EN BREF – La justice doit examiner, ce mercredi 29 juillet 2020, la remise en liberté de l’un des auteurs présumés du meurtre d’Adrien Perez le 29 juillet 2018 à Meylan. En effet, ce 23 juillet, le juge des libertés et de la détention (JLD) a décidé de libérer Yanis El Habib pour le placer sous contrôle judiciaire. Le parquet a fait appel de cette décision qui raviverait la douleur des parents du jeune homme à l’approche de la date anniversaire de sa mort.
Le 29 juillet 2018, Adrien Perez, était mortellement poignardé devant la discothèque le Phoénix de Meylan.
Il y fêtait ce soir là l’anniversaire de ses 26 ans et prêtait main forte à l’un de ses amis victime d’une agression à la sortie de l’établissement de nuit.
Ce drame survenant au cœur de l’été avait provoqué une vague d’indignation et l’organisation d’une marche blanche à Grenoble. Et aussi suscité, par effet secondaire, de nombreuses critiques sur la politique de sécurité menée par la municipalité rouge-verte de Grenoble.
Le 31 juillet 2018, deux frères âgés de 19 et 20 ans, Younès et Yanis El Habib, avaient fait l’objet d’une mise en examen avant leur incarcération. L’un pour homicide volontaire, l’autre pour tentative d’homicide volontaire. Une troisième personne, quant à elle inculpée pour violence avec armes en réunion, avait été laissée libre sous contrôle judiciaire.
L’un des frères reste en détention, l’autre pourrait bénéficier d’une remise en liberté
« L’instruction judiciaire concernant l’homicide volontaire d’Adrien Perez est terminée. Le dossier a été communiqué au parquet aux fins de règlement le 10 juillet 2020 », indique ce 28 juillet Éric Vaillant, le procureur de la République de Grenoble. La semaine dernière, les deux frères mis en examen et en détention depuis le 31 juillet 2018 ont respectivement comparu devant le JLD. Une comparution « faisant suite à la saisine du juge d’instruction qui sollicitait la prolongation de leur détention provisoire », explique le procureur.
Le 22 juillet dernier, le JLD a ainsi « ordonné la prolongation de la détention provisoire de Younès El Habib », rapporte Éric Vaillant. Toutefois le juge n’a pas pas réservé le même sort à Yanis El Habib qui comparaissait devant lui dès le lendemain. Le magistrat l’a placé sous contrôle judiciaire « à l’échéance prévue de son mandat de dépôt actuel, soit le 31 juillet 2020 », précise le procureur.
Une remise en liberté qui s’accompagne de plusieurs obligations dans l’attente du procès, ajoute-t-il. Notamment celles d’établir sa résidence hors du département, de ne pas se rendre dans l’Isère, de ne pas fréquenter les co-auteurs ou complices. Mais aussi de ne pas entrer en relation avec les victimes et enfin de pointer au commissariat une fois par semaine.
L’incompréhension des parents d’Adrien Perez et de leur avocat
Le parquet a presque immédiatement fait appel de cette remise en liberté prononcée contre son avis et celui du magistrat instructeur. Aussi la pertinence d’une remise en liberté sera-t-elle la question que se posera ce mercredi 29 juillet la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Ce juste avant la date prévue pour la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Yanis El Habib.
Pour Patricia et Bruno Perez, les parents d’Adrien et Me Denis Dreyfus, l’avocat de la famille, cette décision du juge des libertés s’avère totalement incompréhensible.
« Le juge des libertés a‑t-il vraiment lu le dossier ? », se sont-il indignés auprès de nos confrères de France Bleu Isère.
Une sidération d’autant plus grande que cette remise en liberté pourrait intervenir, un comble, le jour même de la date anniversaire de la mort de leur fils.
Cela ne pouvait plus mal tomber pour Bruno Perez oscillant entre colère et abattement. « Comment je peux imaginer que celui qui a levé les bras en l’air, en criant victoire, quand mon fils est tombé par terre, puisse voir le ciel bleu et arriver les mains dans les poches à son procès ? », a‑t-il déclaré à la radio locale.
Reste qu’après cette décision – on l’imagine très attendue par le couple , les proches et les soutiens –, la justice poursuivra son cours. Si l’on ne connait pas encore la date du procès des présumés meurtriers, les audiences devraient pouvoir se dérouler au courant de l’année 2021.
Joël Kermabon