DÉCRYPTAGE – Le conseil départemental de l’Isère va soumettre au vote une « charte de la laïcité », ce vendredi 24 juin 2022. Si elle est adoptée, cette charte rendra obligatoire le respect de critères de laïcité pour le versement de subventions départementales. Elle « s’appliquera à tout le monde », assure Jean-Pierre Barbier qui assume toutefois le caractère flou du texte permettant une part de « libre-arbitre ».
Le timing est brûlant, après la récente polémique autour du burkini qui a secoué Grenoble. Ce vendredi 24 juin 2022, le conseil départemental de l’Isère se penchera notamment, en session publique, sur l’adoption d’une « charte de la laïcité ». Mais le président (Les Républicains) du Département de l’Isère, Jean-Pierre Barbier, prévient tout de suite. « Ce n’est pas en réponse au burkini, ni à Éric Piolle ». C’était l’une de ses promesses de campagne aux élections départementales de 2021 alors qu’il était président sortant.
Après la « charte pour la défense des valeurs de la France et de la laïcité » adoptée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et son président Laurent Wauquiez (LR), cette charte de la laïcité iséroise « vient rappeler les règles simples qui protègent contre le communautarisme et le prosélytisme », résume Jean-Pierre Barbier.
Désormais, toute association qui sollicitera une subvention du Département de l’Isère devra ainsi s’engager à y adhérer… et signer un exemplaire du Contrat d’engagement républicain issu de la loi « séparatisme » de 2021.
« C’est une charte et non un règlement »
L’adoption d’une charte similaire avait été refusée par la Ville de Grenoble, en novembre 2020, sur proposition des élus d’opposition Alain Carignon et Émilie Chalas. Puis par la Ville d’Échirolles, quelques semaines plus tard, alors que les élus Rassemblement national avaient soumis l’idée en conseil municipal. Elle avait ensuite été rejetée, mais à une très courte majorité, par le conseil métropolitain en février 2021, au même moment où la loi « séparatisme » était examinée à l’Assemblée nationale.
Cette charte de la laïcité « s’appliquera à tout le monde », insiste Jean-Pierre Barbier… tout en assumant le caractère volontairement flou du texte. « Il y aura le libre-arbitre qui entrera en jeu. C’est une charte, et non un règlement », souligne le président du Département. Qui ne cache pas non plus sa volonté de poursuivre les subventionnements en faveur d’associations de « culture » catholique. « La France est un pays de tradition judéo-chrétienne. Donc, à certains moments, la différence entre le cultuel et le culturel n’existe plus. C’est notre position. »
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