FIL INFO – Le groupe Spartoo annonce la mise en redressement judiciaire de sa filiale André, acquise en 2018. En cause selon le groupe grenoblois qui se mobilise pour éviter la liquidation ? Le mouvement des Gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites et, pour finir, les mesures de confinement.
Les chaussures André seront-elle victimes des mouvements sociaux et du coronavirus ? La société vient en tout cas d’être placée en redressement judiciaire, comme l’a annoncé le groupe grenoblois Spartoo, dans un communiqué en date du 1er avril 2020.
En janvier 2018, le groupe grenoblois, leader dans la vente en ligne de chaussures, avait en effet acquis la marque centenaire. Celui-ci entendait notamment faire de ses 120 magasins encore présents sur le sol français autant de points relais pour retirer ses articles. Tout en tentant de relancer une enseigne très largement déficitaire qui avait déjà fermé 80 magasins en deux ans.
Plusieurs raisons expliquent aujourd’hui ce placement en redressement judiciaire selon Spartoo. Le mouvement des Gilets jaunes en 2018, les manifestations contre la réforme des retraites en 2019 et, pour parachever le tout, les récentes mesures de confinement. Ce qui représenterait « la perte de 250 000 euros de chiffre d’affaires par jour avec, dans le même temps, son devoir d’honorer le paiement de ses stocks été », selon le groupe.
Une demande d’aide à la BPI refusée « sans donner d’arguments » ?
Gilets Jaunes et réforme des retraites semblent en revanche avoir profité au site de commerce en ligne de Spartoo, qui décrit pour sa part une année 2019 « exceptionnelle ». Bilan ? « Plus de 8 millions d’euros de cash opérationnel ». De quoi « soutenir sa filiale en investissant plus de 13 millions d’euros dans André » avec, à la clé, des baisses de prix, un travail sur la gamme d’articles et des rénovations de magasins.
« Les équipes d’André ont travaillé dur et les résultats étaient au rendez-vous […] depuis six mois », affirme ainsi le groupe. Ce dernier indique par ailleurs avoir demandé « un financement d’environ 10 millions d’euros à la Banque publique d’investissement ». Une aide qui lui aurait été refusée « sans donner d’arguments ».
Du reste, Spartoo avait bien tenté d”« anticiper » la crise. Le groupe explique en effet avoir tenté une procédure de conciliation avec ses créanciers dès la fin du mois de février.
Car si le covid-19 avait hélas bien pris ses marques en Italie, seuls quelques cas isolés étaient alors signalés sur le sol français. Et aucune procédure stricte de confinement n’était à l’ordre du jour. « On a vu la Chine fermer ses magasins, puis l’Italie, on a compris », affirme toutefois le PDG du groupe Boris Saragaglia, dans Le Point.
Spartoo conclut en essayant de garder espoir : « Notre entreprise va faire le maximum et se battre pour sauver les emplois et trouver un plan B pour éviter la liquidation d’André dans ce contexte particulier ».