EN BREF – Condamné une première fois pour avoir pris part au vote concernant une affaire dans laquelle il avait des intérêts privés, Christian Coigné, le maire de Sassenage vient d’être condamné une seconde fois pour diffamation après des propos tenus à l’encontre du chef de file de l’opposition de gauche. Simple querelle de personnes ?
Christian Coigné, maire de Sassenage et vice-président du Conseil départemental © Nils Louna – placegrenet.fr
A Sassenage, l’instrumentalisation de la question de l’utilisation de l’argent du contribuable à des fins politiques alimente le feuilleton de la vie politique locale.
Depuis quelques mois, c’est à coups de procédures judiciaires et de billets rédigés par bulletin interposé que la majorité et l’opposition de gauche règlent leurs comptes. Avec en tête, le maire Christian Coigné (UDI) d’un côté, et son chef de file Yannick Belle de l’autre.
Par deux fois en 2017, le maire de Sassenage a été condamné par la justice. La première fois, c’était le 4 avril. Le tribunal administratif de Grenoble avait annulé la délibération votée le 18 décembre 2014 relative au transfert de voies privées de la résidence La Dentellière dans le domaine public. Question de forme, le maire et sa première adjointe ayant pris part au vote alors que les deux élus, propriétaires, avaient des intérêts dans l’affaire.
Le maire a voté le transfert dans le domaine public des voiries privées de La Dentellière. Mais la délibération a été annulée par la justice © Albéric Marzullo
Le juge avait donc tapé sur les doigts des deux édiles. Ce qui n’avait pas empêché le transfert de voiries de continuer son petit bonhomme de chemin, la compétence relevant depuis de la Métropole…
L’avocat du maire dénonce les « excès d’un combat judiciaire et politique »
Condamné à payer 1 200 euros au groupe Agir pour Sassenage qui avait saisi la justice, Christian Coigné avait alors répliqué dans le bulletin municipal dont il est le directeur de publication. Et accusé le groupe d’opposition de s’enrichir sur le dos des contribuables sassenageois. Une accusation grave pour les élus d’opposition, qui avaient alors porté plainte en diffamation.
Ce pour quoi Christian Coigné a été condamné. Le 2 novembre, le tribunal correctionnel de Grenoble a prononcé une peine de 1 000 euros avec sursis et un euro de dommages et intérêts. De quoi satisfaire l’opposition, qui voit le premier magistrat de Sassenage condamné une seconde fois, et… le maire de Sassenage qui trouve la sentence du tribunal visiblement clémente, si l’on en croit les propos de son avocat dans les colonnes du Dauphiné libéré.
« En prononçant une amende totalement assortie du sursis et en refusant d’ordonner la publication, le tribunal a entendu la mesure à laquelle je l’avais appelé face aux excès d’un combat judiciaire et politique mené par des opposants systématiques à l’égard du maire. »
De quoi ramener tout ce monde à plus de raison ? Pas vraiment… Christian Coigné ne s’est pas privé de remettre le couvert après l’élection de Yannick Belle au sein de l’exécutif métropolitain.
Le conseiller municipal sassenageois s’est ainsi, dans le bulletin municipal de novembre, vu accusé de s’être fait « bombarder vice-président de la Métro en charge de deux délégations créées spécialement pour lui, le sport et la lutte contre les discriminations, dont la Métropole n’a même pas les compétences ».
Et tant pis si la gestion des équipements sportifs est bien de la compétence de la Métro… Pas de quoi désarçonner le premier magistrat qui, rebondissant sur les indemnités octroyées au nouveau vice-président, repart à la charge, en signant un « Bon, il fallait sauver le soldat Belle, mais c’est quand même avec l’argent du contribuable ! »
Les indemnités des élus sur la place publique
Qui gagne combien avec l’argent public ? La balle était facile à saisir. Yannick Belle a donc fait les comptes et mis cartes sur table. Son indemnité est passée, depuis octobre 2017, de 813 euros comme “simple” conseiller communautaire à 1 626 euros comme vice-président, souligne-t-il sur le site de son groupe. C’est la seule indemnité qui lui est versée, son poste de conseiller municipal à Sassenage n’étant pas rétribué.
« En revanche, Christian Coigné cumule quatre mandats et fonctions avec les indemnités mensuelles suivantes : 813 euros en tant que conseiller métropolitain, 1 325 euros en tant que maire de Sassenage, 3 793 euros en tant que vice-président du Conseil départemental de l’Isère chargé de l’ingénierie urbaine, foncier et logement, et 2 000 euros en tant que président d’Isère Aménagement (information fournie par M Coigné lui même) », rétorque Yannick Belle. « Cela fait un total de 7 931 euros bruts par mois. En comparaison avec le soldat Belle, le maréchal Coigné, s’en sort extrêmement bien… aux frais du contribuable. »
Simple querelle de personnes à l’approche des prochaines municipales ? « Pour les élus de l’opposition, il est plus facile d’attaquer le maire plutôt que de travailler sur les dossiers de la ville », rétorque Christian Coigné sur les réseaux sociaux. Ces querelles de personnes sont vraiment dérisoires au regard de la gestion de la ville. »
Patricia Cerinsek