DÉCRYPTAGE – La CGT a adressé, le 23 juillet 2024, une lettre ouverte aux députés de l’Isère (hors RN), concernant l’avenir des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie. Faisant face à de fortes difficultés économiques, Vencorex se trouverait en effet sous la menace d’un plan social, voire d’une fermeture. Ce qui, par effet domino, entraînerait la chute d’Arkema Jarrie, en raison de l’interdépendance des activités des deux structures. Près de 6 000 emplois directs et indirects sont en jeu, alerte le syndicat, même si les dernières informations semblent offrir un sursis aux salariés jusqu’à fin 2024.
Le risque, selon eux, n’est ni plus ni moins que « la disparition de la chimie dans le sud grenoblois, [qui] serait une catastrophe pour l’économie locale ainsi que pour les services publics ». C’est l’avertissement que lancent, dans une lettre ouverte adressée aux députés de l’Isère (hors RN) le 23 juillet 2024, l’Union départementale CGT de l’Isère, la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC) CGT et les syndicats CGT des plateformes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix. En cause, un futur de plus en plus sombre pour Vencorex et Arkema.
« Suite aux très grandes difficultés économiques de l’entité Vencorex, une menace de plan social avec une possible fermeture du site plane au-dessus de cette entreprise. Une telle décision entraînerait dans sa chute la fermeture de l’unité d’Arkema Jarrie du fait des interdépendances de ces structures », déplore la CGT. Laquelle a créé un collectif multi sites, au printemps 2024, afin de « se mobiliser pour l’avenir des plateformes chimiques de Pont-de-Claix et de Jarrie ».
Pour Vencorex, 58 millions d’euros de pertes prévisionnelles en 2024
Le syndicat avait en effet déjà tiré la sonnette d’alarme à l’époque, décrivant, dans un tract collectif diffusé en avril, la situation financière « fortement dégradée » de Vencorex, principal opérateur du site pontois. Des restructurations étaient en outre envisagées par l’actionnaire, le groupe d’État thaïlandais PTT GC, et la nouvelle direction par intérim.
« L’ensemble des contrats entre les entreprises présentes sont en cours de révision avec des enjeux majeurs et des conséquences possibles sur l’emploi (y compris au niveau de la sous-traitance) », écrivaient également les syndicalistes des deux plateformes chimiques. Trois mois et demi après, les nuages ne se sont pas dissipés.
« On est toujours dans une situation où Vencorex perd énormément d’argent », constate ainsi Adrien Poirieux, référent départemental de la FNIC CGT, qui évoque 58 millions d’euros de pertes prévisionnelles sur la totalité de l’année 2024. Petite « éclaircie » néanmoins, celles-ci seraient « moins pires que prévu », ajoute-t-il, avec une estimation ramenée finalement de 70 à 58 millions d’euros.
C’est ce que la CGT appelle un « effet domino ». Des « réactions en chaîne » illustrées par la récente déclaration d’Arkema : « Si Vencorex ferme, on n’hésitera pas à fermer. »
Malgré tout, une « inquiétude profonde » reste palpable chez les salariés. « On voudrait des réponses claires de Vencorex et de l’actionnaire », martèle Adrien Poirieux, qui redoute notamment la réaction du groupe thaïlandais. Actuellement, PTT GC réalise en effet un bilan comptable « toutes les 13 semaines » et avance de la trésorerie à chaque fois. Mais « s’il décide de dire “stop, on a mis assez d’argent”, que se passe-t-il ? », s’interroge le syndicaliste.
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