Grenoble renforce les conditions d'accès aux piscines Jean-Bron et Les Dauphins après des "incivilités répétées"

Ni nudistes ni bur­ki­nis dans les pis­cines de Grenoble ce dimanche… mais le sujet, devenu poli­tique, clive tou­jours autant

Ni nudistes ni bur­ki­nis dans les pis­cines de Grenoble ce dimanche… mais le sujet, devenu poli­tique, clive tou­jours autant

FOCUS – Pas de nou­velle opé­ra­tion bur­kini ni de nudisme sau­vage dans les pis­cines muni­ci­pales de Grenoble, dimanche 30 juin. L’Alliance citoyenne et le col­lec­tif « Tous à poil » n’ont pas investi les bas­sins. L’association a tout de même engagé le dia­logue avec les usa­gers de la pis­cine Jean-Bron, avec la volonté de « cal­mer le jeu », tan­dis que la polé­mique libère une parole outrancière.

Ni “culs-nus”, ni bur­ki­nis : la jour­née du dimanche 30 juin avait tout du cau­che­mar annoncé pour les agents des pis­cines muni­ci­pales de Grenoble, mais s’est fina­le­ment dérou­lée sans accrocs. D’une part, l’Alliance citoyenne a renoncé à une troi­sième opé­ra­tion bur­kini pour­tant annon­cée sur les réseaux sociaux. D’autre part, l’ap­pel à se bai­gner « tous à poil » pour faire obs­tacle à « l’Islam radi­cal » n’a pas non plus trouvé preneur.

Les piscines municipales de Grenoble ont connu une journée (presque) normale dimanche 30 juin, après des semaines d'une polémique toujours vivace.La piscine Jean-Bron ouverte le dimanche sous surveillance policière. © Photo prélevée sur le compte Facebook de Stéphane Gemmani

La pis­cine Jean-Bron ouverte le dimanche sous sur­veillance poli­cière. © Photo pré­le­vée sur le compte Facebook de Stéphane Gemmani

Une jour­née comme les autres ? Pas exac­te­ment. Les horaires des pis­cines des Dauphins et Jean-Bron sont tou­jours revus à la baisse, suite au droit de retrait exercé par le per­son­nel, le mardi 26 juin. Et si elle l’Alliance citoyenne n’a pas tenté une nou­velle fois d’im­po­ser des bur­ki­nis dans le bas­sin de la pis­cine Jean-Bron, ses mili­tants n’en étaient pas moins devant la pis­cine pour échan­ger avec les usa­gers, avec la volonté de « cal­mer le jeu ».

Éric Piolle appelle l’État à trancher

C’est peu dire en effet que les opé­ra­tions bur­kini de l’as­so­cia­tion ont foca­lisé l’at­ten­tion. Largement reprises dans les médias, elles ont mené à de nom­breuses prises de paroles. Ainsi que beau­coup de condam­na­tion de la part de la classe poli­tique, allant jus­qu’à celle du pre­mier ministre Édouard Philippe. Après plu­sieurs semaines de silence, le maire de Grenoble a pour sa part indi­qué que le règle­ment des pis­cines ne serait pas modi­fié… tout en appe­lant l’État à trancher.

Opération burkini de l'Alliance citoyenne © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

Opération bur­kini de l’Alliance citoyenne. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

« Édouard Philippe doit dire si les pis­cines sont un lieu sanc­tua­risé comme les écoles, ou si c’est un ser­vice public et, auquel cas, ce sont les règle­ments de base qui s’ap­pliquent », a ainsi déclaré Éric Piolle devant la caméra de France Bleu. Et d’a­jou­ter : « Il ne peut pas y avoir 36 000 ver­sions de l’é­ga­lité. Ce n’est pas à chaque maire de défi­nir ce que c’est que l’é­ga­lité face aux droits de la République, c’est le tra­vail du gou­ver­ne­ment ! »

Quant aux prises de posi­tions de Marlène Schiappa ou encore de Nicole Belloubet, le maire de Grenoble les accueille avec une cer­taine acri­mo­nie. La secré­taire d’État à l’Égalité entre les hommes et les femmes en prend pour son grade : « On a com­pris tout et son contraire dans [sa] posi­tion », assène Éric Piolle. Tandis que la ministre de la Justice est accu­sée de « se cacher der­rière le règle­ment, ce qui n’est fina­le­ment pas sa res­pon­sa­bi­lité ».

« Des reli­gieux qui veulent faire de la politique »

Piqué au vif ? Dans les rangs de ses adver­saires de droite comme de gauche, les voix ne manquent pas pour repro­cher au maire de Grenoble une forme d’am­bigüité vis-à-vis de la ques­tion sou­le­vée par l’Alliance citoyenne. De quoi, peut-être, ame­ner Éric Piolle à dur­cir encore le ton vis-à-vis d’une asso­cia­tion par ailleurs sub­ven­tion­née par la Métro. « Il est hors de ques­tion de dis­cu­ter de ces règle­ments avec ces reli­gieux qui veulent faire de la poli­tique », lance-t-il ainsi.

La piscine Jean-Bron ,n'a ouvert ses portes que quatre heures le dimanche 30 juin © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

La pis­cine Jean-Bron n’a ouvert ses portes que quatre heures le dimanche 30 juin. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

L’Alliance citoyenne n’a­vait pas man­qué de répondre au maire de Grenoble quelques jours plus tôt aux pre­mières cri­tiques. Dans un texte dif­fusé sur les réseaux sociaux, l’as­so­cia­tion conteste tout com­mu­nau­ta­risme ou appar­te­nance à « l’Islam poli­tique », et cite le poli­to­logue Olivier Roy pour qui le bur­kini est « une tenue moderne, qui n’a rien de tra­di­tion­nel ou de fon­da­men­ta­liste ». Tout en contes­tant les argu­ments d’hy­giène ou de sécu­rité avan­cés contre le burkini.

« Porcs blancs kouf­far » contre « Rentrez chez vous »

Très cri­ti­quée pour ses actions, l’Alliance citoyenne a éga­le­ment reçu beau­coup de marques de sou­tien, et notam­ment de l’Unef, l’UNL ou encore les Jeunes Insoumis. Mais aussi de nom­breux inter­nautes… dont quelques-uns ne masquent guère leur radi­ca­lisme reli­gieux. « On est ensemble avec les sœurs contre les kouf­fars [pluriel de kafir, terme dési­gnant l’in­croyant, l’in­fi­dèle, le mécréant, ndlr] », écrit ainsi une femme voi­lée sur le compte Facebook de l’as­so­cia­tion. Un mes­sage depuis retiré mais tou­jours visible via Google.

Le message de soutien à l'Alliance citoyenne qui entretient la polémique.

Le mes­sage de sou­tien à l’Alliance citoyenne qui entre­tient la polémique.

La même per­sonne signe un autre com­men­taire tout aussi remar­quable, et qui cir­cule désor­mais sur les réseaux sociaux : « Bientôt la pis­cine sera à nous on sera pas obli­gée de se bai­gner avec les porcs blancs »… En retour, l’Alliance citoyenne invite cha­cun à ne pas géné­ra­li­ser. Tout en met­tant par­fois elle-même dans un même panier de « fachos » les oppo­sants à ses actions, comme s’en émeut Stéphane Gemmani cité par Le Figaro.

Il n’en demeure pas moins réel que les opé­ra­tions bur­kini de l’Alliance citoyenne déchaîne sur les réseaux sociaux une parole ouver­te­ment raciste, à grands ren­forts d’in­sultes et de « ren­trez chez vous ». Si l’Alliance est la pre­mière concer­née dans les com­men­taires de ses publi­ca­tions, les modé­ra­tions des sites d’ac­tua­lité relayant ses actions et leurs réper­cus­sions sont, elles aussi, sou­mises à rude épreuve. Une rai­son de plus de « cal­mer le jeu » ?

Florent Mathieu

DES BURKINIS À GRENOBLE… AU TOPLESS À ANNECY

Par temps de cani­cule, les pis­cines muni­ci­pales deviennent-elles le lieu de toutes les reven­di­ca­tions ? Alors que l’Alliance citoyenne milite à Grenoble pour le droit au port du bur­kini, des habi­tantes d’Annecy reven­diquent la liberté… de se bai­gner seins nus. À l’ap­pel d’un évé­ne­ment bap­tisé Free the nipple Libérez le téton »), six femmes ont ainsi fait du topless au cœur de la pis­cine des Marquisats, le samedi 29 juin, relate le Dauphiné libéré.

Visuel de l'événement Free the nipple à Annecy.

Visuel de l’é­vé­ne­ment Free the nipple à Annecy.

À l’o­ri­gine du mou­ve­ment, Céline Saint-Julien. Une Annécienne qui explique avoir décou­vert cette année que le règle­ment de la pis­cine inter­di­sait aux femmes les seins nus dans son enceinte. « Pendant ce temps là, les hommes peuvent se pro­me­ner tran­quille­ment les tétons à l’air », pro­teste-t-elle, en jugeant la mesure « dis­cri­mi­na­toire et sexiste ». Avant de déplo­rer que, en 2019, le corps des femmes « dérange encore ».

Florent Mathieu

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