EN BREF – Le déplacement du ministre de l’Intérieur dans le Vercors ce vendredi 17 août, au moment même où les questions de sécurité à Grenoble font couler beaucoup d’encre, passe très mal auprès du syndicat policier Alliance. Dans un communiqué où la capitale des Alpes est décrite comme « le Chicago français », les policiers tirent la sonnette d’alarme.
Grenoble, « le Chicago français » ? C’est ainsi que le syndicat Alliance Police nationale décrit la ville dans un communiqué, émis le jour même où le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb est en déplacement… dans le Vercors. Les policiers décrivent une « situation catastrophique », et mentionnent une délinquance 63 % plus élevée que dans des villes de même taille, ainsi que des atteintes aux personnes en hausse de 15 %.
« Rien que sur ces quinze derniers jours on dénombre plusieurs agressions au couteau et règlement de comptes par armes à feu », notent les représentants des forces de l’ordre. Parmi les agressions au couteau, celle ayant mené Adrien Perez à la mort au sortir d’une boîte de nuit meylanaise fin 28 juillet a suscité de nombreuses réactions locales comme nationales. Et occasionné dernièrement la mise en ligne d’une pétition réclamant la fin de la violence à Grenoble.
Alliance reprend encore les propos du procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat, qui déclarait voilà un an n’avoir « jamais vu une ville de cette taille aussi pourrie et gangrénée par le trafic de drogue ». Et pourtant, déplore le syndicat, « les effectifs de la police nationale seront à moins trente, sans perspective de renfort sur les prochains mois ». Sa crainte ? Que « la loi de la rue [remplace] celle de la République »… sauf « un changement radical de politique ».
Une visite ministérielle qui passe mal
Autant dire que la visite ministérielle de Gérard Collomb dans le Vercors, consacrée à la sécurisation des activités sportives estivales, passe mal. « Nos collègues ne mériteraient-ils pas un signal positif de leur ministre de tutelle ? », s’interroge Alliance. Pour qui ce choix de se rendre dans le Vercors plutôt que dans « l’atmosphère beaucoup moins vivifiante de la cité grenobloise » peut être interprétée comme une « certaine forme de mépris ».
« Alliance police nationale refuse et condamne cette attitude et sollicite des effectifs rapides et conséquents comme cela a été le cas pour la ville de Marseille », écrit enfin le syndicat. Parmi les autres exigences ? Que le bassin grenoblois soit considéré comme secteur difficile, afin de bénéficier d’une prime de fidélisation.
Ou même, ajoute Alliance, « une reclassification en secteur d’encadrement prioritaire », permettant un déroulement de carrière plus rapide et plus attractif. En effet, notent les syndicalistes, « les policiers [grenoblois] démotivés sollicitent leur mutation faute d’attractivité pour les retenir ». Le ministre de l’Intérieur, qui est jusque-là resté sourd à la demande de Grenoble de rejoindre le dispositif de Police de sécurité du quotidien, entendra-t-il cet appel ?