TROIS QUESTIONS À – Tous les établissements scolaires de la capitale verte européenne 2022 baignent dans un air pollué et nocif pour la santé de jeunes, selon une récente étude l’association Respire. À l’occasion de l’annonce de ces mauvaises nouvelles, le maire de Grenoble, Éric Piolle (EELV) s’en est pris à Christophe Ferrari (DVG), président de la Métropole qu’il accuse de tergiverser sur l’arrêt d’une date de sortie du diesel. L’adjoint à l’urbanisme et à la santé Pierre-André Juven a, pour sa part, plaidé pour un « renfort de la politique de report modal » et une aide de la Métropole pour l’achat de véhicules électriques. Contacté ce lundi 14 février par Place Gre’net, Christophe Ferrari n’a pas caché son exaspération face aux donneurs de leçons qu’il a renvoyés dans les cordes.
Place Gre’net | La sortie du diesel apparaît inéluctable pour enrayer la pollution de l’air à Grenoble et dans les zones urbaines de l’agglomération. Pourtant, la Métropole n’a encore rien décidé à ce sujet. Comprenez-vous qu’Éric Piolle vous enjoigne de décider une date de sortie, d’ici 2028 au plus tard ? Selon lui, la Métropole prend du retard par rapport à celles de Lyon, Strasbourg et Montpellier.
Christophe Ferrari : « Nous sommes en train de prendre du retard sur qui ? Sur Strasbourg et Montpellier qui n’avaient pas de ZFE [Zone à faibles émissions, ndlr] ? Sur Lyon dont la ZFE concerne quatre communes dans l’immédiat contre 27 communes du territoire métropolitain grenoblois pour la ZFE concernant les acteurs professionnels et potentiellement 13 communes pour la « ZFE tous véhicules » qui sera mise en place en 2023 ? Sur Paris qui annonce une sortie du diesel et de l’essence en 2030 mais repousse l’interdiction de la circulation des CQA3 au minimum en 2023 ? Sachant que cette interdiction sera mise en place en juillet prochain sur le territoire métropolitain grenoblois pour les acteurs professionnels ?
En France, plus de 40 territoires sont dans l’obligation de mettre en place des ZFE, dont 11 territoires dès 2023 pour les véhicules particuliers. Eric Piolle voudrait faire croire qu’il y a les bons et les méchants, et que nous sommes à la traîne mais qu’il ouvre les yeux !
Je rappelle également à Eric Piolle qu’il avait légalement le pouvoir de mettre en place la ZFE pour les véhicules particuliers sur sa commune à partir de janvier 2021 lorsqu’il a récupéré ses pouvoirs de police relatifs au stationnement et à la circulation. L’a‑t-il mise en place ? Non.
Je rappelle également que la Ville de Grenoble, si elle souhaite agir, peut mettre en place une tarification du stationnement sur voirie plus élevée pour les véhicules encombrants type SUV qui constituent la deuxième source de croissance des émissions de CO2 en France. A‑t-elle été mise en place par la Ville de Grenoble ? Non.
Je rappelle également que nous ne savons pas encore si la Métropole sera compétente en matière de ZFE ou s’il s’agira des communes, celles-ci ayant jusqu’à fin février pour se prononcer. Je n’ai pas la réponse de la Ville de Grenoble aujourd’hui à ce propos.
Dans l’attente, la Métropole poursuit la coordination des réflexions sur la « ZFE tous véhicules » avec treize communes, tous bords politiques confondus. Si toutes les communes en question sont favorables à une sortie du diesel, il n’y a, dans l’immédiat, aucune date qui a fait l’objet d’un consensus entre celles-ci, y compris entre les communes écologistes : 2028, année qui a fait l’objet d’études par la Métropole, 2029 et 2030 ont été évoqués jusqu’à présent. Les discussions doivent se poursuivre.
« C’est normal qu’il y ait débat car il ne s’agit pas d’avancer tête baissée et de mettre en œuvre une mesure anti-sociale : il convient au contraire de proposer, de préparer une batterie de solutions d’accompagnement aux habitants. »
Et c’est normal qu’il y ait débat au sein des communes car le sujet est complexe : la sortie du diesel concerne 100 000 véhicules environ dans notre territoire. C’est normal qu’il y ait débat car toutes les communes ne disposent pas de la même offre de transports en commun, d’offre de vélos, etc. […] C’est normal qu’il y ait débat car il ne s’agit pas d’avancer tête baissée et de mettre en œuvre une mesure anti-sociale : il convient au contraire de proposer, de préparer une batterie de solutions d’accompagnement aux habitants […]
Ces mesures d’accompagnement, non prévues dans le PDU [Plan de déplacement urbain, ndlr] – dont le coût est supérieur à 2 milliards d’euros et reposant aux deux tiers sur des financements extérieurs non acquis (Etat, et Région principalement) –, sont en préparation, avec plusieurs millions d’euros prévus chaque année en ce sens par la Métropole notamment. Est-ce qu’Eric Piolle, au-delà de m’exhorter personnellement, est prêt à sortir ne serait-ce qu’un centime ? Je n’ai eu aucune proposition de sa part en ce sens.
Place Gre’net | La Métropole de Grenoble ne devrait-elle pas redoubler d’efforts pour renforcer sa politique de report modal, comme le suggère Pierre-André Juven, adjoint à l’urbanisme et à la santé de Grenoble ? Ce dernier invite aussi l’EPCI à soutenir l’achat des vélos électriques pour les particuliers. Qu’en pensez-vous ?
Christophe Ferrari : Moi aussi, comme tout le monde, je souhaite qu’il y ait davantage de report modal et le Smmag [Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise, ndlr] travaille pleinement en ce sens. L’enquête ménages déplacements a montré que le report modal représentait 3 % des déplacements et qu’il était même en légère diminution depuis 2010. C’est peu, trop peu, et c’est donc l’un des plus gros enjeux.
C’est la raison pour laquelle le Smmag travaille à la mise en œuvre d’une tarification combinée – attractive pour celles et ceux qui utilisent différentes solutions de transport pour leurs trajets –, comme à multiplier dans le mandat les parkings-relais et les pôles d’échanges multimodaux à l’échelle métropolitaine, dans le Voironnais, le Grésivaudan. Mais aussi à proposer sur ceux-ci, une batterie de solutions de mobilités en complément du tram, du train ou du bus : infrastructures de recharge électrique, vélos à disposition et solutions de stationnement sécurisées pour les cycles, arrêt pour le covoiturage, places dédiées à l’autopartage, etc.
L’enquête ménages déplacements a aussi montré que le recours aux transports en commun n’avait pas bougé en dix ans, que 58 % des déplacements compris entre 1 et 3 kilomètres s’effectuent encore en voiture, contre 64 % pour ceux compris entre 3 et 5 kilomètres. Donc oui, les défis sont énormes, y compris pour développer davantage l’usage du vélo au-delà de Grenoble. Ce qui suppose d’avoir une attention particulière pour tous les territoires. Mais également de rester humbles face aux initiatives publiques mises en œuvre antérieurement et à venir.
« Des communes, dont Claix et Vif, n’ont pas attendu les dispositifs de la Métropole. A l’inverse, la Ville de Grenoble attend tout de la Métropole. »
Sur l’aide aux vélos électriques, je signale que de plus en plus de vélos à assistance électrique sont proposés par le service public local de location de vélos, que la tarification va être révisée pour qu’elle soit beaucoup plus attractive, mais aussi qu’un appel à manifestation d’intérêt a été lancé sur un périmètre de 17 communes. Ceci afin de démultiplier l’offre sur le territoire, à l’aide d’un opérateur privé, et faciliter les trajets moyennes distances que permettent les vélos à assistance électrique.
C’est aussi la raison pour laquelle la Métropole grenobloise a mis en place des aides à l’acquisition de vélos à assistance électrique pour les TPE PME. Des aides que nous venons de renforcer et que nous allons aussi mettre en place pour les particuliers. Des communes, dont Claix et Vif, n’ont pas attendu les dispositifs de la Métropole. A l’inverse, la Ville de Grenoble attend tout de la Métropole.
Place Gre’net | La Région vient de faire savoir qu’elle stoppe son aide à la reconversion des chauffages au bois sur l’agglomération grenobloise, alors qu’il y aurait 12 000 chauffages au bois défectueux dans l’agglomération, une source importante de pollution de l’air. Comment expliquez-vous ce retrait ? Quelle conséquence pour le soutien aux ménages ?
Christophe Ferrari : C’est à la Région qu’il faut poser cette question en sachant que cet arrêt brutal des aides régionales ne concerne pas que la Métropole grenobloise, et ne se limite pas à la Prime Air Bois mais aussi à l’aide à la reconstruction des centres de tri, aux aides à l’acquisition de véhicules faibles émissions, aux aides au développement de réseau de chaleur renouvelable, etc. Cet arrêt concerne aussi les autres métropoles qui avaient mis en place des aides en faveur du renouvellement d’appareils de chauffage au bois non performants.
Mais il est vrai qu’ici nous sommes particulièrement touchés par le désengagement de la Région. Notre Métropole a en effet mis en place beaucoup de solutions d’aides et d’accompagnement en faveur de la transition écologique et de la qualité de l’air notamment, avec le concours de la Région. Je regrette donc profondément ce retrait soudain.
Concernant la Prime Air Bois mise en place par la Métropole, seule la première tranche, qui est sur le point d’être intégralement consommée, à hauteur de 520 000 euros, sera versée par la Région, à l’inverse des tranches suivantes à hauteur de 520 et 515 000 euros qui sont abandonnées. Or, les chauffages bois contribuent à la moitié des émissions de particules fines sur nos territoires, et jusqu’à 75% en hiver lors d’épisodes de pollution.
L’enjeu est donc énorme d’accompagner les habitants pour les aider à changer d’appareils, de l’ordre de 30 % d’entre eux étant des ménages modestes ou très modestes. Pour eux, cumulée avec les autres aides disponibles, la Prime Air Bois versée par la Métropole s’élève à 2 000 euros et permet à ces ménages, qui s’équipent de poêles à granulés, de ne plus avoir aucun reste à charge. Le retrait de la Région vient fortement fragiliser ce dispositif.
Une réflexion sur « Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble : « La sortie du diesel concerne 100 000 véhicules : c’est normal qu’il y ait débat ! » »
que veut Mr. Piolle. ? Mis à part. Sa Capitale Verte .…
de quoi ? À Grenoble , c’est dégueulasse.…
Que fait on Mister Piolle ? Pas grand chose, à part mettre des soit disant Pistes à vélos et trottinettes
qui font n’importe quoi…
Mister Piolle , vite fait, retournez à Pau, vous n’avez rien à faire ici.