REPORTAGE VIDÉO - Plusieurs dizaines d'élèves, d'enseignants et d'anonymes se sont rassemblés devant le lycée Emmanuel Mounier à Grenoble, ce mercredi 13 février. Tous sont venus en soutien au professeur agressé vendredi 8 février par trois individus cagoulés. Un rassemblement pour dénoncer l'« intolérable » et dire « non à la violence » au sein des établissements et contre les enseignants.
Ce mercredi 13 février, sur le fronton du lycée Emmanuel Mounier, une grande banderole donne le ton. « Tous unis contre la violence », peut-on y lire. Là, peu avant les cours, des dizaines d'enseignants, d'élèves, d'élus, de parents et de personnels du lycée se sont rassemblés. Sur leurs vêtements, beaucoup arborent un autocollant frappé d'un petit cœur rouge « We love Mounier ».
Tous ont tenu à soutenir le professeur violemment agressé par des individus cagoulés, ce vendredi 8 février, alors qu'il attendait son tramway. Une agression « intolérable » qui les a émus et choqués. D'autant que les élèves et l'équipe éducative de l'établissement n'avaient, jusqu'alors, jamais été confrontés à des actes d'une telle violence.
Beaucoup d'émotion pour dire « non à la violence »
Une des enseignantes a alors lu un texte écrit la veille par le professeur de lettres, puis des haut-parleurs ont diffusé une chanson composée par les élèves du lycée. De simples mots emprunts d'émotion sur un rythme de rap. « Face à la violence, je veux sortir de mon silence… Professeur de lettres sans histoire mais devant lui des gens encagoulés l'ont roué de coups, tabassé. Heureusement, des élèves viennent s'interposer », ont-ils scandé. Beaucoup d'émotion pour dire haut et fort « non à la violence », que ce soit au sein des établissements ou contre les enseignants.
Retour en images sur le déroulement de ce rassemblement qui s'est achevé vers 9 heures avec la reprise des cours.
« Personne ne doit accepter ce qui s'est produit »
« C'est un moment symbolique, un moment où nous sommes resserrés autour de ce qui doit être fait. Personne ne doit accepter ce qui s'est produit mais nous avons souhaité le faire de manière conviviale », explique Lionel Vernet, le proviseur du lycée. En l'occurrence, discuter avec les élèves et les accueillir avant la reprise des cours. Le tout « autrement qu'à travers la tristesse que nous éprouvons réellement », explique le proviseur.
« Nous nous sommes sentis touchés en plein cœur par ce qui s'est passé. Pas seulement pour l'acte en lui-même mais aussi par la symbolique qu'il représente : la violence aux abords du lycée, ici, à Mounier ! », s'indigne Coralie Bruyère.
La professeure d'économie s'en inquiète d'autant plus que le lycée Emmanuel Mounier s'appuie sur des valeurs humanistes fortes. Le philosophe n'a-t-il pas dit, rappelle-t-elle, « qu'être c'est aimer » ?
Coralie Bruyère veut néanmoins garder espoir. « Nous avions envie de manifester tout notre soutien à notre collègue. Et, au-delà, de transformer cet acte d'une violence inouïe en quelque chose de positif dans le message de paix qu'est ce rassemblement. »
Joël Kermabon