EN BREF – La concertation préalable à l’expérimentation de la police de sécurité du quotidien (PSQ) va être lancée. Si elle prévoit de réunir beaucoup de monde autour de la table, les forces de l’ordre de l’agglomération grenobloise ne savent guère, à deux mois du lancement, avec quels moyens elles devront composer. Ni si elles seront concernées…
On ne sait toujours pas si la police de sécurité du quotidien sera testée à Grenoble. Et encore moins avec quels moyens si c’est le cas…
Alors que l’expérimentation de cette nouvelle police, réclamée à cor et à cris par Grenoble mais aussi Échirolles et Saint-Martin-d’Hères doit démarrer aux premiers jours de 2018, ses contours baignent toujours dans le flou.
Une concertation attendue depuis… septembre.
L’horizon va-t-il s’éclaircir ? A La Rochelle, le 28 octobre dernier, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a donné le coup d’envoi de la grande consultation préalable qui doit réunir autour d’une même table les forces de l’ordre mais aussi les élus, les autorités administratives et judiciaires, les polices municipales, les réseaux de transport, les bailleurs et services sociaux, les associations et jusqu’aux commerçants. Une concertation attendue depuis… septembre.
Tout ce petit monde va donc sous peu pouvoir donner son avis. A la suite de quoi, « de nouveaux dispositifs et de nouvelles méthodes de travail seront expérimentés, à partir de janvier 2018, dans une série de territoires reflétant la diversité du pays et de ses problématiques (quartiers urbains, zones péri-urbaines, territoires ruraux), en France métropolitaine et outre-mer », dixit le communiqué de presse de la préfecture de l’Isère.
Une police « sur mesure » mais dont on ne connaît pas encore les effectifs
Sur le papier, la PSQ est attrayante. Voilà donc une police « sur mesure », connectée, mieux équipée et mieux protégée. Partenariale aussi ainsi que recentrée sur ses missions premières. A ce détail près que si cette annonce a été accompagnée de 30 000 véhicules supplémentaires d’ici cinq ans, 60 000 gilets pare-balles d’ici fin 2018 et 115 000 tablettes numériques, Gérard Collomb est resté beaucoup plus discret sur ce qui intéresse au premier chef les policiers : les effectifs.
Car les forces de l’ordre craignent d’abord de voir débouler cette nouvelle unité sans nouveaux moyens humains.
A charge de faire avec les moyens du bord ? A Grenoble, ils sont déjà limités. En vingt ans, la police a perdu 120 hommes, soit un cinquième de ses effectifs, en même temps que la délinquance augmentait et que les missions se multipliaient.
Contrecoup de l’attentat de Marseille qui a conduit au limogeage du préfet de Lyon, les policiers sont de plus en plus sollicités pour véhiculer les étrangers vers les centres de rétention administrative. A Lyon mais aussi désormais à Bordeaux ou Metz…
« Un transport jusqu’à Metz ou Bordeaux aller-retour, c’est une patrouille de moins sur le terrain », constate Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat SGP Police en Isère. Avec quels moyens sera expérimentée cette nouvelle unité ? Impossible au vu des délais d’ajouter pléthore de renforts. « C’est bien beau d’annoncer 1 850 postes en plus pour 2018 mais est-ce que les effectifs de la PSQ en font partie ? Et le temps de les former, on n’aura pas de nouvelles équipes sur le terrain avant deux ans… »
Bref, à deux mois du lancement de l’expérimentation de la promesse de campagne du candidat Macron, les policiers ne sont pas plus avancés. Mais la concertation promet déjà d’être animée. La fresque anti-police de la ville avait mis le feu aux poudres ? L’exposition censée dénoncer le contrôle au faciès a rallumé la mèche…
PC