FIL INFO – Faute de réponse de la part de l’Élysée, les parents d’Adrien Perez ont rendu publique la lettre adressée au président de la République voilà plus d’un mois. Un courrier dans lequel ils dénoncent une violence de plus en plus présente, notamment sur l’agglomération grenobloise, favorisée par l’inaction supposée des élus. Et opposent deux France, celle de la délinquance et celles de jeunes gens « parfaitement intégrés à la société française ».
C’est une lettre qui résonne tout particulièrement au moment où le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb effectue un déplacement à Grenoble. Bruno et Patricia Perez – les parents du jeune homme assassiné au sortir d’une boîte de nuit meylanaise après avoir porté secours à des amis – ont rendu publique une lettre adressée au milieu du mois d’août au président de la République. Son objet : pousser un « cri de révolte de citoyens français frappés une nouvelle fois par une violence aveugle et endémique ».
Pourquoi rendre la lettre publique maintenant ? La mère d’Adrien Perez l’explique sans ambages dans Valeurs actuelles : « Si nous avons décidé de publier aujourd’hui cette lettre, c’est que celle-ci, malgré le caractère gravissime de ce qu’elle relate et dénonce, n’a reçu aucune réponse de la part du chef de l’État. » Un silence que les parents d’Adrien Perez dénonçait déjà dans leur missive, jugeant Emmanuel Macron plus prompt à recevoir « sous les ors du palais de l’Élysée » certaines victimes plutôt que d’autres.
Des « sauvages élevés dans la haine et le mépris de l’autre »
Le meurtre d’Adrien Perez avait été largement commenté et relayé par la droite et l’extrême-droite, via des sites souvent issus de la “fachosphère” ou sur les réseaux sociaux. Un engouement notamment motivé par une phrase de la mère d’Adrien Perez au micro de RMC, dénonçant un crime commis par « toujours les mêmes ». Et qui avait mené à une action symbolique du groupe Génération identitaire devant le palais de justice de Grenoble.
Pour avoir condamné ce rassemblement, l’avocat de la famille Perez Denis Dreyfus devint pour sa part rapidement la cible des critiques des nationalistes, puis d’injures racistes d’une rare violence de la part d’un site d’obédience néo-nazie.
Pour autant, la lettre adressée au président de la République ne cherche pas le consensus. Les parents d’Adrien Perez renâclent à parler de « voyous » et préfèrent évoquer des « sauvages », « élevés dans la haine et le mépris de l’autre, […] plus viles et pathétiques incarnations de ce qu’une éducation dénuée du moindre principe moral peut produire », « insupportable engeance d’une France qui, par son incapacité à répondre fermement à la délinquance, produit un sentiment d’impunité croissant ». Tout l’opposé de leur fils qui faisait partie, ajoutent-ils, de « cette génération de jeunes gens parfaitement intégrés à la société civile ».
L’État mis en cause pour son inaction
Faut-il voir du racisme derrière ces mots ? En énumérant les victimes de faits divers de ces dernières années sur l’agglomération grenobloise, Bruno et Patricia Perez ne font pourtant pas de distinctions “ethniques” au regard des patronymes : Kevin Noubissi et Sofiane Tadbirt, Julien Praconté Grégory Baharizadeh, Salim Belhadj… Le propos semble bien, avant tout, de dénoncer l’inaction supposée des pouvoirs publics face à une violence urbaine considérée de plus en plus présente et meurtrière.
Ainsi, face au « refus » de Gérard Collomb d’augmenter les effectifs policiers sur Grenoble, les parents d’Adrien Perez interrogent : « Que font nos élus censés assurer la sécurité de leurs concitoyens ? Devons-nous conclure, après cette nouvelle tragédie, que les représentants d’un État de droit s’avèrent incapables de mettre fin au règne sauvage d’une minorité qui empoisonne le quotidien de millions de Français ? » Tout en mentionnant des territoires « complaisamment ou lâchement abandonnés à la délinquance ».