TRIBUNE LIBRE – Deux militants de la France insoumise en Isère se disent fiers que leur mouvement ait appelé, à travers ses élu(e)s, à participer à la “marche contre l’islamophobie” du 10 novembre dernier. Une réponse à la tribune rédigée par le socialiste isérois Jean-Baptiste Caillet qui se félicitait, a contrario, que le PS ait refusé d’y prendre part.
À l’heure où un ancien candidat du RN tire sur nos concitoyens en raison de leur confession, son acte s’inscrivant dans un climat de plus en plus délétère à l’encontre des musulman·e·s, nous n’avons plus le temps pour les querelles futiles et stériles sur un mot ou un personnage clivant.
Il faut montrer que si nous ne sommes défenseurs d’aucun culte, nous prendrons toujours la défense des personnes attaquées au nom de leur croyance ; la liberté de conscience étant garantie par la Déclaration de Droits de l’Homme et du Citoyen et notre Constitution.
Ainsi, le texte d’appel à la marche contre l’islamophobie du 10 novembre ne cite précisément aucune des lois liberticides auxquelles il fait référence. Les islamophobes s’en sont saisi en y voyant une dénonciation des lois sur la laïcité, dans l’objectif d’accréditer la thèse selon laquelle les musulman·e·s sont contre la laïcité et que l’islam n’est pas compatible avec la République. Oubliant, par là-même, le contenu récent des lois sur l’état d’urgence qui permettent tous les abus, ou de celle du Sénat contre le seul voile des parents accompagnatrices bénévoles de sorties scolaires
Étoiles jaunes siglées “Musulman” dans le cortège : une « suspicion d’antisémitisme »
La marche contre l’islamophobie du 10 novembre, avec des cortèges arborant les couleurs de la République en entonnant les chants républicains, aurait dû leur clouer le bec… mais les voilà s’accrocher à d’autres polémiques.
Les manifestants ont osé comparer le sort des musulman·e·s à celui des juifs et juives sous Pétain ? Comme si de la même manière que pour le triangle rouge que nous arborons en hommage aux militant·e·s communistes déporté·e·s, les musulman·e·s ne pouvait pas rendre ce même hommage.
Tout de suite, on oppose leur sort à celui des juifs et des juives, ce qui relève d’une suspicion d’antisémitisme relayé jusqu’à certain·e·s militant·e·s se réclamant de la gauche.
Alors que les Ouïghours enfermés dans des camps en Chine, les Rohingya, les Kashmir et d’autres massacré·e·s parce que musulmans, pourraient justifier de toute manière cette analogie.
L’hypocrisie des socialistes va plus loin, puisque eux ont accepté de manifester dans une marche contre l’antisémitisme aux côtés de Marine Le Pen et de la Ligue de Défense Juive. Ils ont même invités la première à s’y rendre, sans dénoncer la présence des seconds, considérés comme un groupe terroriste en Israël.
« Nous déplorons qu’on en soit encore à discuter du sens du mot islamophobie »
Nous déplorons que le camp de la haine ce soit élargi, que le fait que deux de nos anciens se retrouvent entre la vie et la mort dans un hôpital près de Bayonne passe pour un sous-événement, et qu’une partie de la classe politique en soit encore à discuter du sens du mot « islamophobie ». Sans oublier cette manière d’opposer cette marche à la commémoration des attentats du 13 novembre, qui couvre de honte les auteur·e·s de ce genre de rapprochement.
Il faut que cela soit dit : La France insoumise sera toujours du côté de celles et ceux qui subissent la haine et la violence d’un système. Tout comme nous nous sommes solidaires des victimes de l’islamophobie, nous serons là pour les gens broyés par les politiques néolibérales du Président et de son gouvernement, pour les victimes de l’homophobie ou encore pour les victimes de violences sexistes et sexuels. Voici notre chemin, la République, rien que la République.
Julien Ailloud, co-animateur des Jeunes insoumis.es Grenoble
Amin Ben Ali, candidat aux municipales à Tullins
Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur.
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