FIL INFO – Le maire PCF de Saint-Martin-d’Hères David Queiros adresse une lettre de six pages au président de la République. Son objet ? Répondre à sa « Lettre aux Français ». Mais aussi contester le choix des questions abordées dans le cadre du Grand débat, tout en plaidant pour une démocratie basée sur la proximité avec les citoyens.
« Mettre en débat les vraies questions » : c’est l’objectif poursuivi par David Queiros, maire PCF de Saint-Martin-d’Hères, dans sa lettre adressée à Emmanuel Macron. Et réagir à l’organisation du Grand débat, qu’il désigne avec ironie comme « une tentative de calmer la contestation pour gagner du temps ». Une missive de six pages, mise en ligne sur le compte Facebook de l’élu, en réponse à la « Lettre aux Français » du président de la République.
Premier motif de frustration ? L’absence, dans cette lettre, des questions portant sur l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou l’augmentation des salaires. Il ne semble, en effet, pas « raisonnable » à David Queiros d’exclure ces deux items, « au cœur des mouvements sociaux de ces derniers mois ». Et l’élu d’appeler au droit « de chacune et de chacun à pouvoir vivre dignement de son travail ». Ainsi qu’à l’inclusion des notions de justice sociale et de répartition des richesses dans le Grand débat.
Réinventer la démocratie dans la proximité
Le maire de Saint-Martin-d’Hères veut ensuite rappeler à Emmanuel Macron le « malaise des maires de France ». Au président, qui loue le « rôle essentiel » des municipalités dans l’organisation du Grand débat, David Queiros remet en mémoire son absence lors du dernier congrès des maires, en novembre 2018. « Vous n’avez pas voulu entendre nos craintes et nos revendications », écrit l’édile. Avant de dénoncer la diminution du pouvoir d’action des élus locaux.
C’est pourtant, juge David Queiros, « dans la proximité que notre démocratie se réinventera ». La solution ? Une VIe République qui donnerait plus de poids aux parlementaires, au sein d’une Assemblée nationale « réellement représentative des courants politiques qui traversent le pays ». Et qui renforcerait « le pouvoir des citoyens » autant que des syndicats, des associations ou des partis politiques.
Services publics et écologie
La question des services publics est également abordée par l’élu. « Ce n’est […] pas de suppressions dont notre service public a besoin, mais bien de créations de postes, de nouveaux moyens financiers, de la réouverture de lieux de proximité », écrit David Queiros. Qui souligne le « sentiment d’abandon » que génèrent les fermetures de bureaux de poste, d’antennes Caf, CPAM et autres services de l’État.
Reste l’écologie. « Les Gilets jaunes ne sont pas anti-écologie », assure le maire. Mais une politique écologique ne peut s’incarner que dans des taxes, aux lourdes conséquences pour les plus pauvres. « Il ne peut pas y avoir une transition écologique sans une répartition égalitaire des richesses », juge David Queiros. Avant de condamner l’ouverture à la concurrence de l’exploitation des barrages et d’appeler de ses vœux un monopole public de la production d’énergie.
C’est enfin sur l’évocation du Conseil national de la Résistance que le maire communiste conclut son propos. « Droit au travail et droit au repos », « rajustement important des salaires », « garantie du pouvoir d’achat », « syndicalisme indépendant »… David Queiros égrène les points essentiels à ses yeux, pour mieux « tenir [son] rôle de porte-voix et d’élu du peuple ». Reste à savoir si « l’élu du peuple » qui réside à Matignon répondra à cette lettre au vitriol.