EN BREF – Le tribunal correctionnel de Lyon a prononcé, lundi 3 juin 2024, une relaxe générale dans l’affaire de la caution de 500 000 euros payée en liquide, en 2016, pour la libération du trafiquant de stupéfiants grenoblois Mehdi Boulenouane. Outre l’ex-caïd de Mistral, tué par balle le 16 mai, 32 autres prévenus, soupçonnés d’avoir pris part au paiement – en billets de 500 euros – de cette somme, avaient été jugés du 3 au 10 avril. Mais la justice a estimé que ce versement ne relevait pas du blanchiment.
Mehdi Boulenouane aura donc été relaxé à titre posthume. Après avoir comparu du 3 au 10 avril 2024 devant le tribunal correctionnel de Lyon, aux côtés de 32 co-prévenus, l’ancien boss du trafic de stupéfiants dans le quartier Mistral a en effet été exécuté d’au moins deux balles, le 16 mai, en Seine-Saint-Denis. Soit deux semaines avant le rendu du délibéré et la relaxe générale prononcée lundi 3 juin dans le dossier du paiement de la caution de 500 000 euros en liquide.
L’affaire avait fait grand bruit à l’époque. Alors en détention provisoire, Mehdi Boulenouane se trouvait en attente de jugement pour des faits de trafic de drogue et d’armes et de blanchiment d’argent. Mais le 6 juin 2016, 29 personnes avaient défilé à la régie du tribunal judiciaire de Lyon pour payer, intégralement en espèces et en billets de 500 euros, la caution de 500 000 euros fixée par la justice.
Des peines de six mois avec sursis à trois ans ferme requises
Huit ans et quelques rebondissements plus tard, ce sont 33 prévenus qui devaient répondre devant le tribunal correctionnel de Lyon de “blanchiment du produit d’un trafic de stupéfiants” et “d’association de malfaiteurs”. Parmi eux, Mehdi Boulenouane donc, mais aussi quatre organisateurs présumés du paiement, ainsi que 28 des 29 donateurs – l’un d’entre eux ayant pu justifier la provenance de son don par un gain au casino.
Au cœur des débats, une question : ce versement est-il assimilable à du blanchiment ? Répondant par l’affirmative, le représentant du ministère public a requis à l’encontre des prévenus des peines allant de six mois de prison avec sursis à trois ans de prison ferme. Mais dans sa décision rendue lundi 3 juin, le tribunal n’a finalement pas suivi les conclusion et réquisitions du procureur.
La caution n’a pas été payée pour blanchir de l’argent, selon le tribunal
Certes, les 500 000 euros en liquide provenaient essentiellement, pour la juridiction, « de l’activité délictueuse de Mehdi Boulenouane, les autres personnes n’ayant pas les ressources suffisantes pour pouvoir déposer cet argent », rapporte Le Dauphiné libéré. Mais le tribunal a aussi estimé que la démarche ne caractérisait pas le blanchiment.
Justifiant son jugement, la présidente a détaillé différents points contredisant les arguments de l’accusation. Elle a également évoqué les motivations de l’ensemble des prévenus, lesquelles étaient bien, selon elle, de « libérer Mehdi Boulenouane en exécution d’une décision de justice. Ça n’avait pas pour objectif de blanchir de l’argent », a‑t-elle affirmé, d’après le quotidien régional.
Medhi Boulenouane craignait d’être pris pour cible
L’ex-caïd de Mistral avait, lui, comparu libre à l’audience, ayant bénéficié fin mars d’un aménagement de peine sous bracelet électronique. Libéré provisoirement après le paiement de la caution, en juin 2016, il avait ensuite vu la décision infirmée par la cour d’appel de Lyon. En cavale, le trafiquant, visé par un mandat d’arrêt, avait été interpellé en août 2016, puis condamné à dix ans de prison.
À la barre du tribunal correctionnel, en avril 2024, quelques jours après sa sortie de détention, Mehdi Boulenouane avait exprimé publiquement sa peur d’être victime d’un règlement de comptes, plusieurs de ses proches ayant été abattus au cours des dernières années dans la région grenobloise. Une crainte qui s’est donc avérée justifiée…
[Photo de Une © Eric Messel – Creative Commons]