FIL INFO – Ce mardi 15 mai, environ trente personnes ont manifesté devant la préfecture de l’Isère. Des sans-papiers sous la bannière de la CGT réclament leur régularisation, comme ils l’avaient déjà fait le 25 avril dernier.
« Ils bossent ici. Ils vivent ici. Ils restent ici ! » Le slogan scandé par les manifestants résonne place de Verdun, devant la préfecture de l’Isère, où se sont rassemblées une trentaine de personnes, ce mardi 15 mai, pour réclamer la régularisation des travailleurs sans-papiers.
Prenant le micro, Ayache Ben Halis, secrétaire général de la CGT des travailleurs sans-papiers de l’Isère, dénonce « un blocage avec la préfecture qui dure depuis deux ans. »
Un « parcours du combattant » à la préfecture
« La circulaire Valls précise que les salariés en situation irrégulière doivent résider sur le territoire français depuis au moins cinq ans et avoir travaillé au moins huit mois sur les deux dernières années, explique Ayache Ben Halis. Nous faisons des dossiers à la CGT pour aider les sans-papiers : sur les onze derniers dossiers, on a essuyé huit refus. Pourtant, il y a des gens qui sont en France depuis dix-huit ans. »
Un sans-papier dénonce de son côté « un parcours du combattant » pour faire valoir sa régularisation, « une épreuve » faite d’allers-retours entre la préfecture et la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). Il reproche aux deux institutions de « se renvoyer la responsabilité du dossier de régularisation ».
Ces sans-papiers qui travaillent dans « des secteurs sous tension », à savoir le bâtiment ou la restauration, subissent « l’exploitation des patrons qui se servent de leur situation irrégulière pour ne respecter ni la législation sur les salaires, ni celle des horaires de travail », d’après Ayache.
Des parcours de sans-papiers entre précarité et angoisse
Hamza, un sans-papier de 28 ans, nous raconte son parcours. « Je suis originaire d’Algérie et je suis arrivé en France à 17 ans. J’ai été adopté par ma tante qui est française. Cela a été reconnu par le tribunal, mais pas par la préfecture qui refuse de me régulariser. J’ai été scolarisé à Mounier à Grenoble. Je suis peintre dans le bâtiment depuis 2009. »
Depuis 1968, date la convention bilatérale franco-algérienne, un certificat de résidence peut être délivré à un Algérien après dix ans de présence en France. Ce qui est le cas d’Hamza, présent depuis onze ans. Il a même présenté une promesse d’embauche. Pourtant, lui non plus n’a pas été régularisé.
Que se passe-t-il une fois la demande de régularisation refusée ?
Le sans-papier dispose de trente jours pour faire appel suite à la réception de sa première obligation de quitter le territoire français (OQTF) et de quarante-huit heures pour les suivantes. L’OQTF est ensuite valable un an. Cette échéance passée, il peut renouveler sa demande.
Néanmoins, durant l’année où le sans-papier est sommé de quitter la France, il mène une vie précaire : « Je travaille chez des artisans. J’ai commencé à 20 euros la journée et je peux attendre deux ou trois mois avant de recevoir ma paye », témoigne le jeune Algérien.
Suite à notre appel, le service de communication de la préfecture nous informe qu’elle « ne souhaite pas réagir à cette manifestation classique ».
Edouard Merlo