EN BREF – Pendant trois ans, la Métro va verser chaque année 375 000 euros à TéléGrenoble, la Ville de Grenoble près de 100 000 euros. En échange de quoi, la télévision locale s’engage à mettre en valeur les initiatives, actions et manifestations organisées sur ces territoires. Seul un groupe politique a voté contre au conseil municipal.
TéléGrenoble va recevoir sur trois ans plus de 1,4 million d’euros de la part de la Ville de Grenoble et de la Métro. Ainsi en ont décidé, à la quasi-unanimité les élus, grenoblois et métropolitains, lors de leur dernière séance, respectivement les 9 et 6 juillet derniers.
Les conventions d’objectifs et de moyens fixent le montant que les contribuables métropolitains et grenoblois vont verser à la télévision locale sur trois ans. À savoir, 375 000 euros par an pour la Métro et près de 100 000 euros par an pour la Ville.
À la Métro, la délibération est passée comme une lettre à la poste sans question, ni commentaire. Avec un vote à l’unanimité. Lors du conseil municipal de la Ville de Grenoble, seul le groupe Ensemble à gauche s’est ouvertement interrogé et a voté contre. Paul Bron s’est quant à lui abstenu.
« De télé-préfet à… télé-maire ? »
« Il y a quelques années, on appelait France 3 “télé-préfet”, se souvient Guy Tuscher. Je me demande si TéléGrenoble ce n’est pas télé-maire… ». L’ex-colistier d’Eric Piolle a demandé à ce que lui soient communiqués le bilan de la société ainsi que les chiffres de son audience*.
« À ce jour, je n’ai rien. On donne 300 000 euros sur trois ans… Je ne sais pas si vous vous rappelez les coupes qu’on a fait sur les bibliothèques, sur les MJC qui souffrent actuellement beaucoup. Sur les principes journalistiques, est-ce qu’ils respectent les principes ? Moi, j’en doute… »
« Cette télé, comme toute télé locale est conventionnée avec le CSA et, dans ce cadre, respecte une charte de déontologie comme n’importe quel journaliste détient une carte de presse », a répondu Olivier Bertrand, le conseiller municipal en charge des animations à la Ville de Grenoble.
« TéléGrenoble est la seule télévision avec une couverture locale depuis l’arrêt de M6 Grenoble et France 3 Grenoble […] L’objet de cette convention est justement d’avoir des objectifs plus clairs. »
TéléGrenoble doit « mettre en valeur les initiatives et actions sur le territoire de Grenoble »
Une télé sous perfusion au risque d’être sous influence, comme le craint Guy Tuscher ? Le code général des collectivités territoriales permet, en tout cas, aux collectivités de conclure avec l’éditeur d’un service de télévision locale « un contrat d’objectifs et de moyens définissant des missions de service public et leurs conditions de mise en œuvre ». Ce que rappelle d’ailleurs la convention.
S’il est bien précisé que « TéléGrenoble est libre de la définition de sa grille et du contenu de ses programmes, le présent contrat n’ayant ni pour objet ni pour effet, de limiter ou d’encadrer son indépendance éditoriale », le média est tenu à un certain nombre d’obligations en contrepartie de l’argent versé.
TéléGrenoble s’engage ainsi à « établir des programmes de qualité permettant de véhiculer auprès de la population l’image locale et régionale du territoire. Les programmes […] devront mettre en valeur les initiatives et actions sur le territoire de Grenoble, et soutenir la vie associative et les manifestations organisées à Grenoble ».
Patricia Cerinsek
* Médiamétrie faisait état d’une audience cumulée (nombre de personnes ayant eu au moins un contact avec le média quelle qu’en soit la durée) de 100 000 spectateurs par semaine en 2011 (derniers chiffres disponibles).