FOCUS – Suite à sa chronique sur les ondes de France Bleu Isère en octobre 2021, Jean-François Noblet a été condamné pour diffamation vendredi 29 juillet 2022. Le militant écologiste avait accusé le Département de l’Isère de remettre au goût du jour des « chasses présidentielles » sur une parcelle de la réserve naturelle des Plateaux du Haut-Vercors.
« Je constate qu’il est très difficile de s’opposer à l’ouverture de la chasse décidée par les élus du conseil départemental ». Ainsi s’exprimait le militant écologiste Jean-François Noblet, vendredi 29 juillet, au sein du palais de justice de Grenoble.
Quelques minutes auparavant, la justice lui avait signifié sa condamnation pour diffamation à l’encontre de Jean-Pierre Barbier et Fabien Mulyk, respectivement, président et vice-président du Département de l’Isère.
Rappel des faits : le 18 octobre 2021, Jean-François Noblet dénonçait, dans une chronique sur les ondes de France Bleu Isère, l’autorisation de la chasse aux cerfs sur une parcelle de la réserve naturelle des Plateaux du Haut-Vercors.
Une autorisation décidée par le Département, propriétaire de la parcelle en question. Et Jean-François Noblet de suspecter la mise en place d’une « chasse présidentielle accessible à des invités ».
Des accusations de « chasses présidentielles » qui ne passent pas
Pour le militant écologiste, la nature de l’association chargée de “prélever” les cerfs sur la parcelle pose question. Celle-ci consiste en effet en une amicale d’agents du Département. De plus, explique-t-il, « la lecture des statuts nous apprend que le président du Conseil départemental et du vice-président Fabien Mulik, tous deux chasseurs, [en] sont membres de droit ».
De quoi susciter la colère de Jean-Pierre Barbier. Le président du Département de l’Isère proteste auprès de France Bleu de la diffusion de telles accusations sans permettre la contradiction.
La chronique est rapidement retirée des ondes, tandis que l’élu, ainsi que le vice-président également visé, annoncent porter plainte contre le chroniqueur. Mais pas contre la radio, quand bien même l’idée aurait été envisagée un temps.
La position du Département ? L’ouverture de la chasse aux cerfs relève d’une obligation, voulue par le plan de régulation de la population de cerfs. Quant aux statuts de l’association, ceux-ci sont « similaires à ceux de n’importe quelle association de chasse ou de pêche portée par une collectivité », répond le Département. En considérant l’évocation de « chasses présidentielles » comme une remise en cause de la probité des élus visés.
4000 euros à verser aux plaignants
La justice partage le point de vue du Département, en considérant que le délit de diffamation est constitué. Jean-François Noblet se voit ainsi condamné à une amende générale de 2000 euros avec sursis. Mais aussi, et surtout, à verser 2000 euros à Jean-Pierre Barbier comme à Fabien Mulyk, en plus d’un euro à titre symbolique. Un jugement sévère, dont le militant écologiste ressort clairement sonné. Ce dernier envisage donc un appel.
« La justice confirme la fausseté des accusations émises. Le Président et le Vice-président n’ont manqué ni à la probité de leurs fonctions, ni aux devoirs de leur charge. Leur honneur est rétabli », réagit le Département par voie de communiqué.
Et d’ajouter : « Si le débat est important, il ne peut cependant être prétexte à porter atteinte à l’honneur et à la réputation des personnes, et la justice vient de le rappeler sans aucune ambiguïté ».
Jean-François Noblet, pour sa part, ne s’étend pas sur les motifs précis de sa condamnation. Mais appelle à partager et signer une pétition en ligne, forte déjà de près de 90 000 signatures, contre le projet d’ouverture de la chasse sur la parcelle.
« Quand nous aurons 100 000 signatures, nous pensons que le conseil départemental arrêtera définitivement la chasse sur cette propriété qui nous appartient à tous », conclut-il.
3 réflexions sur « « Chasses présidentielles » en Isère : le militant Jean-François Noblet condamné pour diffamation »
le seul mérite du confinement est d’avoir permis à la nature de reprendre un peu le dessus et donc la biodiversité et la diminution de la pollution .Les réserves naturel sont des sanctuaires ou l’homme ne doit intervenir que le moins possible car ont doit laisser les équilibres complexes exister .
La Forêt propriété du département dans la réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors n’est pas exploitée depuis 70 ans et on a aucune idée du nombre de cerfs dans cet espace ni aucune preuve de dégâts. La régulation des cervidés relâchés par les chasseurs en 1990 source de dégâts constatés dans le Trièves n’est pas remise en question. Elle est réalisée par les loups dans la réserve naturelle. Elle est donc inutile dans cette réserve
Ministère de l’écologie :
Le cerf et le chevreuil en France sont en forte augmentation depuis 1985, tant en termes d’effectifs que de surface forestière colonisée.
Quand les populations deviennent localement trop importantes, elles peuvent entraîner des dégâts importants sur les surfaces agricoles et forestières ainsi que dans les milieux naturels. La chasse est un moyen de régulation des populations.
https://www.donnees.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lesessentiels/essentiels/faune-flore-cervides.html