EN BREF – Le Conseil départemental de l’Isère lance une nouvelle campagne d’affichage. Son objectif ? Mettre en avant l’action de la majorité départementale au pouvoir à l’occasion d’un bilan de mi-mandat. Une communication éminemment politique, dont certains s’offusquent qu’elle soit financée par l’argent public.
« On est les meilleurs ! » Pour présenter la nouvelle campagne de communication du Conseil départemental de l’Isère, son président Jean-Pierre Barbier ne fait pas dans la fausse modestie. « On est très heureux et très fiers de ce que nous avons fait », insiste-t-il. C’est tout le sens des affiches concoctées par la collectivité, titrées « Le Département tient ses promesses » et accompagnées d’une même citation : « Dire ce que l’on va faire, faire ce que l’on a dit, on ne conçoit pas la politique autrement. »
Parmi les messages véhiculés : « Le meilleur du tourisme », « 0 % d’augmentation d’impôt », « Relancer l’économie iséroise » ou encore « La montagne au sommet ». Le tout assorti à chaque fois d’une grande image d’illustration. Un affichage sobre et régulier reposant, explique le président du Département, sur ce qu’il définit comme « cinq piliers » : la parole, la réactivité, le pouvoir d’action, l’avenir et la proximité.
Redorer l’image de la politique
Pour Jean-Pierre Barbier, il est grand temps de redorer l’image de la politique. « On voit la dégradation de la confiance du public et des électeurs. Il faut absolument rétablir cette confiance ! », prêche-t-il. D’où l’importance de la parole tenue. « On a bien dit ce que l’on pensait, on a bien fait ce que l’on disait », poursuit-il. Et cela dans un seul but : « Améliorer la vie des Isérois ».
Redorer la confiance, c’est aussi jouer la carte de la proximité. Un « style » revendiqué par la majorité du conseil départemental, dont les élus et le président lui-même assurent de fréquentes permanences dans les territoires. « Si je fais de la politique, c’est parce que j’aime les gens, proclame Jean-Pierre Barbier. Si demain, la politique doit se faire sans cette proximité, ça ne m’intéresse plus. »
Les moments clés de mi-mandat
Quels moments-clés de son action le Département veut-il mettre en avant ? Jean-Pierre Barbier se souvient de la crise du tunnel du Chambon, évoque le « sauvetage » récent des services d’aide à domicile, et revient naturellement sur l’incendie du collège Lucie-Aubrac. Avec une confidence : les services techniques n’étaient pas favorables à une réouverture du collège des Saules. Une « solution politique et humaine » malgré tout préférée par le Département à « la “bonne” solution technique ».
Jean-Pierre Barbier n’oublie pas de rappeler la création de la marque territoriale Alpes Is(h)ere, ni les 100 millions d’euros investis pour le plan de relance du BTP, ou un plan piscines qui devrait permettre aux territoires ruraux de disposer d’équipements natatoires.
Autre élément pour « préparer l’avenir » ? Le réaménagement de l’A480. « Même si le Département ne porte pas ce sujet, je crois que son action a été décisive sur ce dossier », juge le président du Conseil départemental.
Et si la question sociale est absente des premières affiches, le Département met encore en avant durant la présentation de son bilan la réciprocité, pierre angulaire de sa politique, notamment à l’intention des allocataires du RSA. Une réciprocité qui devrait probablement figurer dans une « deuxième vague » d’affiches, nous précisent par ailleurs les services du Département.
Une « propagande » financée par l’argent public, juge l’opposant Erwann Binet
Sans surprise, la campagne ne plaît pas à tout le monde… à commencer par les opposants à l’actuelle majorité du Département. Sur les réseaux sociaux, le conseiller départemental socialiste Erwann Binet n’hésite pas à qualifier l’initiative du Département de « propagande ». « Cette campagne n’a d’autre vocation que celle de rappeler aux Isérois.e.s l’identité de ceux qui gèrent le département de l’Isère depuis trois ans », écrit ainsi l’ancien député de l’Isère.
Un « cri d’autosatisfaction », poursuit Erwann Binet, que le financement interroge. « Dans quel autre pays voit-on les deniers publics utilisés dans une campagne d’auto-promotion si peu subtile qu’elle frise le ridicule ? », attaque le conseiller départemental, avant d’asséner : « Cette campagne va coûter l’argent que jean-Pierre Barbier pleure chaque jour ne pas avoir. »
Une droite providentielle ?
Un message politique financé par l’argent public ? Jean-Pierre Barbier décrit lui-même la nouvelle série d’affiches du Département comme une « campagne de mi-mandat »… mais relativise : « Ce n’est pas une campagne politique, c’est une campagne d’information. Il faut bien informer les gens de ce que nous avons fait. » Pour quel montant ? « Je vous rassure, c’est moins de 10 000 euros, tout a été fait en interne », précise-t-il.
Une chose est sûre : l’opposition ne l’émeut guère, ni ne l’ébranle. « On a une opposition au Département qui est très politique et n’est pas constructive », estime Jean-Pierre Barbier. Quant aux manifestations de collectifs ou d’associations qui ont accueilli en début de mandat les nouvelles orientations du conseil départemental, elles suscitent surtout l’agacement. De nouvelles protestations sont-elles à venir ? « Vous le pensez ou vous l’espérez ? », nous rétorque-t-il.
On l’aura compris, c’est la fierté pleine et entière et la promotion de son bilan qu’entend porter la majorité du Département. Une droite providentielle ? Jean-Pierre Barbier revient sur les élections de 2015 : « Il y a trois ans, certains voulaient dévitaliser les départements, éteindre la lumière. Heureusement que tout cela ne s’est pas produit. C’est bel et bien l’ensemble des habitants qui auraient été pénalisés ! »