TRIBUNE LIBRE* – Michel Vernerey, président du Réseau citoyen jusqu’en 2016, s’étonne du positionnement de ce mouvement, partie composante de la majorité municipale de Grenoble, concernant le rejet par deux unions de quartier du réseau cyclable Chronovélo. Pour celui qui fut aussi un des membres fondateurs, le Réseau citoyen prend des positions publiques incompatibles avec le but qui a conduit à la création de ce courant de pensée lors des dernières municipales.
Dans un article daté du 3 novembre 2018 concernant un article paru dans Place Gre’net et un dans le Dauphiné libéré, le bureau du Réseau citoyen dénonce, sur son site, « la perception sélective des unions de quartier, Centre-ville et Championnet-Bonne-Condorcet-Hoche par rapport aux Chronovélo ».
Cette analyse très subjective dénonce le « rejet des Chronovélo au centre-ville en général ». D’où vient cette opinion qui attribue d’office un certificat de non-citoyenneté adressé à ces unions de quartier ?
La suite laisse autant perplexe : ce serait une réaction trop tardive à des informations qui seraient connues depuis longtemps.
Pourtant est-il vraiment nécessaire de rappeler qu’aujourd’hui encore, nous ne connaissons toujours pas le tracé précis des voies pour vélos dans son intégralité ! (cours Berriat ou pas cours Berriat ? à moins que tout soit décidé en catimini mais nous n’osons pas y penser). Donc si on demande un débat sur l’ensemble du projet, c’est bien parce qu’il n’a pas eu lieu, ne vous en déplaise.
« Le Réseau fut une création artificielle mais parfaitement assumée »
Pour ne pas tomber dans un débat politicien, je ne soulignerai qu’un seul autre point. Le bureau du Réseau citoyen dit que les unions de quartier font un usage délibéré du terme “autoroute” à vélo. C’est exact mais c’est la majorité municipale qui a utilisé en premier ce terme d’une manière elle aussi délibérée. Elle l’a abandonné pour des raisons de communication, mais il n’est pas scandaleux de le reprendre de cette manière. Rendons à César ce qui était à César.
Pourquoi ce titre provocateur de « sortie du coma » ? Parce que le Réseau citoyen était un peu apathique et manquait singulièrement d’expression publique mais quand il se réveille c’est pour se tromper d’objectif. Le Réseau fut une création artificielle mais parfaitement assumée.
Le Réseau citoyen en 2013 lors de son ouverture aux partis politiques écologistes grenoblois. © Victor Guilbert
En dehors de l’objectif électoral, il s’agissait d’apporter un esprit différent, c’est-à-dire en décalage avec le discours militant mais partageant à l’époque le désir de faire fonctionner le lien entre les citoyens et les élus, c’est-à-dire entre les intérêts particuliers et l’intérêt général. Nous avons obtenu certains résultats mais le compte n’y est toujours pas.
Voir le Réseau citoyen se plaindre de trop de parole citoyenne est proprement stupéfiant alors qu’il devrait au contraire promouvoir toujours plus d’expression citoyenne, fusse-t-elle désagréable à entendre. Le Réseau citoyen, censeur de la parole citoyenne ! Alors là, il vaut mieux le replonger dans le coma en attendant des jours meilleurs.
« L’écologie sans la citoyenneté est un jeu de dupes »
Naturellement, personne n’est propriétaire d’une structure collective ou d’une pensée commune, pas plus moi qu’un autre mais le Réseau citoyen prend un positionnement de parti politique qui le déloge de la légitimité qu’il ambitionnait.
Sa création participait d’un espoir de faire de la politique autrement mais s’il devient juste un supplétif de la municipalité en place, qu’il se positionne clairement comme parti politique intégrant la majorité municipale, quitte à perde sa spécificité d’origine.
La citoyenneté est un chemin escarpé qu’il convient de sauvegarder malgré les difficultés qu’il y a à s’y maintenir mais c’était une vraie nouveauté lors des dernières municipales. L’écologie sans la citoyenneté est un jeu de dupes.
***
Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur. Vous souhaitez nous soumettre une tribune ? Merci de prendre au préalable connaissance de la charte les régissant.