Le groupe municipal “dissident” Ensemble à gauche dénonce des tentatives « d’intimidation » sur un agent de la Ville de Grenoble engagé contre la fermeture des bibliothèques. Et rappelle le refus du maire d’organiser une votation citoyenne sur cette question, à rebours de son propre dispositif de démocratie locale.
Quelques jours après avoir demandé le rétablissement du courant du squat rue Jay, le groupe municipal “dissident” Ensemble à gauche tacle de nouveau la municipalité grenobloise. En cause ? « L’intimidation » d’une salariée engagée contre la fermeture des bibliothèques. Les élus Bernadette Richard-Finot et Guy Tuscher dénoncent une « action anti-syndicale ».
Stéphanie*, agent syndiqué de la bibliothèque Centre-ville, a en effet été convoquée le 16 octobre dernier face à une commission disciplinaire, relatent les deux conseillers municipaux. Il lui serait reproché d’avoir proféré des accusations publiques, voire des menaces, mais aussi d’avoir exprimé son désaccord avec la municipalité durant des assemblées générales du personnel.
Une trahison des engagements de campagne ?
« Nous pensions bêtement que les assemblées générales du personnel servaient au personnel à s’exprimer librement pour permettre un dialogue social fécond au sein de l’institution. Manifestement, ce n’est pas la conception de l’encadrement municipal et à fortiori de la municipalité actuelle », estime le groupe Ensemble à gauche.
Et les deux élus de considérer que la municipalité trahit ses engagements de campagne, en l’occurrence l’article 65 de la liste Une ville pour tous, qui souhaitait « Faire de la Ville un employeur exemplaire » en relançant « la démocratie sociale ». En réalité, l’article fixait comme priorités la résorption de la précarité, la réduction des horaires atypiques, le développement de la formation du personnel et les conditions de travail et de rémunérations des travailleurs sociaux.
« Une politique catastrophique pour la confiance des citoyens »
Ensemble à gauche profite de l’occasion pour rappeler que le maire de Grenoble Éric Piolle a finalement refusé la demande de votation citoyenne du collectif Touchez pas à nos bibliothèques. Quand bien même ce dernier avait rassemblé le nombre requis de signatures pour obtenir cette votation, selon les règles édictées… par la municipalité elle-même.
Pour les deux conseillers municipaux, « ce refus a causé des dommages collatéraux non négligeables sur d’autres sujets de la démocratie locale ». Ils jugent en effet que la participation en baisse, par rapport à l’année précédente, au vote du budget participatif 2017 en est la conséquence. « Beaucoup de Grenoblois [ont] fait le choix de ne pas se déplacer, signifiant ainsi leur désapprobation de l’annulation de la pétition par le maire », analysent-ils.
« Qu’une telle majorité écologiste et dite de gauche puisse être amenée à faire de tels choix, allant jusqu’à renier et discréditer définitivement l’intéressant processus de votation d’initiative citoyenne, puis appliquer la technique grossière d’intimidation d’agents motivés par leur travail et mobilisés pour l’intérêt général, est un message politique catastrophique pour la confiance des citoyens vis-à-vis des engagements politiques et qu’ils ont soutenus pour nombre d’entre eux à Grenoble », assènent enfin, sans prendre de gants, Bernadette Richard-Finot et Guy Tuscher.
FM
- * Cette personne ne souhaite pas que son nom soit publié.