FOCUS – Les rythmes périscolaires et la semaine des quatre jours et demi ont été remis en cause par le gouvernement. Contrairement à d’autres communes, la Ville de Grenoble veut les maintenir, convaincue que cette organisation est la meilleure pour les enfants. Le débat reste ouvert, affirme la municipalité, qui lance une série de rencontres-débats. Guère convaincus que ses arguments soient entendus, un collectif de parents et d’enseignants, favorables à un retour à la semaine de quatre jours, a lancé une pétition en ligne.
La Ville de Grenoble organise du 16 mai au 13 juin 2018 [lire en encadré] dans les différents quartiers des rencontres-débats autour des temps périscolaires et du bien-être de l’enfant.
En question : un possible retour à la semaine de quatre jours ou à une autre organisation des rythmes périscolaires.
En effet, le décret Blanquer du 28 juin 2017 permet dorénavant aux communes de revenir à la semaine des quatre jours, avec le mercredi matin libre pour les enfants des écoles maternelles et élémentaires. Les communes sont tenues de consulter leur communauté éducative pour se positionner…
La Ville de Grenoble pourrait-elle revenir à la semaine de quatre jours ? Ce n’est pas son intention. Compte-t-elle consulter les parents par une votation, comme elle a pu le faire par le passé ? On pourrait s’y attendre sur un sujet de cette importance. Rien de la sorte n’est cependant évoqué. En juillet 2018, un comité de pilotage d’une trentaine de personnes rendra ses premières conclusions. En septembre, des scénarios seront présentés pour la rentrée 2019…
Grenoble, fervente partisane des quatre jours et demi
Les élus référents de la vie scolaire à Grenoble, Élisa Martin (PG) et Fabien Malbet (EELV) ne s’en cachent pas : ils sont en faveur de la semaine des quatre jours et demi, et ce « dans l’intérêt des enfants ». Leur principal argument étant qu’avec cette formule, la charge des apprentissages est mieux répartie sur la semaine, et donc plus digeste pour les écoliers, en particulier pour ceux qui rencontrent le plus de difficultés.
Depuis l’été 2017, un groupe de communes (Grenoble, Saint-Martin-d’Hères, Saint-Égrève, Bresson, Échirolles…) défendant le maintien des rythmes périscolaires se retrouve régulièrement pour échanger sur leurs pratiques.
Le retour aux quatre jours impliquerait que les communes cessent d’organiser des temps périscolaires après les cours, qu’elles peaufinent pourtant depuis 2014, voire 2013 pour les communes pionnières comme Grenoble. À l’inverse de collectivités revenues illico à la semaine des quatre jours, ce groupe de communes n’a pas l’intention de balayer le travail accompli sans se donner le temps d’en évaluer les résultats et de faire le tour complet des rythmes de l’enfant.
« Nous ne sommes pas des élus autocrates »
Deux ans après le décret Blanquer sur le territoire de la métropole grenobloise, seule une minorité de communes – douze au total – sont encore aux quatre jours et demi. En terme d’effectifs, en revanche, 55 % des enfants de la métropole, soit au total 23 628, ont toujours école le mercredi matin. Ce sont en effet davantage de petites communes qui ont renoncé aux quatre jours et demi.
La Ville de Grenoble a, pour sa part, choisi son camp et ne semble pas prête à en démordre. Néanmoins, comme s’en défend Élisa Martin : « Nous ne sommes pas des élus autocrates. Nous essayons de comprendre pourquoi les familles seraient pour les quatre jours. »
La Ville de Grenoble propose ainsi des rencontres-débats dans les six secteurs de la ville sur le thème : « Bien être de l’enfant à l’école, ensemble trouvons le rythme ! »
Étant donné la forme de la consultation, un collectif de parents et d’enseignants favorables au retour des quatre jours doute que ses arguments puissent être entendus. Il assure pourtant que les enfants ont besoin d’une véritable coupure dans la semaine. Les écoliers seraient en effet plus fatigués depuis la mise en place des quatre jours et demi, dans la mesure où ils passent dorénavant davantage de temps en collectivité.
Une pétition pour demander une consultation comme à Eybens
Le collectif est par ailleurs échaudé par une expérience récente où leurs arguments ont été mis sous le tapis. Il en veut pour preuve que, dans la vidéo de la conférence du 25 avril dernier, leurs remarques et questions, qui n’allaient pas dans le sens de la Ville, n’ont pas été reprises. Censure ? Problème technique ? À moins que l’on considère que seuls la parole des experts importe ?
Autre problème soulevé par le collectif : la Ville n’aurait justement invité que des experts peu ou prou chantres des quatre jours et demi.
« Nous n’avons trouvé aucun expert qui puisse nous expliquer que les quatre jours sont favorables aux enfants », se justifient tout simplement Fabien Malbet et Élisa Martin.
Non satisfait, quoiqu’il en soit, par cette proposition de rencontres-débats qui ne leur laisserait guère de marge de manœuvre, le collectif de parents et d’enseignants a lancé une pétition. Cette dernière s’inscrit, qui plus est, dans le cadre du dispositif d’interpellation et de votation citoyenne. Mais elle est loin d’avoir atteint encore le seuil des 2 000 signatures nécessaires. « Il faut que la Ville consulte tous les parents, martèle l’une des porte-paroles du collectif. De très nombreuses communes le font. Ce serait anormal qu’ils ne le fassent pas. Eux encore moins, avec tout le battage qu’ils font autour de la concertation des habitants. »
Ainsi dans la commune d’Eybens, les parents ont été consultés et se sont prononcés pour le retour à la semaine des quatre jours. Bien que contrariée par la décision sortie des urnes, la commune a respecté ce choix.
Séverine Cattiaux
DATES DE RENCONTRES-DEBATS
Secteur 5 – 18 heures le mercredi 16 mai à La Chaufferie ;
Secteur 4 – 18 heures le jeudi 17 mai à la Maison des habitants Capuche ;
Secteur 3 – 18 heures le mercredi 23 mai à la salle polyvalente Mistral,
Secteur 4 – 18 h 30 le mercredi 30 mai à la bibliothèque Alliance ;
Secteur 6 – 18 heures le jeudi 31 mai à la salle 150 ;
Secteur 2 – 18 heures le jeudi 7 juin à la Salle Bois d’Artas ;
Secteur 1 – 18 heures le mercredi 13 juin à la salle Rouge.