Une mise en scène des dealers de Mistral relance le débat sur les trafics et la sécurité à Grenoble

Une mise en scène des dea­lers de Mistral relance le débat sur les tra­fics et la sécu­rité à Grenoble

Une mise en scène des dea­lers de Mistral relance le débat sur les tra­fics et la sécu­rité à Grenoble

FOCUS — Une vidéo met­tant en scène des dea­lers du quar­tier Mistral équi­pés d’armes de guerre relance le débat sur la sécu­rité et le tra­fic de stu­pé­fiants à Grenoble. Si les oppo­sants Émilie Chalas et Alain Carignon pour­fendent la poli­tique de la muni­ci­pa­lité, l’ad­jointe à la Tranquillité publique Maud Tavel condamne les images et appelle à la « coordination ».

Envie d’a­che­ter votre haschich ou votre cocaïne entouré(e) de gros bras armés et cagou­lés ? C’est la (curieuse) pro­po­si­tion des dea­lers du quar­tier Mistral à Grenoble, via une mise en scène qui fait le tour des réseaux sociaux en cette fin de mois d’août. Visages mas­qués avec, pour cer­tains, des t‑shirts aux cou­leurs du quar­tier, les reven­deurs montent la garde armes de guerre à la main, tan­dis qu’un client vient au gui­chet cher­cher sa marchandise.

Une autre vidéo où les dea­lers exposent leurs mar­chan­dises face caméra a tout autant fait sen­sa­tion sur Internet. Et sou­levé une cer­taine incom­pré­hen­sion du côté de la jus­tice. Cité par le Dauphiné libéré, le pro­cu­reur de la République de Grenoble s’in­ter­roge ainsi « sur l’in­té­rêt de la dif­fu­sion de ces vidéos ». Pas très effi­caces au niveau publi­ci­taire, ni dis­sua­sives pour les forces de l’ordre.

Éric Vaillant semble pen­cher au final pour un mes­sage envoyé à des orga­ni­sa­tions rivales. Sur fond de règle­ments de comptes à répé­ti­tion dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise. Des meurtres ou ten­ta­tives de meurtre par armes à feu, accom­pa­gnés par­fois de véri­tables guet-apens, qui laissent pen­ser que le tra­fic de stu­pé­fiants du ter­ri­toire gre­no­blois fait l’ob­jet d’im­por­tantes luttes de pou­voir clandestines.

Indignation de l’op­po­si­tion municipale

Sans sur­prise, les vidéos sus­citent l’in­di­gna­tion de la part de l’op­po­si­tion muni­ci­pale gre­no­bloise. À com­men­cer par celle d’Émilie Chalas. Dans un com­mu­ni­qué, la conseillère muni­ci­pale (et dépu­tée LREM) fait part de sa « vive émo­tion » face aux images. « Elles disent qu’à Grenoble il y a des réseaux de tra­fic de stu­pé­fiants ins­tal­lés. […] Elles disent que l’on sait où ça se passe. Elles disent que ces réseaux ne sont pas inquié­tés », ana­lyse-t-elle.

Émilie Chalas exprime une « vive émotion » face aux vidéos © Corentin Bemol - Place Gre'net

Émilie Chalas exprime une « vive émo­tion » face aux vidéos © Corentin Bemol – Place Gre’net

Et d’at­ta­quer sans ambages le maire de Grenoble, très actif ce mois d’août dans les ras­sem­ble­ments poli­tiques esti­vaux. « Le maire de Grenoble effec­tue un tour de France des uni­ver­si­tés d’été et pré­fère s’intéresser à la cam­pagne pré­si­den­tielle », iro­nise la conseillère muni­ci­pale d’opposition. Pour qui Éric Piolle devrait s’ex­pri­mer sur « les vio­lences à Grenoble », avant de com­mu­ni­quer « sur toute sorte de sujet natio­nal et même inter­na­tio­nal ».

Alain Carignon ne dit pas autre chose. « Pendant qu’Éric Piolle fait sa pro­mo­tion per­son­nelle de caméra en caméra, Grenoble est en proie à une délin­quance endé­mique et à une ghet­toï­sa­tion accé­lé­rée et les Grenoblois aban­don­nés à leur triste sort », écrit le meilleur ennemi du maire de Grenoble. Tout en moquant « la réac­tion léni­fiante de la muni­ci­pa­lité qui condamne “les images” […] mais refuse tou­jours de s’attaquer à la source de cette délin­quance ».

Une « mise en scène pas accep­table » pour la Ville de Grenoble

« Réaction léni­fiante » ? La Ville de Grenoble n’a émis aucune posi­tion offi­cielle sur les fameuses vidéos. Notre demande concer­nant une pos­sible réac­tion est par ailleurs res­tée lettre morte. En revanche, l’ad­jointe à la Tranquillité publique a pris la parole dans Le Dauphiné libéré. « Cette mise en scène n’est pas accep­table et nous nous réjouis­sons que la jus­tice et la police s’en soient sai­sies très rapi­de­ment », a déclaré Maud Tavel à nos confrères.

Maud Tavel, adjointe à la Tranquillité publique de la Ville de Grenoble © Corentin Bemol - Place Gre'net

Maud Tavel, adjointe à la Tranquillité publique de la Ville de Grenoble © Corentin Bemol – Place Gre’net

Au-delà de l’é­ta­lage des armes et des pro­duits stu­pé­fiants, l’ad­jointe semble avant tout inquiète pour l’i­mage du quar­tier. Et émet « une pen­sée […] à tous ces acteurs qui se mobi­lisent pour essayer de trans­for­mer Mistral au quo­ti­dien. […] Or, ces vidéos viennent mettre à mal tous ces enga­ge­ments », dénonce encore l’é­lue. Quant aux cri­tiques adres­sées à la muni­ci­pa­lité et au maire de Grenoble sur les ques­tions de sécu­rité, Maud Tavel estime que « l’heure n’est pas à la divi­sion ». Et en appelle à la « coor­di­na­tion ».

Alain Carignon comme Émilie Chalas réclament, pour leur part, des poli­tiques plus offen­sives. Armement de la police muni­ci­pale et vidéo­sur­veillance sont au menu des deux com­mu­ni­qués. Avec en prime, côté Carignon, une atten­tion por­tée aux loge­ments sociaux : « Pourquoi le maire […], pré­sident d’Actis, n’intervient jamais quand les délin­quants qui menacent sont nom­mé­ment dési­gnés comme habi­tant dans des appar­te­ments qu’il leur a attri­bué ? »

Une approche dif­fé­rente de la muni­ci­pa­lité grenobloise

« S’il y a bien un sujet qui a inter­pellé les Grenoblois durant la cam­pagne des élec­tions muni­ci­pales, c’est celui de la sécu­rité », consi­dère Émilie Chalas. Pour qui les récents évé­ne­ments confirment cette ten­dance. L’analyse est-elle la même du côté de la majo­rité ? Face aux ques­tions de sécu­rité, le maire de Grenoble a fré­quem­ment rap­pelé l’État à ses pré­ro­ga­tives. Et demandé une hausse des effec­tifs poli­ciers dans la capi­tale des Alpes.

Pour Éric Piolle, légaliser le cannabis (ici du haschich, résine de cannabis) permettrait de lutter contre les trafics. DR

Pour Éric Piolle, léga­li­ser le can­na­bis (ici du haschich, résine de can­na­bis) per­met­trait de lut­ter contre les tra­fics et les dea­lers. DR

Reste une approche sen­si­ble­ment dif­fé­rente. Quand deux per­sonnes sont tuées dans une fusillade devant une école du quar­tier Teisseire en 2016, Éric Piolle en appelle… à un débat sur la léga­li­sa­tion du can­na­bis. Une solu­tion, juge-t-il, pour lut­ter contre les tra­fics. En octobre 2019, Suzanne Dathe, conseillère métro­po­li­taine et muni­ci­pale, expli­quait pour sa part se sou­cier des condi­tions de tra­vail des dea­lers, « qua­si­ment des esclaves ».

Aujourd’hui encore, des membres de la majo­rité muni­ci­pale sont « fati­gués » de voir une Grenoble décrite comme un coupe-gorge. Lorsque Stéphane Gemmani réitère sa demande d’États géné­raux de la sécu­rité, l’ad­joint aux Finances de Grenoble Hakim Sabri s’a­gace sur Facebook : « Venir par­ler d’in­sé­cu­rité ou dire que n’im­porte quel Grenoblois peut-être abattu par balles au coin d’une rue, c’est créer de la polé­mique et salir et ter­nir l’i­mage de notre ville ».

Florent Mathieu

Florent Mathieu

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

M’Hamed Benharouga, Nathalie Levrat, Michel Vendra et Antoine Aufragne (Just). © Florent Mathieu - Place Gre'net
La Ville de Sassenage s’al­lie à Just pour mettre en place une mutuelle communale

FOCUS - La Ville de Sassenage a signé une convention avec la mutuelle Just pour la mise en place d'une mutuelle communale, afin de permettre Lire plus

Le PCF André Chassaigne et le RN Jordan Bardella s'invitent à la Foire de printemps de Beaucroissant 2024
Beaucroissant : le PCF André Chassaigne et le RN Jordan Bardella s’in­vitent à la Foire de prin­temps 2024

FLASH INFO - La Foire de printemps de Beaucroissant est de retour pour sa 53e édition, les samedi 20 et dimanche 21 avril 2024. Version Lire plus

Grenoble en sixième position des villes "où il fait bon vivre avec son chien", selon 30 millions d'amis
Grenoble, sixième ville « où il fait bon vivre avec son chien », selon 30 mil­lions d’amis

FLASH INFO - La Ville de Grenoble arrive 6e parmi les villes de plus de 100 000 habitants "où il fait bon vivre avec son chien". Créé Lire plus

Le groupe Société civile d'Alain Carignon édite un livret pour fustiger les 10 ans de mandat d'Éric Piolle
Le groupe Société civile d’Alain Carignon édite un livret sur les 10 ans de man­dat d’Éric Piolle

FOCUS - Le groupe d'opposition de Grenoble Société civile a édité un document d'une douzaine de pages dressant le bilan des dix ans de mandat Lire plus

La Métropole alerte sur les risques du protoxyde d'azote, de plus en plus populaire chez les jeunes
La Métropole alerte sur les risques du pro­toxyde d’a­zote, de plus en plus popu­laire chez les jeunes

FLASH INFO - Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble, et Pierre Bejjaji, conseiller métropolitain délégué à la Prévention spécialisée, se sont rendus au Lire plus

Le Smmag inaugure le lancement du service M Vélo + sur le Pays Voironnais avec une première agence à Voiron
Le Smmag lance le ser­vice M Vélo + sur le Pays voi­ron­nais avec une pre­mière agence à Voiron

FLASH INFO - Une cérémonie en grandes pompes a été organisée à Voiron pour inaugurer le déploiement du service M Vélo + sur le Pays Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !