DÉCRYPTAGE — Les résultats définitifs pour les municipales de Grenoble sont tombés tard dans la nuit du dimanche 15 au lundi 16 mars. Dépassant les scores déjà généreux promis par les sondages, le maire sortant Éric Piolle obtient 46,67 % des voix. Loin devant Alain Carignon avec 19,80 % des suffrages exprimés. Tandis que la candidature d’Olivier Noblecourt réalise une contre-performance en se classant quatrième derrière celle d’Émilie Chalas.
Cette fois, les sondages ne se sont pas (totalement) trompés. Donné loin devant ses concurrents par trois sondages successifs, le maire sortant de Grenoble Éric Piolle est le grand gagnant des urnes au soir du dimanche 15 mars 2020. Selon les résultats définitifs diffusés par la préfecture de l’Isère aux alentours d’une heure du matin, la tête de liste Grenoble en commun enregistre un score de 46,67 % des voix exprimés.
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Si le score d’Éric Piolle est supérieur à ce que lui promettaient les sondages successifs, le score de son meilleur ennemi Alain Carignon est pour sa part conforme aux prévisions. L’ancien maire de Grenoble se classe en seconde position du scrutin avec un score de 19,80 %. Pour rappel, les sondages successifs réalisés en octobre 2019, février et mars 2020 plaçaient invariablement le candidat à 20 % des intentions de vote.
Olivier Noblecourt en quatrième position derrière Émilie Chalas
De son côté, Olivier Noblecourt ne concrétise pas la dynamique tant espérée par son équipe de campagne. Pire encore : alors que le candidat Grenoble nouvel air semblait se détacher de sa concurrente investie par LREM Émilie Chalas, son score le place finalement… en quatrième position. Émilie Chalas enregistre ainsi 13,75 % des voix, tandis qu’Olivier Noblecourt n’en recueille que 13,31 %.
Les deux candidats sont désormais chacun en position de se maintenir au second tour. Une alliance sera-t-elle à l’ordre du jour en prévision du second tour ? Durant la fin de campagne, les relations se sont pour le moins tendues entre les deux listes. Les partisans d’Olivier Noblecourt manquant rarement l’occasion de railler une campagne LREM en perte de souffle, et appelant les supporters d’Émilie Chalas à rejoindre les rangs de Grenoble nouvel air.
Dans un communiqué émis vers une heure du matin, la liste menée par Noblecourt ne cachait pas sa déception. « Nous prendrons le temps d’analyser les causes de cet échec, mais ce soir, c’est l’intérêt de la ville qui doit primer », affirme Grenoble nouvel air. Pour qui « des enjeux nationaux et de santé publique […] ont rendu [leur] offre politique moins audible ». Et favorisé au passage une très forte abstention (cf. encadré).
Quant aux appels du pied du candidat PS à l’égard d’Éric Piolle, ceux-ci semblent plus que jamais de l’histoire ancienne. En position de force, le maire sortant semble avoir toutes les cartes en main pour une victoire au second tour. À moins d’un “front anti-Piolle” alliant électeurs des candidats Chalas, Noblecourt… et Carignon ? Totalement improbable : « Nous ne participerons à aucun rassemblement avec la droite », prévient d’ores et déjà Grenoble Nouvel air.
Les adieux de Guy Tuscher et Mireille d’Ornano au conseil municipal
Quid des trois autres candidats ? Les chiffres enregistrés sont très en-deça des quatre têtes d’affiche des élections grenobloises. Liste tardive cherchant à mordre la campagne d’Éric Piolle sur sa gauche, La Commune est à nous obtient 3,23 % des voix. « Déçu mais pas surpris », commente l’un de ses colistiers Guy Tuscher. Un élu “dissident” de la Ville de Grenoble qui ne retrouvera pas son poste de conseiller municipal.
Au sein de leur QG (improvisé de campagne), les membres de La Commune est à nous n’en sont pas moins amers. Et étrillent de nouveau le bilan d’un maire à leurs yeux « totalement libéral et totalement croissant ». Tout en promettant, fidèle à l’esprit des Gilets jaunes dont certains ont rejoint la liste, une « étincelle de révolte populaire » si le maire sortant, en cas de réélection, continue de mener la même politique sociale.
Côté gauche de la gauche toujours, la liste Lutte ouvrière menée par Catherine Brun obtient environ 1,20 % des suffrages. La candidate signe ainsi un score similaire à ceux enregistrés en 2014 et 2008. Pas une surprise probablement pour la liste « 100 % issue du monde du travail ». Une candidature voulant avant tout « porter la voix des travailleurs », tout en prônant la Révolution par la rue plutôt que par les urnes.
Mireille d’Ornano ne sera, pour sa part, plus conseillère municipale. Sous les couleurs du Front national, la candidate avait été en mesure de se maintenir au second tour lors des précédentes municipales. Exclue du parti puis ralliée aux Patriotes, c’est finalement à la tête d’une liste sans étiquette que se présentait l’ex-députée européenne. Le résultat des urnes lui donne 2,01 % des suffrages exprimés… soit 10 points de moins qu’en 2014.
Florent Mathieu
UNE ABSTENTION QUI ATTEINT DES SOMMETS SUR FOND DE CORONAVIRUS
Ce n’est qu’une demi-surprise, et les chiffres diffusés par la préfecture de l’Isère durant la journée du dimanche 15 mars venaient le confirmer : l’abstention a atteint des sommets pour le premier tour des municipales 2020.
L’appel au confinement lancé par le Premier ministre la veille afin de lutter contre la propagation du coronavirus n’a pas contribué à rassurer les électeurs. Et ceci malgré les mesures sanitaires mises en place dans les bureaux de vote.
L’abstention à Grenoble s’élève ainsi à… 57, 75 %. Soit un taux d’abstention de 10 points supérieurs au premier tour des municipales de 2014 comme de 2008. La tenue normale du second tour prévu dimanche 22 mars est-elle envisageable ? Des acteurs politiques n’ont pas manqué de demander le report du premier tour, et risquent fort de demander celui du second. Quitte à poser des questions institutionnelles d’importance quant à la validité des résultats présentés le 15 mars.