EN BREF – A l’occasion de la clôture des Jeux paralympiques de Paris 2024, 65 membres du personnel du lycée Mounier, à Grenoble, ont écrit une lettre ouverte pour témoigner de la place du handicap dans les établissements scolaires. Ils dénoncent un manque de moyens pour accompagner les élèves concernés, mais aussi pour aider leurs familles et le personnel en charge de les suivre.
« Les Jeux paralympiques et leur indéniable succès populaire et médiatique auront été l’occasion de mettre en lumière la cause du handicap et de célébrer la nécessité et la richesse de l’inclusion de toutes et tous », relèvent, dans une lettre ouverte du 14 septembre 2024, 65 membres du personnel éducatif du lycée Mounier de Grenoble. Mais ils déplorent un véritable décalage entre cette « parenthèse enchantée » et ce que les établissements constatent quotidiennement, à commencer par le leur.
Un décalage criant entre les ambitions affichées de l’État et la réalité du terrain
Élèves non voyants, malvoyants, malentendants, en chaise roulante, atteints de troubles du spectre de l’autisme, souffrant de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, ou encore multydis (dyslexiques, dyscalculiques, dysgraphiques…).
Les signataires de la lettre constatent que les élèves handicapés sont chaque année plus nombreux. Or, même s’ils se disent heureux de cette situation et attachés à la réussite de chacun, ils observent que le nombre d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), lui, n’augmente pas.
Au lycée Mounier, il y aurait un déficit de prise en charge d’environ 60 heures, soit deux à trois postes. Le retour du rectorat à ce sujet ? « On nous répond que ‘la situation est pire ailleurs’, déplorent-ils. Que ‘le recrutement d’AESH est compliqué’, que ‘les moyens manquent’. » Quoi qu’il en soit, s’enclenche un cercle vicieux : les conditions de travail se dégradant, des AESH démissionnent, bien qu’ils se sentent attachés à leurs missions.
Selon le personnel éducatif, l’argument du finacement ne tient pas. « Il suffit de récupérer les centaines de millions consacrés au fiasco du Service national universel (SNU), de la laborieuse expérimentation de l’uniforme ou du scandale de la généralisation des évaluations nationales pour être en mesure de financer des milliers de postes d’AESH indispensables à l’inclusion réelle des élèves en situation de handicap. »
« Le scandale de l’inclusion au rabais »
Les auteurs de la lettre regrettent une « hypocrise gouvernementale » cachant une « politique cynique » basée sur la réduction des dépenses publiques et qui saboterait l’école publique. Une politique aux graves conséquences, selon les signataires : « Le scandale de l’inclusion au rabais met en souffrance les enfants concerné.e.s, leur famille, les personnels et, plus largement, l’ensemble des élèves. »
Et les personnels du lycée Mounier de lancer un appel : « Professeur.e.s, agents, personnels du lycée Mounier, nous refusons de nous taire et de nous ‘faire balader’ par des interlocuteurs atones. Nous appelons l’ensemble de la communauté éducative à se donner les moyens de faire respecter le droit à l’éducation de tou.te.s les élèves. »