FIL INFO – Alors que les élus à la Région Auvergne Rhône-Alpes s’apprêtent à voter le 19 décembre un nouveau plan chasse de 3 millions d’euros avec les chasseurs, les écologistes montent une nouvelle fois au créneau. Et dénoncent une politique clientéliste mais aussi d’exploitation de la faune sauvage.
Le second plan chasse de Laurent Wauquiez fait bondir les élus écologistes à la région Auvergne Rhône-Alpes. Ce plan triennal, qui sera examiné et voté par les conseillers régionaux en assemblée plénière le 19 décembre prochain, s’élève comme le premier à 3 millions d’euros.
Ce n’est pas une surprise. En mars dernier, la Région avait déjà annoncé son intention de reconduire le partenariat avec la fédération régionale de la chasse, sur la base d’un bilan jugé positif. Un bilan qui laisse les élus du Rassemblement citoyen, écologique et solidaire quelque peu dubitatifs.
« L’amélioration de la connaissance des espèces, les études faunistiques, l’amélioration des milieux naturels ne sont pas au niveau, soulignent les élus dans un communiqué. La protection de la biodiversité confiée aux chasseurs génère toujours huit fois plus de sangliers tués qu’il y a trente ans et des dommages aux agriculteurs qui s’élèvent à près de 50 millions d’euros au plan national. »
« Logique d’exploitation des espèces de faune sauvage »
Difficile pour les écologistes d’oublier les accidents de chasse et notamment la mort d’un vététiste en Haute-Savoie. « Difficile également d’oublier le trafic de sangliers démantelé en Haute-Loire en 2017 : un élevage clandestin de bêtes pour constituer des “proies faciles”. On est bien loin de la protection de l’environnement. »
Pour Fabienne Grebert, membre de la commission environnement, une telle convention vise à créer une filière de commercialisation des venaisons sous le label La Région du goût.
« Malgré la perte de 60 % de la biodiversité terrestre, nous sommes dans une logique d’exploitation des espèces de faune sauvage, génératrices de recettes supplémentaires pour les chasseurs », tance l’élue régionale.
« On est là au paroxysme du clientélisme. Nous avions dénoncé avec force la première convention de 3 millions d’euros mais, au moins, celle-ci mettait en avant des objectifs de protection de la nature. Dans cette seconde, on note avec effroi que 600 000 euros vont être consacrés au traitement de la venaison. On risque fort d’alimenter, davantage encore, l’élevage dans des conditions ignobles de millions de faisans et perdreaux pour alimenter la filière. »
« La Région va cautionner des pratiques de braconnage viandard qui n’ont plus de rapport avec l’environnement. L’argent public va servir à financer des couteaux, des tabliers, des frigos et des tables d’équarrissage pour traiter les carcasses. Où est l’intérêt général ? Alors que 79 % des Français sont favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche, Laurent Wauquiez ferait mieux d’ouvrir les yeux plutôt que de faire des cadeaux à ses potentiels électeurs. »
PC