à l’écoute de cette société de trouillard
La différence entre un accident de VTT ou de baignade et un accident de chasse, c’est que les premiers concernent directement ceux qui prennent des risques alors que le promeneur se fait tirer dessus… Ce n’est pas tout à fait pareil.
Vous déverser avec hargne votre haine de la chasse et des chasseurs avec pour exemples les 13 décès de non chasseurs(depuis 2013) et certes ce sont 13 décès de trop, mais on ne vous entends pas concernant les centaines de décès liés aux feminicides et autres chauffards !!! Peut être qu’un peu de votre énergie anti chasse permettrait de lutter un peu plus contre les deux fléaux cités plus haut… Contrairement à ce que vous affirmer(pour attiser encore plus les choses!!) Chasseurs et promeneurs cohabitent très bien dans de nombreux départements ( doubs, hte saone, territoire belfort, etc) de nombreuses manifestations nature sont organisées et se déroulent sans aucun problème. Mais quand la mauvaise foi est là… Bonnes randonnées et bonnes chasses en bonne harmonie
Si, contrairement à ce que vous affirmez, nous avons très souvent traité le sujet des féminicides, comme vous pourrez le vérifier : https://www.placegrenet.fr/?s=f%C3%A9minicides De même que la délinquance de la route. Nous ne nous interdisons aucun sujet et c’est pourquoi nous avons abordé le sujet de la chasse à l’occasion de la nouvelle saison qui démarre. Nous n’avons jamais dit qu’il n’y avait pas de manifestations organisées en commun avec certaines fédérations. L’article explique d’ailleurs bien qu’il y a une réflexion pour un meilleur partage du territoire mais, en l’état, beaucoup de promeneurs et de VVTistes, mais aussi les propriétaires des terrains sur lesquels ont lieu la chasse, ont peur de se promener en forêt durant la plus grabde partie de l’année, ce qui reste un problème, vous le concèderez.