REPORTAGE VIDÉO – Répondant à « l’appel national du 17 juin » contre la réintoxication du monde après la crise sanitaire du Covid-19, activistes et citoyens écologistes de l’agglomération grenobloise ont organisé une vélorution mercredi dernier. Une manifestation familiale assez éloignée du mot d’ordre national appelant aux blocages de sites. Après avoir vivement critiqué la politique du maire de Grenoble Éric Piolle, les manifestants se sont toutefois heurtés aux forces de l’ordre les soupçonnant de vouloir créer une Zad sur les friches de Neyrpic, site d’un futur centre commercial.
Bétonisation des jardins de la Buisserate à Saint-Martin-le-Vinoux, extension de l’A48, projet de centre commercial sur les anciennes Halles Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères… Tous ces projets néfastes pour la planète sont d’une autre époque, ont pourfendu les militants et activistes de la vélorution organisée ce mercredi 17 juin, dans le sillage de l’appel national lancé contre la « réintoxication du monde ».
« La grande machine se remet en marche de plus belle »
La crise sanitaire du coronavirus a contraint la système productiviste à ralentir. Cette parenthèse aurait pu déclencher une prise de conscience et amorcer un changement de braquet en vue d’amoindrir la catastrophe climatique désormais inéluctable.
Il n’en est rien, considèrent les militants écologistes de l’agglomération grenobloise.
« La grande machine se remet en marche de plus belle, reléguant comme toujours les inégalités, les violences et les enjeux écologiques au second plan des priorités », ont pourfendu les multiples organisateurs de la vélorution réunis au sein du collectif du 17 juin*.
Une vélorution militante et familiale contre la réintoxication du monde
Tandis que l’appel national exhortait à « une première série d’actions, blocages, rassemblements, occupations » en local, les activistes de l’agglomération grenobloise ont opté pour une vélorution, un mode d’action pacifique auquel ont même pu se joindre nombre de familles avec enfants.
Rassemblés sur l’esplanade du quartier de Bonne, les cyclistes ont démarré leur parcours vers 17 heures dans une ambiance festive pour arriver, au terme de leur circuit, sur les friches Neyrpic de Saint-Martin-d’Hères sur les coups de 19 heures. Ils ont également fait une halte devant l’Hôtel de Ville de Grenoble, puis au siège de la Métropole de Grenoble. Autant d’occasions de revenir sur une politique ou un projet délétère pour l’environnement…
Retour sur la vélorution avec Alexandre, membre du collectif Anti-Neyrpic :
https://www.facebook.com/pagedeplacegrenet/videos/1677842919035024/
La vélorution réclame des ruptures
Devant la mairie de Grenoble, deux membres du collectif du 17 juin ont pris la parole pour critiquer la politique du maire écologiste Éric Piolle, candidat à sa réélection aux municipales. Ils ont notamment raillé les multiples interventions du maire dans les médias ces dernières semaines, consistant à vanter les avancées de Grenoble en matière de transition écologique qui ne vont pas bien loin, de leur point de vue.
« Quelques panneaux de pub en moins et des pistes cyclables en plus, c’est en résumé la politique d’Éric Piolle. Ce sont là des petits gestes politiques, brocarde ainsi un militant s’adressant aux cyclistes depuis le parvis de la mairie de Grenoble. Ce dont nous avons pourtant cruellement besoin, c’est de ruptures définitives avec les logiques qui ont produit le monde dans lequel on vit », poursuit-il.
Extrait du discours du collectif du 17 juin contre la politique d’Éric Piolle maire (EELV) sortant de la Ville de Grenoble et candidat à sa réélection :
Les forces de l’ordre diligentées pour empêcher la création d’une Zad ?
Alors que la déambulation s’était jusque-là déroulée sans anicroche, il en a été autrement à l’arrivée des cyclistes sur les friches de Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères. Les cyclistes se sont alors retrouvés nez-à-nez avec une bonne vingtaine de policiers les attendant de pied ferme.
Au motif que la manifestation n’était pas en règle, les forces de l’ordre ont embarqué le premier organisateur qui s’est présenté à eux.
« Ils veulent surtout empêcher qu’on installe ici une Zad comme à Notre Dame des Landes » commentera un peu plus tard l’un des manifestants.
Une hypothèse plausible étant donné que peu ou prou les mêmes militants accompagnés des Gilets jaunes avaient tenté de s’installer sur le site quelques mois plus tôt. Les tentatives des organisateurs pour négocier la libération de leur camarade s’étant soldées par un échec, des cyclistes ont alors essayé de retenir le camion de police qui emmenait leur collègue. Ces derniers ont fini par lâcher prise après avoir été aspergés par des bombes lacrymogènes.
Les forces de l’ordre emmenant l’un des organisateurs sous les huées des participants de la vélorution.
https://www.facebook.com/pagedeplacegrenet/videos/619764212221536/
Encore sous le choc, les organisateurs ont dénoncé les intimidations et « la violence policière ». « Ceux qui se font péter la gueule, c’est ceux qui essayent de changer le monde », a lancé un militant, écœuré. La soirée s’est tout de même conclue comme prévu par un apéro-festif sur le site de Neyrpic, sans plus aucune présence policière. Quant au jeune homme arrêté, il a passé la nuit au poste, et a été relâché le lendemain midi.
Séverine Cattiaux
* Le collectif du 17 juin rassemble Action Neyrpic, Mouvement pour une Écologie populaire et sociale Isère, Jardins de la Buisserate, Le Monde d’après Grenoble, Alternatives A480, Le 38 centre social tchoukar, Alternatiba/ANV-COP21 Grenoble, France nature environnement Isère, Neyrpic autrement, Extinction Rebellion Isère, Peps Isère