TRIBUNE LIBRE – Citoyen grenoblois, Samuel Chopin réagit à l’article sur « Les excuses “bidons” des fraudeurs comme thème d’une nouvelle campagne contre la fraude », paru le 30 octobre dernier sur Place Gre’net. La Sémitag mène en effet actuellement une campagne de communication de lutte contre la fraude qui reprend sur un ton humoristique les excuses fournies aux contrôleurs par les contrevenants. Rappelant les promesses de campagne de l’équipe municipale de Grenoble, Samuel Chopin en appelle, lui, à la fraude.
Il y a trois ans, mon fils en avait 9 et comme je faisais partie des milliers d’électeurs enthousiasmés par le programme des élu-es de la mairie actuelle, je lui ai annoncé très fièrement que, bientôt, il irait au collège en tram’ sans tickets ni contrôles, parce que la majorité des citoyen-nes votant-es de notre ville en avait décidé ainsi, devant les pics de pollutions et les crises d’asthme que beaucoup trop des copains de son âge subissent.
Comme c’est l’âge où l’instruction civique commence, j’ai donc aussi expliqué à mon fils la démocratie, et aussi le régime représentatif. Je lui ai parlé de la constitution, cette loi qui prime sur toutes les autres, même celle de la Métro, dans laquelle il y a l’article 2 qui dit : « La devise de la République est “Liberté, Égalité, Fraternité”. Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
Cette campagne est un véritable scandale
Ce qu’on apprend donc à nos enfants, et ce que dit la personne âgée évoquant le Conseil national de la Résistance dans la vidéo de nos élu-es, c’est que rien, absolument rien, n’est opposable à une décision collective et démocratique, rien… sauf la dictature, que ce soit celle d’un unique leader suprême ou celle d’une pléthore de bureaucrates locaux bêtement disciplinés et cachés derrière « les ordres de leur hiérarchie ».
C’est pourquoi cette campagne de com’ contre la soit-disant « fraude » est un véritable scandale : alors que nos élu-es locaux ne cessent de couiner qu’on a pas assez d’argent public, on dépense cet argent pour culpabiliser les habitant-es de ne pas payer les transports au moment d’y accéder alors qu’ils ont souverainement décidé de les payer uniquement par leurs impôts, tout en offrant l’accès libre à l’embarquement.
Qu’on arrête massivement de payer ces tickets !
Beaucoup plus grave : cette campagne fait oublier à la population que l’on refuse d’appliquer une décision du peuple, par le peuple, pour le peuple. Il n’y a plus à ergoter pour savoir si c’est une bonne mesure ou pas : la décision d’expérimenter la gratuité d’accès à été votée et décidée par la majorité votante. Peut-être que dans quelques années futures les habitant-es reviendront dessus, qu’importe : présentement, on doit tenir parole et appliquer nos décisions collectives.
Il est grand temps que les citoyen-nes de Grenoble entrent en résistance pour faire appliquer leurs droits civiques et constitutionnels. Qu’on arrête massivement de payer ces tickets et ces machines inutiles ! Et que les employés de la Sémitag prennent leur responsabilité de citoyens plutôt que de spolier la démocratie et de racketter en uniformes nos enfants et les jeunes de moins de 25 ans à qui nous avons promis la gratuité d’accès aux transports publics, la démocratie locale et une bonne santé dans une cuvette moins polluée !
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Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur.
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