EN BREF – Le tribunal de commerce de Grenoble a donné le feu vert à François Feijoo pour une reprise de l’enseigne André. Achetée par le grenoblois Spartoo en 2018, l’enseigne était placée en redressement judiciaire deux ans plus tard. Si les syndicats soutiennent le repreneur, ancien PDG de l’entreprise, l’avenir n’en est pas moins sombre : de nombreux magasins André vont devoir fermer, à commencer par ceux de Grenoble.
La justice a donné le feu vert à François Feijoo. L’ancien PDG d’André était (seul) candidat pour la reprise de l’enseigne, après l’annonce par Spartoo de sa mise en redressement judiciaire au mois d’avril 2020. Mardi 28 juillet, l’offre de reprise a été validée par le tribunal de commerce de Grenoble. François Feijoo a maintenant la lourde tâche de redresser les comptes de l’entreprise… au prix de la fermeture de plusieurs magasins.
Avant sa reprise par Spartoo en 2018, la marque centenaire André était déjà en grande difficulté. En l’espace de deux ans, 80 échoppes sur les 200 que comptait l’enseigne avaient mis la clé sous la porte. Pari perdu pour Spartoo ? Le spécialiste de la vente de chaussures en ligne considère que les manifestations contre la réforme des retraites, les Gilets jaunes et les fermetures sur fond de crise sanitaire l’ont empêché de redresser la barre de l’enseigne.
La stratégie de Spartoo durement critiquée par les syndicats
L’analyse est bien différente du côté des syndicats. « Notre métier c’est chausseur et on ne peut plus le faire correctement, depuis le rachat par ce jeune entrepreneur », estimait il y a peu auprès de Place Gre’net Christophe Martin, délégué syndical CGT. Même son de cloche du côté de Force ouvrière. « Il y a eu des erreurs de stratégie qui font que l’on se retrouve où on en est. C’est beaucoup de gâchis de la part de Spartoo ! », accuse Tania Rome, déléguée FO.
Spartoo, responsable numéro un des difficultés d’André ? Tania Rome rectifie : « Spartoo est responsable de la catastrophe qui mène aujourd’hui 188 salariés à Pôle Emploi. » Des salariés qui, ajoute-t-elle, ont souvent vingt ou trente ans de “maison”. Et risquent d’avoir bien du mal à retrouver du travail, en particulier dans le contexte actuel.
« Il faut remettre les choses dans leur contexte : quand le marché était à moins 5, nous étions à moins 17. Tout le monde a subi les Gilets jaunes, tout le monde a subi la réforme des retraites, il n’y a pas que ça ! », tance encore Tania Rome. Pour qui la volonté de numériser l’activité au détriment des boutiques compte parmi les mauvais choix stratégiques. Contacté par Place Gre’net, Spartoo indique ne pas souhaiter communiquer pour le moment.
Sur 410 emplois, 188 sont donc promis à la destruction. La CGT comme FO n’en soutient pas moins l’offre de reprise de François Feijoo. « Monsieur Feijoo devait reprendre à la base 47 magasins. Il a élargi son offre à neuf magasins supplémentaires, il a fait au maximum de ce qu’il pouvait mettre en place », estime ainsi Tania Rome. Cruelle ironie du sort : alors que le groupe Spartoo est grenoblois, les deux magasins André de Grenoble font partie des sacrifiés.