ENTRETIEN – Jeudi 31 mai, quarante coureurs s’élanceront de la Dia, une commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, à l’assaut de la Chartreuse Terminorum. C’est la deuxième édition de cette course de 300 kilomètres sans balisage ni assistance, à boucler en 80 heures maximum. Benoît Laval, fondateur et dirigeant de la société Raidlight, assure que même si « cela doit rester l’exception », terminer l’épreuve est possible.
LA COURSE À PIED, UNE PASSION DONT BENOÎT LAVAL A FAIT SON MÉTIER
Benoît Laval a débuté la course à pied en compétition à l’âge de dix ans. Tout au long de son adolescence, il pratique le demi-fond – 800 m, 1 500 m, 3 000 m steeple – et participe à des cross.
« Déjà à ce moment-là, j’aimais bien quand c’était plus long, boueux et compliqué », confie-t-il.
À vingt ans, il s’aligne sur son premier marathon qu’il boucle en deux heures quarante-huit minutes. Une expérience qui lui plaît et lui donne envie de continuer.
Deux ans plus tard, il réalise une autre performance. « À raison de trente à quarante kilomètres par jour pendant trois semaines, j’ai traversé les Pyrénées en courant. » S’il habite à l’époque en région parisienne et étudie à Lille, les sommets l’attirent. « J’aimais passer mes vacances en montagne, été comme hiver. » Un terrain de jeu idéal pour exercer sa passion.
Le succès Raidlight
Après ses études, ingénieur textile, il recherche un emploi qui pourrait se rapprocher du sport. Il le trouve à Saint-Étienne. « Ma mission était de concevoir des sacs à dos, des tentes, des sacs de couchage pour des grandes marques de produits de sport », explique-t-il. « Ayant sous la main des tissus, des usines, des machines à coudre, tout ce savoir-faire et en tête d’avoir des sacs à dos plus légers, des vêtements avec plus de poches et plus légers, j’ai adapté les produits. J’en ai fait pour moi, j’ai créé des prototypes. »
Il décide alors de les vendre, pensant que d’autres personnes pourraient être intéressées. Voici comment est née l’entreprise Raidlight en 1999. « Nous avons commencé de zéro avec des ambitions modestes et réduites. Aujourd’hui, nous avons cinquante-cinq salariés à Saint-Pierre-de-Chartreuse et réalisons 9 millions d’euros de chiffre d’affaires. »
Ancien membre de l’équipe de France de trail
En parallèle de la création de sa société, Benoît Laval, qui s’est mis au trail en 1998, participe au Grand Raid de la Réunion. Une épreuve où, en sept participations, il terminera notamment deuxième, quatrième et cinquième. Il finira aussi dans les dix premiers au Marathon des Sables.
Ancien membre de l’équipe de France de trail, le quadragénaire effectue depuis dix-huit ans une dizaine de courses par an. « Sur tous les continents et de tous les formats », précise-t-il, « que ce soit la montée de la tour Eiffel en courant ou un 400 km dans le désert de Gobi. » Depuis l’année dernière, Benoît Laval est un des organisateurs de la Chartreuse Terminorum, course de 300 km, déclinaison en France de la Barkley.
Place Gre’net – Qu’est-ce qui vous a incité à lancer la Chartreuse Terminorum, course de 300 km dont la première édition a eu lieu en 2017 ?
Benoît Laval : Je précise en premier lieu que je ne suis pas le seul organisateur. Nous sommes quatre amis : Cédric, Emmanuel, Nicolas et moi. Nous habitons à Saint-Pierre-de-Chartreuse, connaissons et aimons promouvoir la Chartreuse.
Personnellement, j’organise des courses depuis vingt-cinq ans. En organiser une dans le style de la Barkley, ça m’a intéressé. La Barkley est réputée comme la course la plus difficile, comportant le plus de dénivelé. [Elle se déroule dans une forêt du Tennessee, 160 km sont à parcourir en 60 heures maximum, ndlr]. Il y a eu quinze “finishers” [concurrents qui l’ont terminée] en trente-trois ans. J’ai moi-même participé à la Barkley pour la troisième fois cette année. Je ne l’ai jamais finie.
Ce concept de course était intéressant et puis, en Chartreuse, nous avions un terrain de jeu qui convenait, avec une histoire à raconter autour du monastère. Faire un parcours avec énormément de dénivelé et en peu de kilomètres, la Chartreuse s’y prête parfaitement.
Après ma première Barkley, j’en ai parlé à “Laz”, l’organisateur. Il était enthousiaste. Nous l’avons invité à venir visiter la Chartreuse. Cela lui a plu. Il nous a dit : “continuez !”
La Terminorum n’est pas une filiale de la Barkley. Il n’y a aucun contrat, rien de financier, de juridique. C’est un parrainage bienveillant. L’année dernière, “Laz” est venu donner le départ. Ça lui a fait plaisir de regarder les coureurs abandonner les uns après les autres, de se passionner pour la course comme il se passionne pour la Barkley.
Cette année, il ne sera pas présent mais il a une très bonne excuse. Il traverse les États-Unis à pied. Un périple de 5 500 km. Il compte mettre quatre mois pour effectuer ces 5 500 km. Il est parti le 10 mai de Newport, une ville à côté de Boston, à l’Est, pour rejoindre un autre Newport, au sud de Portland, côté Pacifique.
Quelles sont les similitudes et les différences entre la Barkley et la Chartreuse Terminorum ?
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