CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 83 du lundi 13 mai 2024, retour sur les incendies volontaires sur l’agglomération grenobloise.
« Aujourd’hui, nous allons parler de la salle du conseil municipal de Grenoble… et d’incendies. Cela semble un peu surréaliste à dire, mais pour la première fois depuis quatre ans, le conseil municipal de Grenoble de ce lundi va se dérouler… au sein de l’Hôtel de Ville de Grenoble. Fin 2019 en effet, la salle du conseil municipal était dévastée par un incendie, que l’on avait pensé un temps accidentel, et qui s’était révélé d’origine criminelle. Un mois après les faits, des militants proches de la mouvance anarchiste revendiquaient être à l’origine du sinistre, au nom du « rejet de la démocratie et du citoyennisme ».
Et cet incendie n’était pas le premier sur l’agglomération grenobloise, loin de là. À partir de 2017, les incendies criminels se sont enchaînés, toujours revendiqués par ces mêmes militants que l’on a du mal en réalité à qualifier, entre les termes anarchistes, libertaires, ou ultra-gauche. Le mode opératoire est souvent le même : un incendie sur un lieu symbolique, revendiqué quelques jours ou semaines plus tard sur une plateforme participative militante en ligne.
Des incendies à répétition
C’est ainsi que des véhicules au sein des casernes de gendarmerie de Grenoble puis de Meylan ont été prises pour cible, respectivement en septembre et octobre 2017. Un mois plus tard, les actions des militants prenaient une autre dimension avec l’incendie criminel de la Casemate. Le premier étage de ce lieu grenoblois dédié à la culture scientifique sera entièrement détruit par les flammes, et ne pourra rouvrir ses portes qu’en septembre 2021.
Un an plus tard, en octobre 2018, c’est l’entreprise Eiffage sur Saint-Martin-d’Hères qui voient plusieurs de ses véhicules incendiés, accusée par voie de communiqué de participer au système carcéral et pénitentiaire. En janvier 2019, l’incendie de l’église Saint-Jacques de Grenoble, que l’on a cru un temps accidentel, est à son tour revendiqué par la même mouvance. Et le même mois, les journalistes de Grenoble s’en souviennent tous, ce sont les locaux de France Bleu Isère qui étaient ravagés par les flammes. La liste n’est pas exhaustive.
À chaque fois, les revendications avaient un air de déjà-vu. Et pour parler franchement, la lecture de ces textes de revendication relevait souvent de la gageure. Le style était lourd, la logorrhée idéologique aussi dogmatique que pénible, et le tout donnait l’image de personnes qui adorent s’écouter parler. Un travers, il est vrai, partagé par beaucoup.
La fin de la série ?
Les militants ont toutefois tenté de faire dans l’originalité par moments. Ainsi, l’incendie de la gendarmerie de Meylan était revendiqué par « des meufs », au nom de la lutte contre le sexisme et les assignations de genre. Sans qu’il soit possible de savoir si, vraiment, des « meufs » sont derrière l’action. Nous pourrions également citer l’incendie de véhicules EDF en juin 2019, avec un texte de revendication volontairement mal écrit, mélangeant haine de la technologie et vengeance familiale, sans apparaître spécialement crédible.
Si la longue série des incendies volontaires à tendance anarchiste semble s’être calmée depuis trois ans, son souvenir plane encore sur l’agglomération grenobloise, et rien ne dit qu’elle ne reprendra pas, puisque personne pour l’heure n’a jamais été appréhendé. Sans préjuger de l’avenir, réjouissons-nous au moins que ces actions n’aient jamais fait de victimes. Et souhaitons à la Ville de Grenoble une bonne inauguration de ses locaux… flambants neufs. »
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Une réflexion sur « Chronique Place Gre’net – RCF : Les incendies volontaires sur l’agglomération grenobloise »
Eric Piolle : « Les anarchistes disent du mal de moi, mais pas moi, car je considère qu’on est de la même famille politique. Et on ne dit pas de mal de sa famille ».
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/du-burkini-au-mois-decolonial-grenoble-laboratoire-des-radicalites_2174284.html